25 novembre 2011

Les conférences de la Libre Pensée

Vendredi 2 décembre 2011
CONFERENCE
19h30
Salle Castelbou
2, rue Léonce Castelbou
Métro : Compans-Caffarelli

La Revanche du parti clérical
avec Michel Godicheau et Michel Eliard


Auteurs, avec Pierre Roy, de « La Revanche du Parti noir  - La lente mise à mort de l’école publique »
préfacé par Henri Pena-Ruiz (éd. Abeille et Castor)


Pourquoi la République française a-t-elle jugé utile de salarier des maîtres pour instruire la presque totalité des enfants, se substituant ainsi aux Eglises ? Cette même République pourrait-elle cesser de le faire ? Les gouvernements qui se succèdent depuis un demi-siècle n’ont-ils pas commencé à se désengager ? Est-ce la revanche définitive du « parti noir » dénoncé par Victor Hugo en 1850 ?  Ce livre veut être utile, il a un objectif : transmettre l’arme de la critique à ceux qui, étudiants, jeunes enseignants, partisans de toujours de la liberté absolue de conscience veulent, par métier ou par conviction, refaire de l’école publique un lieu d’instruction.

Michel GODICHEAU est agrégé d’économie et  gestion. Juriste, il est animateur de la Commission droit et laïcité de la Libre pensée. A publié : Autre chose que des motherfuckers (Défendre l’école pour combattre la barbarie).
Michel ELIARD, professeur émérite à l’université de Toulouse- le Mirail, sociologue. Publications : Naville, la passion de la connaissance ; La fin de l’Ecole ; Corporatisme contre démocratie politique.

20 novembre 2011

Le retour des Croisés de l'Ordre moral


La Libre Pensée, dont les communiqués ne passent malheureusement pas (parce qu'eux seuls dénoncent "l'hypocrisie de l'Eglise" dans ces affaires ?...), était présente ce 19 novembre devant le Théâtre Garonne avec la LDH et les militants laïques attachés à la liberté de conscience comme à la libre expression dans le domaine de l'art. Faut-il le rappeler ? le délit de blasphème a été supprimé en 1791 !

Article de la Dépêche du Midi - 20/11/11 :

Environ 700 ultra-catholiques et 500 militants de la laïcité ont manifesté, hier, en fin de journée, dans les rues de Toulouse contre et pour la pièce de théâtre «Golgota picnic».

Un cortège d'un autre temps s'est ébranlé, hier, en fin d'après-midi, depuis les quais de la Daurade à Toulouse. 700 militants ultracatholiques venus de la région mais aussi de Bordeaux, Montpellier et même de Paris et Lille, avaient répondu à l'appel de l'association Civitas de manifester contre la « christianophobie ».

« Nous marquons notre réprobation au contenu blasphématoire, antichrétien, odieux et quasi pornographique de « Golgota picnic », justifiait Alain Escada, secrétaire général de Civitas. On se moque de la crucifixion, Jésus est appelé messie du sida ou putain du diable. Les catholiques en ont assez, ils sont exaspérés. »

Sous des drapeaux bleu-blanc-rouge et des bannières aux couleurs de la croix du Sacré-Cœur, ils ont parcouru le pont Neuf jusqu'à la place Saint-Cyprien. Ils ont scandé des slogans tels que « Christianophobie ça suffit », « France catholique oui, oui, oui ; République laïque, non, non, non », ils suivaient l'un des leurs portant la croix symbole du dernier parcours du Christ.

De bout en bout, sous les yeux de badauds médusés, et parfois hostiles, ils ont distribué des tracts contre la pièce de théâtre. Arrivés sur la place Saint-Cyprien, ils ont écouté l'un de leur porte-parole qui s'est lancé dans un véhément chapelet de reproches à l'encontre notamment de la presse. Puis, à genoux, les fidèles ont longuement prié, cierges à la main.

