24 février 2007

Holy wins (la sainteté gagne)


l'heure de la ré-évangélisation
est venue !
En octobre 2004, le journal "La Libre Belgique" publiait un article éloquent :
"Paris, nouvelle terre de mission de l'Eglise.
Jusqu'à la fin du week-end, la capitale française vit sous le signe de la Croix : la sainteté contre Halloween.Une ré-évangélisation qui se répètera à Bruxelles en 2006.
Le hasard fait bien les choses. En programmant le deuxième «Congrès international pour une nouvelle évangélisation» à la veille de la Toussaint, le diocèse de Paris fait coup double. Non seulement les églises mais aussi toutes les principales places et artères de la capitale française proches de lieux du culte feront le plein avec quelque 500 (!) manifestations différentes peu ou prou liées à l'Eglise, mais les catholiques ne cachent pas leur plaisir de faire la nique à Halloween et ses racines païennes. C'est tellement vrai que le sous-titre du congrès est «Holy Wins» («La sainteté gagne»)...
L'assertion est certes péremptoire et un tantinet triomphaliste mais cela ne signifie nullement que les catholiques crient victoire. C'est que pour l'heure, la sainteté aurait plutôt tendance à stagner. Certainement pour «la fille aînée de l'Eglise»: en France, le lundi de la Pentecôte est passé à la trappe et on a, surtout, promulgué une loi interdisant les signes religieux ostensibles. Voici quelque temps déjà, c'était en 2002, bien avant ces avancées dans la laïcisation de la société, un quatuor de cardinaux influents (ceux de Vienne, Paris, Lisbonne et Malines-Bruxelles), rejoints depuis lors par celui de Budapest, ont estimé que l'heure de la ré-évangélisation était venue.
Leur diagnostic? «Il y a un regain dans la quête de spiritualité et de religiosité dans les grandes villes européennes mais en même temps, nous percevons un recul de l'influence chrétienne sur la culture du continent. L'Eglise ne peut esquiver ce défi: il nous incombe de transmettre le message de Jésus-Christ de manière plus actuelle et plus adaptée à notre époque.»
Avec comme coeur de cible les jeunes mais aussi les pauvres et les marginalisés de la société.
Etre missionnaires en ville: tel était donc le pari. Il a déjà été relevé l'an dernier à Vienne et l'est jusqu'à lundi à Paris. L'an prochain, ce sera le tour de Lisbonne et en 2006, le Congrès fera escale à Bruxelles avant que l'on ne boucle la boucle dans la capitale hongroise en 2007.
L'Emmanuel coordonne...
Concrètement, pendant près d'une semaine, des participants venus du monde entier se retrouvent dans la capitale d'accueil pour des conférences, des discussions et des temps de réflexion. Mais l'objectif est d'aller bien au-delà et d'accompagner ce giga-happening catho d'élans plus missionnaires.
Pour ce faire, un appel a été lancé à l'ensemble des paroisses mais aussi aux ordres religieux, aux mouvements d'action catholique et aux communautés nouvelles. L'on sait que ces dernières ont le vent en poupe depuis le début du présent pontificat et il n'est donc point étonnant que les hiérarchies locales s'appuient aussi sur leur savoir-faire et sur leur enthousiasme récurrent.
C'est pourquoi l'initiative des Congrès est pleinement soutenue par la Communauté de l'Emmanuel, porte-drapeau s'il en est du Renouveau charismatique. Son influence est perceptible à l'oeil nu dans le programme des festivités mais il est vrai que leurs messes et autres rassemblements font toujours recette, contrairement à tant de paroisses où la baisse de la pratique se fait tragiquement sentir. Mais il y a plus: les cinq cardinaux ont confié la coordination et la continuité du projet quinquennal à l'Emmanuel. Tout au long de «Paris-Toussaint 2004» d'ailleurs, les «cha-chas» - comme on les surnomme affectueusement dans les milieux cathos BC-BG d'outre-Quiévrain... - sont en première ligne pour témoigner de leur foi tout en se retroussant les manches pour aider les exclus de la «grande ville». Car on sait que la foi sans les oeuvres est une foi morte..."

