25 avril 2010

Auragne : conférence de presse du 24 avril

Comme on dit dans le jargon, Auragne crée le buzz. Autrement dit l'événement, mieux même la polémique sur une épineuse question qui nourrit la chronique : le respect de la laïcité au sein de la République. Auragne et ses 400 habitants vont passer demain de la quiétude quotidienne du petit village silencieux des coteaux du Sud-Est toulousain à l'autel de la critique publique où Marc Blondel, l'ancien président du syndicat Force Ouvrière, et aujourd'hui président de la Fédération Nationale de la Libre Pensée, tiendra la vedette en sonnant les cloches à la messe publique qui avait engendré une «malsainte» discorde en octobre dernier. «Je ne m'attendais pas à ce que l'on en arrive là», s'étonnait le maire René Pacher, qui avait permis la célébration de ce culte religieux catholique sur la place publique. «Vraiment, je ne pensais pas que cet office entraîne toute cette polémique» renchérissait-il, confessant qu'il ne voyait pas de mal à la tenue de cette messe.

«le prêtre m'avait traité d'intolérant »
Seulement, le premier édile ne soupçonnait pas la détermination de l'un de ces concitoyens, Patrick Jubert, qui s'était offusqué qu'une telle cérémonie bafouait, par la bénédiction du maire, la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État. Un Auragnais qui n'oubliait pas ce dimanche pas très catholique envers sa propre personne : «Quand j'avais vu devant chez moi la mise en place d'un autel, je suis d'abord allé voir le prêtre pour demander des explications. Je m'étais fait repousser, et en plus le prêtre m'avait traité d'intolérant. J'avais ensuite contacté un élu pour savoir s'il y avait eu un débat en conseil municipal pour autoriser cette messe. Il m'avait répondu que non. Donc à sa guise, le maire avait dit oui. J'avais ensuite demandé de parler au maire dans un lieu neutre, à savoir la mairie. Il m'avait juste répondu que je voulais nuire à la cérémonie. Aurait-il autorisé la célébration en plein air d'un autre culte : musulman, bouddhiste, hébraïque ou des témoins de Jéhovah ? Je ne pense pas» racontait, remonté comme la pendule de l'église, Patrick Jubert. «Et pourquoi pas une prochaine fois, une audience du tribunal de l'inquisition ou une nuit de la Saint-Barthélémy ?»
Une attitude de rébellion que n'acceptait pas une certaine force de l'ordre présente lors de la cérémonie : «Des gros bras étaient venus chez moi me menacer en me disant : c'est à cause d'un gars comme toi qu'ils sont chez nous en France, en parlant des Arabes.» L'ire de Patrick Jubert n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd-muet avec la Libre Pensée. Et en pèlerin de la laïcité, Marc Blondel animera donc demain à 10 heures sur la place publique d'Auragne une conférence laïque pour ne pas dire amen à de telles manifestations religieuses hors de leur lieu traditionnel.

publié par la Dépêche du Midi (23 avril 2010)
photos LP 31 (conférence du 24 avril)