Face à eux, les forces de gauche avaient appelé à une contre-manifestation devant le théâtre Garonne. « Nous voulons marquer notre mobilisation pour la liberté d'expression et de création. Il n'y a pas de délit de blasphème dans notre pays », expliquait Jean-François Mignard de la Ligue des Droits de l'Homme.

Volontairement non violente, la manif contre « la frange intégriste des catholiques acoquinés à l'extrême-droite » a rassemblé environ 500 personnes arborant les couleurs de la FSU, du parti occitan, du NPA, du Front de gauche, de la CGT et du parti socialiste. Quelques élus comme Martine Martinel, députée, Marie-Christine Lafforgue ou Pierre Lacaze avaient ceint leurs écharpes tricolores.

Quelques militants ont finalement rejoint la place Saint-Cyprien où ils ont fait face, derrière des cordons de CRS, aux ultras cathos. Aux prières, ils ont répondu par des slogans : « Néron, reviens, y'a encore des chrétiens ». Après la manifestation, quelques coups ont été échangés et le métro a dû être interrompu quelques minutes.

29 octobre 2011

vendredi 11 novembre à Toulouse

Liberté de conscience contre délit de blasphème

La Fédération de Paris de la Libre Pensée dénonce et condamne les actions de l’Institut chrétien CIVITAS visant à empêcher la représentation de la pièce “Sur le concept du visage du fils de Dieu“, du metteur en scène italien Romeo Castelluci, au Théâtre de la Ville à Paris.
Le délit de blasphème a été aboli en France en 1791 et la République garantit la liberté de conscience à tous ses citoyens grâce à la loi de 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat.
La liberté d’expression ne peut souffrir aucune limitation. La limitation à la liberté d’expression s’appelle la censure.
La Fédération de Paris de la Libre Pensée constate, sans surprise, la duplicité de la hiérarchie catholique sur les événements au Théâtre de la Ville qui ”condamne les violences perpétrées” mais demande “une liberté respectueuse du sacré”.
La Libre Pensée ne compte pas sur les Eglises pour défendre la liberté contre l’obscurantisme et le dogmatisme, ce qui reviendrait à leur demander de s’autodétruire !
La Libre Pensée appelle en revanche tous les laïques authentiques à se regrouper et à s’organiser pour faire barrage aux tentatives de tous les cultes de réinvestir la sphère publique et ce, avec la complicité de la plupart des élus, quelle que soit leur appartenance politique.
Quand des élus versent des subventions importantes à des cultes sous prétexte qu’ils s’occupent de services publics (crèches, par exemple), il ne faut pas s’étonner que les mêmes cultes estiment avoir leur mot à dire dans tous les aspects de la sphère publique, création artistique comprise.
La Fédération de Paris invite tous les laïques authentiques à participer à la réunion publique qu’elle organise le 9 décembre prochain sur le thème : « Fonds publics versés à des organismes religieux à Paris : les faits. La séparation des Eglises et de l’Etat toujours bafouée à Paris » (18h30, Bourse du Travail, rue du Château d’eau, salle Jean-Jaurès).
Paris, le 26 octobre 2011


Entretien avec Romeo Castellucci - Le Monde

Romeo Castellucci

Depuis jeudi 20 octobre, à l'appel de l'association fondamentaliste chrétienne Civitas, des extrémistes perturbent violemment les représentations, au Théâtre de la Ville, à Paris, de la pièce de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, qu'ils jugent "christianophobe". Ces manoeuvres d'intimidation visent un des créateurs les plus importants d'aujourd'hui. L'Italien Romeo Castellucci, 51 ans, pratique un théâtre qui dérange, trouble et divise - y compris à l'intérieur de soi-même -, à l'image de ce spectacle. Sous un immense portrait du Christ peint par Antonello da Messina au XVe siècle, Sul concetto di volto nel figlio di Dio met en scène un vieil homme incontinent et son fils et mêle, avec une époustouflante beauté plastique, l'amour et la perte, le trivial et le sacré, en une polysémie qui laisse cours aux interprétations.