Après Halloween, c'est la fête des amoureux qui est aujourd'hui la cible de l'Eglise catholique. On a ainsi pu lire dans "Le Monde" du 28 janvier 2007 cet article :
"Une cinquantaine de paroisses, - sur la centaine que compte la capitale -, organiseront les 10 et 11 février des manifestations destinées à exalter l'"amour vrai".
Un dîner aux chandelles dans les cryptes de l'église Saint-Sulpice, des soirées "guinguette" ou des soirées "punch", des repas ponctués de témoignages de couples de tous âges devraient donner aux paroissiens parisiens l'occasion de réaffirmer les valeurs catholiques de l'amour que sont "la gaieté, la longévité, la fidélité", selon les organisateurs. "Avec cette opération, il s'agit de montrer que le projet de l'Eglise sur l'amour ne se réduit pas au discours moralisateur, fait d'interdits, qui ressort le plus souvent", indique-t-on à l'archevêché de Paris.
"Lors du dîner aux chandelles auquel nous convions des couples mariés ou pas, chrétiens ou pas, un couple qui a fêté ses soixante-dix ans de mariage viendra témoigner de cet engagement total et irréversible que constitue l'amour conjugal", explique le Père Olivier Ribadeau-Dumas, de la paroisse Saint-Jean-Baptiste-de-Grenelle, dans le 15e arrondissement.
La participation de couples mariés à ces "soirées en amoureux" entend promouvoir l'institution du mariage. Le nombre de mariages catholiques est passé de 281 786 en 1975 à 96 863 en 2004, tandis que celui des mariages civils enregistrait une baisse de 387 400 à 271 600 sur la même période. "Face à la peur de s'engager, ces couples démontreront que les gens mariés s'aiment et que les mariages tiennent", explique-t-on à l'association Les amis d'Edifa, co-organisatrice du week-end avec le diocèse de Paris.
Ce sera aussi pour les prêtres l'occasion d'accueillir des couples qui souhaitent se préparer au mariage ou des parents qui réfléchissent au baptême de leurs enfants. "La messe que je célébrerai le dimanche 11 février mettra l'accent sur le sens du mariage", ajoute le Père Ribadeau-Dumas, qui entraînera ensuite ses paroissiens sur les bateaux-mouches, réservés par l'archevêché.
Car la dimension familiale du dimanche sera respectée : une promenade sur la Seine, agrémentée d'informations sur la vie des saints parisiens, sera proposée aux familles. Les organisateurs attendent 2 000 à 3 000 personnes. La croisière s'achèvera à la cathédrale Notre-Dame, où Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, prononcera une exhortation, centrée sur un récit de la Genèse et la relation homme-femme."




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THEME :
L'HUMANISME ATHEE





18 février 2007

Hommage à Jean Calas et à Voltaire

Bonne nouvelle : la mairie de Toulouse a donné suite au courrier envoyé par la Fédération pour que la plaque inaugurée il y a deux ans soit changée et positionnée différemment. En effet, seuls les quadrupèdes pouvaient la voir... Le texte était par ailleurs très peu lisible.
C'est donc chose faite depuis quelques jours (voir photo).
Samedi 10 mars (l'heure restant à préciser), nous nous rassemblerons comme chaque année devant le square Jean Calas (place saint georges) pour honorer la mémoire de Calas, victime de l'obscurantisme religieux, et le combat mené par Voltaire pour sa réhabilitation. Vous trouverez ci-contre le lien permettant d'accéder à un site consacré à l'affaire Calas.

17 février 2007

Samedi 3 mars à 11h30

2° Rencontres
de la Libre Pensée


salle Duranti
(1er étage)
au 6 rue du Lieut.-Colonel Pélissier à Toulouse
(clic ici pour accès au plan)

Thème :
"les engagements et les valeurs de la Libre Pensée"

(Introduction à la discussion par notre ami Mathias COMAS)




Déclaration de principes du congrès international de la Libre Pensée tenu à Rome du 20 au 22 septembre 1904.

Première résolution
Définition de la Libre Pensée en général

La Libre Pensée n'est pas une doctrine : elle est une méthode, c'est à dire une manière de conduire sa pensée - et, par suite, son action - dans tous les domaines de la vie individuelle et sociale.
Cette méthode se caractérise non par l'affirmation de certaines vérités particulières, mais par un engagement général de rechercher la vérité en quelque sorte que ce soit, uniquement par les seules lumières de la raison et de l'expérience.
La Libre Pensée peut être envisagée soit théoriquement, dans l'ordre intellectuel, soit pratiquement, dans l'ordre social.
Dans l'un et l'autre cas, elle se détermine d'après les deux règles ci-dessous.