Comment réagissez-vous aux perturbations et aux menaces qui visent votre spectacle ?
J'ai l'impression d'un malentendu épouvantable. Sur le concept du visage du fils de Dieu n'a rien de blasphématoire ni de christianophobe. Mais ces activistes ne peuvent pas le savoir, car ils ne l'ont pas vu. On peut même voir le spectacle comme un chant d'amour pour le Christ, ce qui est le cas de certains spectateurs.

Vous placez sous le regard du Christ une situation triviale et éprouvante, qui voit un vieillard incontinent se répandre à plusieurs reprises...
Il est bien évident qu'il s'agit d'une métaphore. Je mets en place une stratégie spirituelle, un piège, qui consiste à commencer par une scène hyperréaliste pour arriver à la métaphysique. Il faut passer par cette matière, par cette porte étroite, pour aller vers une autre dimension. C'est une matière théologique : même la merde a été créée par Dieu, il faut l'accepter sinon on reste dans une dimension unidimensionnelle de Dieu. A partir de cette situation hyperréaliste, le spectacle devient peu à peu une métaphore de la perte de substance, de la perte de soi, qui est à mettre en parallèle avec la condition du Christ, qui a accepté de se vider de sa substance divine pour intégrer la condition humaine jusqu'au bout - y compris la merde...

Vous semblez mettre en scène une interrogation, avec cette phrase extraite du psaume 22 de la Bible, "You are my shepherd" ("Tu es mon berger"), qui devient "You are not my shepherd"...
Le doute est le noyau de la foi. Même Jésus a douté, sur la Croix ("Mon Dieu, pourquoi m'as-Tu abandonné ?"). On est loin de la caricature terrible qu'offrent ces extrémistes, qui font montre d'une forme de certitude purement idéologique. Or la foi est à mille lieues de l'idéologie : une chose purement personnelle et intime, fragile, intermittente, qui consiste à croire en l'incroyable - la résurrection, qui va à l'encontre de la réalité.
Qu'est-ce qui vous a fait choisir ce portrait du Christ par Antonello da Messina ?
Ce n'est pas un portrait comme les autres : il regarde dans les yeux chaque spectateur, qui est ainsi regardé dans l'acte de regarder, ce qui provoque une transformation de son état émotionnel et spirituel. Le regard de Jésus est une forme de lumière, capable d'éclairer comme un chant d'amour la trivialité de la situation.

Ce regard du Christ est aussi très ambigu...
Oui, il est indéchiffrable, c'est ce qui fait la force de ce tableau. Selon les moments, on peut y voir de l'indifférence, de l'ironie, voire de la cruauté.

Quelle est votre relation à la religion chrétienne, qui occupe une grande place dans votre travail ?
Dans mes spectacles, que je parle du diable ou de Dieu, c'est toujours pour parler de l'homme. Sur le plan personnel, c'est tellement intime... Un jour je crois, le lendemain non, mais j'ai toujours été fasciné par l'image du Christ, par le mystère de cette beauté, par cet "Ecce homo" qui fait de Jésus un homme. Le visage du fils de Dieu, à travers l'histoire de la peinture, a modelé celui de l'homme. L'invention du visage par la peinture, c'est le Christ.

Vous lisez beaucoup de textes religieux ?
La théologie, c'est une forme de philosophie, c'est toujours la confrontation de l'homme avec Dieu. J'aime énormément la Bible, qui est un livre d'une beauté formelle extraordinaire, le livre qui est à l'origine de tous les livres - on ne peut pas comprendre la littérature américaine si on ne l'a pas lue, par exemple. Je lis aussi beaucoup les textes des premiers âges du christianisme, ceux des Pères du désert. Ce sont des textes qui exigent une interprétation, pour lesquels il n'y a pas de lecture univoque, comme tous les textes religieux, d'ailleurs. Même l'histoire du Christ est ambiguë. C'est une matière qui demande de la sensibilité et de l'intelligence.

Etes-vous mystique ?
Non, pas du tout. J'ai une pensée bien plantée dans le mystère de la réalité, ce qui est l'exact inverse du mysticisme. Et puis tous mes spectacles ne sont pas religieux non plus, ce n'est pas chez moi une forme de spécialisation... Simplement, la religion fait partie de nos existences, elle est liée à des choses qui nous concernent tous : la peur de mourir, d'être abandonné... Toutes ces peurs archaïques que l'on retrouve aussi dans les contes de fées.

Avez-vous joué le spectacle ailleurs qu'en France ?
Oui, en Pologne, en Italie, en Espagne... Nulle part nous n'avons eu à faire face à ces intimidations, à ces tentatives de censure. Le spectacle suscite des discussions passionnantes et passionnées, comme à Avignon, avec les Frères bénédictins, qui y ont vu une forme d'art sacré. On m'accuse plutôt d'être trop chrétien ! Ce qui se passe à Paris est une première, inquiétante pour un pays comme la France.

Votre spectacle est pourtant loin, lui aussi, de donner lieu à une interprétation unique...
Je fais un théâtre du questionnement, de l'inquiétude, qui joue sur l'ambiguïté. Et tout est ambigu dans Sur le concept du visage du fils de Dieu : Jésus, la merde, qui est aussi de la lumière... Ce que je cherche, c'est à fendre en deux la conscience, à ouvrir une blessure pour que les questions puissent entrer profondément en nous. L'art repose entièrement sur cette condition de poser des problèmes, sinon il est purement décoratif. Dans notre monde, nous sommes gavés d'informations, mais quelles sont les informations justes dont nous avons besoin pour continuer à vivre ? Aujourd'hui, la religion a perdu sa capacité de poser des questions, et l'art a pris sa place. Je crois que ces extrémistes sont jaloux de cette spiritualité profonde qui s'est réfugiée dans l'art.
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Sul concetto di volto nel figlio di Dio (Sur le concept du visage du fils de Dieu), par Romeo Castellucci. Théâtre de la Ville, 2, place du Châtelet, Paris 4e. Tél. : 01-42-74-22-77. Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 heures, jusqu'au 30 octobre. Puis au Centquatre du 2 au 6 novembre, et à Rennes du 10 au 12 novembre ; à Munich (Allemagne) les 25 et 26 novembre ; à Villeneuve-d'Ascq les 29 et 30 novembre ; à Anvers (Belgique) du 1er au 4 février 2012, à Breda (Pays-Bas) le 7 février et à Casalettio (Italie) les 17 et 18 février.

Propos recueillis par Fabienne Darge - Article paru dans l'édition du 27.10.11



10 septembre 2011

Samedi 1er octobre, à Utopia Tournefeuille


La Libre Pensée de la Haute-Garonne organise un débat autour du film LA SEPARATION avec Jean-Marc SCHIAPPA, historien et président de l'IRELP (Institut de Recherches et d'Etudes de la Libre Pensée),
 SAMEDI 1er OCTOBRE
9h00 : Accueil, petit-déjeuner
10h00 : Projection
11h15 : Débat   

LA SÉPARATION : 1905, loi de séparation des Églises et de l’État
François Hanss - France 2005 1h22mn - avec Pierre Arditi, Claude Rich, Michael Lonsdale...

Ce film, entre fiction et documentaire, tourné dans l'hémicycle du Palais Bourbon pour le centième anniversaire de la loi de Séparation des Églises et de l'État, reconstitue le débat de 1905 à partir des comptes rendus officiels des séances.