Deuxième résolution
Deux règles de la Libre Pensée dans l'ordre théorique ou intellectuel

Première règle - La Libre Pensée ne pouvant reconnaître à une autorité quelconque le droit de s'opposer ou même de se superposer à la raison humaine, elle exige que ses adhérents aient expressément rejeté non seulement toute croyance imposée, mais toute autorité prétendant imposer ses croyances (soit que cette autorité se fonde sur une révélation, sur des miracles, sur des traditions, sur l'infaillibilité d'un homme ou d'un livre, soit qu'elle commande de s'incliner devant les dogmes ou les principes à priori d'une religion ou d'une philosophie, devant les décisions des pouvoirs publics ou le vote d'une majorité, soit qu'elle fasse appel à une forme quelconque de pression exercée du dehors dur l'individu pour le détourner de faire sous sa responsabilité personnelle de l'usage normal de ses facultés).

Deuxième règle - La Libre Pensée ne pouvant se borner à cette manifestation négative à l'endroit de tout dogme et de tout credo, elle exige de ses adhérents un effort actif en vue de réaliser par les moyens humains l'idéal humain.
Elle se refuse d'ailleurs à donner à sa propre conception de cet idéal le caractère absolu et immuable que s'attribuent abusivement les religions, mais que ne comporte ni la science ni la conscience humaine, l'une et l'autre obligée de se mouvoir dans le relatif et soumises à la loi du progrès.
Loin de céder à la tentation de construire prématurément un système définitif, la Libre Pensée propose à l'humanité, comme le veut la nature des choses, de poursuivre indéfiniment le vrai par la science, le bien par la morale, le beau par l'art. Et si à chaque moment de son développement, elle est prête à rendre compte du résultat actuel de ses recherches, elle est aussi toujours prête à le compléter et à le rectifier en ajoutant aux découvertes d'hier les découvertes de demain.

Troisième résolution
Deux règles de la Libre Pensée dans l'ordre pratique et social

Première règle - La Libre Pensée ne pouvant se contenter d'opinions purement spéculatives, qui n'intéresseraient que la pensée individuelle, il lui appartient de fournir une règle de vie aussi bien aux sociétés qu'aux individus.
Appliquée aux sociétés, elle est la méthode qui consiste à vouloir soumettre aux lois de la raison l'organisation sociale elle-même.
Une société qui s'inspire de cette méthode a pour devoir d'enlever à tous ses services publics (administration, justice, instruction, assistance, etc.) tout caractère confessionnel, par où il faut entendre qu'elle doit les rendre non seulement neutres entre les diverses confessions religieuses, rigoureusement exclusifs de tout dogmatisme explicite ou implicite.

La Laïcité intégrale de l'Etat est la pure et simple application de la Libre Pensée à la vie collective de la Société.
Elle consiste à séparer les Eglises de l'Etat, non pas sous la forme d'un partage des attributions entre les deux puissances traitant d'égale à égale, mais en garantissant aux opinions religieuses la même liberté qu'à toutes les opinions, et en leur déniant tout droit d'intervention dans les affaires publiques.

Deuxième règle - La Libre Pensée n'étant complète que quand elle entreprend de réaliser socialement l'idéal humain, elle doit tendre à l'institution d'un régime sous lequel pas un être humain ne pourra plus être sacrifié ni même négligé par la Société et par conséquent, ne sera plus mis ou laissé par elle, directement ou indirectement, dans l'impossibilité pratique d'exercer tous ses droits d'homme et de remplir tous ses devoirs d'homme.
La Libre Pensée est donc logiquement génératrice d'une science sociale, d'une morale sociale et d'une esthétique sociale qui, en se perfectionnant par le progrès même de la conscience publique, constitueront un régime de justice : la justice sociale n'est que la raison appliquée par l'humanité à son propre gouvernement.

En d'autres termes, la Libre Pensée est laïque, démocratique et sociale, c'est à dire qu'elle rejette, au nom de la dignité humaine, ce triple joug : le pouvoir abusif de l'autorité en matière religieuse, du privilège en matière politique et du capital en matière économique.

Quatrième résolution
Le congrès international de la Libre Pensée affirme que la Libre Pensée a pour but d'émanciper l'esprit humain de toutes les croyances et des préjugés religieux qui sont absolument contraires aux résultats de la science ;

affirme également que la Libre Pensée ne doit pas seulement combattre les préjugés et les dogmes religieux mais encore et surtout les préjugés politiques et sociaux qui sont au moins aussi dangereux pour l'émancipation intégrale de l'humanité ;
déclare que l'émancipation intellectuelle et morale n'est possible que par l'affranchissement matériel et économique de la classe ouvrière de l'oppression capitaliste qui pèse sur elle, affranchissement qui libérera l'humanité toute entière en assurant à tous le droit à la vie.

10 février 2007

l'hommage à Vanini dans la Dépêche

cliquez sur l'image pour l'agrandir



vendredi 9 février : l'hommage à Vanini


La Place du salin a été symboliquement baptisée "Place Vanini" lors du rassemblement qui s'est tenu à 18h30 en présence de la presse, de Didier Foucault et du Dr Rongières de l'Association des Amis de Vanini.
A 20h30, salle Duranti-Osète, Didier Foucault a fait une conférence passionnante sur la vie et l'oeuvre de Giulio Cesare Vanini.

La campagne pour que soit érigé place du Salin un monument qui rende hommage à Vanini, à Etienne Dolet, à Giordano Bruno, à tous les pionniers de la Raison et des Lumières, persécutés pour leurs idées philosophiques et scientifiques, tous victimes de l'obscurantisme religieux a été lancée avec succès.


Voici l'allocution faite par le Président de la Fédération de la Libre pensée avant le dévoilement de la plaque "Place Vanini" :

"Cher(e)s Ami(e)s, cher(e)s Camarades,

Au nom de la Fédération de Haute-Garonne de la Libre pensée, je vous remercie d’être présents ce soir à ce premier hommage organisé en mémoire du philosophe italien Giulio Cesare Vanini, torturé et brûlé ici même il y a près de quatre siècles, le 9 février 1619, pour « athéisme et blasphème ».
Premier hommage au philosophe Vanini, car aujourd’hui l’idéal laïque, la laïcité qui seule permet l’émancipation simultanée des personnes, de l’Etat et des institutions publiques sont gravement menacés.
Notamment par la remise en cause constante de la loi de 1905, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat.
Juridiquement, la laïcité, c’est la séparation.
Voilà pourquoi nous menons campagne pour l’abrogation de la loi du 25 décembre 1942 qui autorise le financement des cultes, loi du régime de Vichy toujours en vigueur !

Premier hommage au philosophe Vanini, parce que ce pionnier des Lumières était de ceux qui posaient les premiers jalons de ce qui se concrétisera dans la loi de 1905 et qui reste toujours d’une actualité aiguë.
Vanini, comme Etienne Dolet, comme Giordano Bruno, comme beaucoup d’autres a perdu la vie dans sa quête passionnée au service de l’émancipation de l’humanité et pour que triomphe la Raison.

La loi de Séparation des Eglises et de l'Etat de 1905 est allé jusqu'au bout de l’œuvre de
sécularisation initiée par la Révolution française et les philosophes des Lumières, jusqu’au bout de ce que Vanini et d’autres recherchaient en ces temps où l’Eglise faisait brûler les enseignants «tout vifs comme des harengs saurs» (c'est ainsi que Rabelais parle de Toulouse dans son Pantagruel).
«La République assure la liberté de conscience» : voilà la liberté de conscience posée en principe institutionnel dans la loi de 1905.
Jean Jaurès pouvait alors proclamer : « La loi de séparation, c'est la marche délibérée de l'esprit vers la pleine lumière, la pleine science et l'entière raison ».

Mes cher(e)s Ami(e)s, mes cher(e) Camarades,
la marche délibérée de l'esprit vers la pleine lumière, vers la pleine science et l'entière raison est aujourd’hui confrontée à des obstacles majeurs.
Aujourd’hui, la marche délibérée de l'esprit vers la pleine lumière, vers la pleine science et l'entière raison exige la mobilisation des toutes les énergies des libres penseurs, des défenseurs de la République laïque une et indivisible, de la démocratie républicaine.
Comme l’ont fait nos aînés de 1905.
Pour nous endormir, on tente de nous faire croire que les temps ne sont pas les mêmes, que l’Eglise a beaucoup changé et que la menace du reste ne vient pas de la Chrétienté, religion toute de douceur et de sacrifice occupée à la seule rédemption de nos âmes, mais d’une religion basée sur la violence, berceau des pires intégrismes.