1905 : à la chambre des députés s'ouvre un débat qui est aussi un combat. Les tribuns s'affrontent sur un projet de Séparation des Églises et de l’État qui agite tout le pays. Aristide Briand s'efforce de trouver un compromis acceptable, entre les anticléricaux virulents qui rêvent de déchristianiser la France et le dernier carré des orateurs catholiques. Quelle est la place de la religion dans la société ?
Qui doit financer les édifices du culte ? A travers une discussion pleine de surprises et de rebondissements, s 'élabore une loi fondatrice qui demeure d'une brûlante actualité.
Jean Marc Schiappa a dirigé la réalisation du livre "1905 ! La loi de séparation des Églises et de l'État" (éditions Syllepses)



22 mai 2011

Espace public et laïcité : Journée diocésaine de la Jeunesse organisée dans le Jardin des Plantes de Toulouse !

Toulouse, le 22 mai 2011
(8 Prairial An CCXIX)

M. le Maire de Toulouse
Place du Capitole
31000 Toulouse

Objet : Espace public et laïcité

Monsieur le Maire,

Dans le cadre de la préparation par l'Eglise catholique des Journées Mondiales de la Jeunesse prévues en août à Madrid, le diocèse de Toulouse a organisé ce samedi 21 mai une Journée Diocésaine de la Jeunesse dans le Jardin des Plantes du Grand Rond, dont voici le programme :


15h - Accueil festif, rassemblement des jeunes au Grand Rond ; 16h - Témoignages, répartition des jeunes en 3 pôles par tranches d'âges ; 17h - Ateliers : Danse / Création / Rencontre ; 19h - Pique-nique ; 20h - Départ pour la cathédrale.

Du kiosque à musique, l'animation était assurée à la sono par une paroissienne qui chantait à pleins poumons et faisait reprendre en chœur par les enfants et les adultes présents : "Muerte ! Resucitó !", "Christ est mort pour nous", etc.
Revenant du rassemblement en hommage aux victimes du national-catholicisme franquiste qui venait de s'achever salle de La Fourguette, j'étais présent aux environs de 18h00 dans ce magnifique espace public, lieu de loisir apprécié des Toulousains. Je peux vous assurer que je ne fus pas le seul à être scandalisé de cette occupation du Jardin des Plantes par une manifestation religieuse et à être contraint de le fuir.

Le Jardin des Plantes est un lieu public dédié à la détente du citoyen, quelles que soient ses options spirituelles. Fondé dans la période de la Révolution de 1789, il est par essence un espace s'inscrivant dans la conception de la laïcité qui se développera et donnera le jour à la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat. Le Jardin des Plantes ne peut en aucun cas être un lieu de rassemblement prosélyte.

La Libre Pensée tient à vous faire part de ces faits pour qu'ils ne se renouvellent pas : il existe en effet suffisamment d'endroits - et notamment les églises - à Toulouse ou à proximité, où MM. Le Gall et Gaschignard peuvent organiser leurs festivités sectaires sans importuner les citoyens qui ne partagent pas leurs options.

Je vous prie de croire, Monsieur le Maire, à l'assurance de ma considération distinguée et à mes sentiments laïques et républicains,

06 mars 2011

Rassemblement Calas, jeudi 10 mars 18h30

A bas la calotte !


La nouvelle croisade de Sarkozy commence au Puy comme en l’an 1095 : à bas la calotte !
par Claude-Marie Vadrot (Politis.fr)
Le président de la République vient de partir à la recherche du miracle qui pourrait lui conserver son poste l’année prochaine. Dur, dur, un vrai chemin de croix ! D’abord Le Puy, ensuite au Mont Saint Michel et ensuite à Vézelay puis à Lourdes, Nicolas Sarkozy a entrepris sa dernière croisade contre les Maures. En choisissant pour commencer la ville et la Basilique d’où est partie, en 1095, la première expédition de la chrétienté contre les Arabes prêchée à Clermont par Urbain II. Là où les Auvergnats, déjà vitupéraient les musulmans, tradition reprise par Brice Hortefeux désormais en séjour au purgatoire. Ceux qui penseraient que la ville du Puy n’a pas été choisie par hasard ont gagné un gadget de Compostelle. A nous Clovis, Charles Martel, Duguesclin, Pépin le Bref, Charlemagne, Sainte-Geneviève, Saint Louis et tous les autres : le président part à la chasse aux vieux cathos. Ceux qui défilent hélas impunément en priant et en brandissant leur vieille bimbeloterie dans les rues de Paris à toutes les fêtes votives sans encourir le courroux du Front National et de l’UMP. Comme s’ils n’avaient pas d’églises, comme de vulgaires musulmans !
Le jour même où il accomplissait son premier miracle, la disparition de l’impôt sur la fortune, le président se lance dans une tournée miraculeuse de fond. Deux jours après avoir, tout aussi miraculeusement, ressuscité Alain Juppé et Gérard Longuet récupéré dans une vieille tombe de Moselle. Après être allé toucher les écrouelles en Bretagne, avant d’aller faire marcher les paralytiques dans l’Yonne, de guérir les handicapés à Lourdes ou encore avant de faire canoniser Carla, il part à la conquête de la part la plus rance et la plus réactionnaire de son électorat. Comme une nique à Marine (oui, celle-là, l’innommable) qui évoque la laïcité quand cela l’arrange et quand cela peut servir à stigmatiser des musulmans. Lui ne fait même plus semblant : au moment ou les arabes musulmans nous donnent un sacré exemple qui reste à transformer, Saint Sarkozy part sur les routes pour rassembler les nouveaux croisés du « débat sur l’islam ». Encore quelques mois, et notre croisé va nous dire la messe en latin et terminer ses discours avec de vibrants Ave Maria accompagné à la guitare –on est réac mais moderne quand même- par sainte Carla. Il nous gratifiera sans doute prochainement d’une nouvelle visite au pape accompagné par le jésuite Bigard, visite pendant laquelle il nous expliquera sans doute une nouvelle fois que les curés (ce qu’il en reste) sont beaucoup plus doués pour l’éducation des (surtout jeunes...) enfants que les instituteurs.
Il va falloir, pour que dure le miracle, créer de nouvelles écoles dites libres et interdire la pilule et l’avortement ou rétablir l’éducation religieuse obligatoire comme l’ont fait les élites éclairées de la Pologne. En attendant l’entrée de quelques vrais évêques dans le gouvernement.

Devant le pèlerinage de ce président qui fait semblant de trouver son chemin de Damas avant que la Syrie nous donne une nouvelle leçon de démocratie, je suis atterré par cette honteuse comédie. Et comme mon grand père au début du XX° siécle, je crie à nouveau et bien fort : A bas la calotte !!!!

Photo et illustration : Nicolas Sarkozy au Puy-en-Velay, accompagné du maire de la ville, Laurent Wauquiez, le 3 mars 2011 (Philippe Wojazer/Reuters) ; dessin de Baudry.

23 janvier 2011

Banquet républicain, samedi 29 janvier




INSTRUCTION PUBLIQUE ET ECOLE DE LA REPUBLIQUE
Débat introduit par un
exposé de Michel ELIARD
professeur de sociologie à l'Université Toulouse Le Mirail,
auteur de plusieurs ouvrages sur la question.

Quelle instruction publique pour l'école de la République ?

Une émission de la Libre Pensée sur France Culture (17 mn) pour alimenter (c'est le juste mot !) le débat de notre
Banquet républicain
à Trébons sur la Grasse
(Salle des Fêtes - 11h30 ; réservation possible au 06 20 80 41 87)
samedi 29 janvier :
http://www.franceculture.com/emission-divers-aspects-de-la-pensee-contemporaine-divers-aspects-de-la-pensee-contemporaine-2011-0-0
(cliquer pour accès)

15 janvier 2011

Histoire d'une identification hystérique miraculeuse

Au terme d'une procédure accélérée, Karol Wojtyla mieux connu sous son pseudonyme de Jean Poldeux va donc être béatifié le 1er mai prochain. Cette décision a été officialisée vendredi 14 janvier par un décret papal qui valide un miracle réalisé de son vivant. Post mortem, ça se discute un peu plus, mais ça peut se faire aussi.
Cette béatification interviendra dans des délais records, bien inférieurs aux cinq ans après le décès habituellement respectés avant d'entamer toute procédure. Cette rapidité s'explique par "l'imposante réputation de sainteté dont jouissait le pape Jean-Paul II pendant sa vie, à sa mort et après sa mort", a indiqué le Vatican dans un communiqué. Et non par le besoin de se refaire une santé mise à mal par les affaires de moeurs au sein du clergé ?
Pour avoir sa place sur le calendrier en qualité de saint, on lui trouvera le deuxième miracle nécessaire sans aucun problème. Pour preuve la façon dont on a trouvé le premier, la guérison miraculeuse de Soeur Marie Simon-Pierre, qui exerce aujourd'hui son métier d'infirmière dans une institution privée parisienne. 
C'est en 2002 qu'un neurologue aurait diagnostiqué chez cette religieuse de 41 ans, ce qui n'est guère courant,  la maladie de Parkinson.
Dossier médical et neurologue sont bien évidemment entourés d'un mystère aussi épais que celui de l'Immaculée Conception. Elément marquant, son état de santé se détériore particulièrement à la mort de Jean Poldeux, lui aussi parkinsonien, en avril 2005. La guérison miraculeuse a lieu quelques mois plus tard, dans la nuit du 2 au 3 juin. Que s'est-il passé dans cet intervalle ? Le quotidien Le Monde dont on connaît le sérieux légendaire (c'est le cas de le dire) racontait à l'époque, sous la plume bienveillante de Henri Tincq, son spécialiste - catholique - des religions :
La supérieure de sœur Marie Simon-Pierre lui demanda, le soir du 2 juin 2005, d'écrire sur un papier "Jean-Paul II" afin d'apaiser ses souffrances. La sœur s'exécute : "J'ai écrit en le suppliant, mais c'était illisible", son corps étant parcouru de spasmes dus à la maladie.
Le soir même, poursuit Henri Tincq, elle entend une voix non identifiée qui lui demande de reprendre son stylo. Et là, miracle, son écriture redevient lisible. A 4 heures du matin, elle se lève d'un bond et fonce à la chapelle : 'Mon corps n'était plus le même. Mon bras s'est remis à marcher. Ma main gauche ne tremblait plus. Mon stylo courait sur le papier.'"
Sœur Marie Simon-Pierre affirme avoir été "guérie par l'intercession de Jean Paul II".
On notera avec intérêt que l'apparition, le développement et la rémission des symptômes parkinsoniens suivent le même cours chez la religieuse que chez le grand pontife. A une différence près : soeur Marie ne meurt pas (pas folle la guêpe), elle est miraculée, ce qui est plus confortable. On imagine tout le bénéfice de sollicitude que cela entraînait pour elle : " Oh ! Comme notre Saint Père !...", puis " Oh ! Grâce à notre Saint Père !..." etc., etc. 
On est en pleine identification hystérique. Comme quoi miracle et hystérie font aussi bon ménage que Dieu et le pape.
On ajoutera enfin que si rien ne permet d'identifier formellement la maladie de Parkinson (dégénérescence des neurones à dopamine - molécule permettant à certaines structures cérébrales impliquées dans les mouvements de fonctionner de façon concertée - détection des premiers symptômes quand il ne reste que 40 % des neurones initiaux...), par contre tout évoque le syndrome de Parkinson psychogène qui présente des symptômes similaires, mais sans dégénérescence des neurones. Et dont l'origine est entièrement psychique...