Nous ne serons pas dupes : les inventaires dressés par nos fédérations tout au long de l’année 2006 ont permis de lever un bout du voile sur le scandale du financement des cultes et tout particulièrement de l’Eglise catholique par la spoliation des fonds publics. 10 milliards d’euros, 10 % de ce que représente l’impôt dans ce pays ! Ces chiffres rendus publics ne sont contestés par personne. Et ces chiffres sont bien en deçà de la réalité.
La marche délibérée de l'esprit vers la pleine lumière, vers la pleine science et l'entière raison exige de prendre les initiatives qui mettent en avant les valeurs républicaines et démocratiques.


Nous réapproprier l’espace public fait partie de ce combat.
Nous avons fini par obtenir gain de cause pour qu’il y ait un espace public du nom de Jean Calas.
Il y a désormais le square Jean Calas sur la place Saint-Georges.
Mais n’est-ce pas tout de même quelque chose d’extraordinaire que la place soit au nom d’un chevalier mythique qui aurait culbuté un dragon dont l’haleine était tellement insupportable que personne ne pouvait y survivre à 100 kilomètres à la ronde (la légende ne dit d’ailleurs pas comment le preux Saint-Georges a pu approcher de la bête sans masque à gaz) et que l’homme innocent mort dans d’atroces souffrances,
victime de l’obscurantisme religieux, ne donne son nom qu’au jardin pour enfants qui se trouve au milieu de cette place ?
Je ne peux pas résister au plaisir un peu vache de vous lire un passage de la vie de Georges avant qu’il soit saint. Il vient délivrer la fille du roi prisonnière du dragon (qui curieusement supporte aussi l'haleine du dragon) :
«
Georges dit à la fille du roi : «Ma fille, ne crains point, car au nom de J.-C., je t'aiderai.» Elle lui dit : «Bon soldat ! mais hâte-toi de te sauver, ne péris pas avec moi ! C'est assez de mourir seule; car tu ne pourrais me délivrer et nous péririons ensemble.» Alors qu'ils parlaient ainsi, voici que le dragon s'approcha en levant la tête au-dessus du lac. La jeune fille toute tremblante dit : «Fuis, mon seigneur, fuis vite.» A l’instant Georges monta sur son cheval, et se fortifiant du signe de la croix, il attaque avec audace le dragon qui avançait sur lui : il brandit sa lance avec vigueur, se recommande à Dieu, frappe le monstre avec force et l’abat par terre : «Jette, dit Georges à la fille du roi, jette ta ceinture au cou du dragon ; ne crains rien, mon enfant.» Elle le fit et le dragon la suivait comme la chienne la plus douce. Or, comme elle le conduisait dans la ville, tout le peuple témoin de cela se mit à fuir par monts et par vaux en disant : «Malheur à nous, nous allons tous périr à l’instant!» Alors saint Georges leur fit signe en disant : «Ne craignez rien, le Seigneur m’a envoyé exprès vers vous afin que je vous délivre des malheurs que vous causait ce dragon : seulement, croyez en J.-C., et que chacun de vous reçoive le baptême, et je tuerai le monstre.» Alors le roi avec tout le peuple reçut le baptême, et saint Gorges, ayant dégainé son épée, tua le dragon et ordonna de le porter hors de la ville. Quatre paires de boeufs le traînèrent hors de la cité dans une vaste plaine. Or, ce jour-là vingt mille hommes furent baptisés, sans compter les enfants et les femmes.
Quant au roi, il fit bâtir en l’honneur de la bienheureuse Marie et de saint Georges une église d'une grandeur admirable. Sous l’autel, coule une fontaine dont l’eau guérit tous les malades et le roi offrit à saint Georges de l’argent en quantité infinie; mais le saint ne le voulut recevoir et le fit donner aux pauvres. Alors saint Georges adressa au roi quatre avis fort succincts. Ce fut d'avoir soin des églises de Dieu, d'honorer les prêtres, d'écouter avec soin l’office divin et de n'oublier jamais les pauvres.
»
Je vous fais grâce d'un autre passage où Georges massacre les Sarrazins avec l’aide de Dieu au nom sans doute du «monde libre».

Dans nos villes, dans cette ville même, où que l’on regarde, on trouve une multitude de rues et de bâtiments saint truc ou saint chose et jusque dans les coins les plus perdus on ne peut échapper au clocher et à la croix symbole d’un supplicié tout aussi mythique que Saint-Georges.


A Toulouse, de la rue du Taur en passant par la place saint Sernin jusqu’à la gare Matabiau, on peut suivre le périple du premier évêque de Toulouse, le dénommé Saturnin, qui aurait été massacré par la foule impie. Un Christ local en quelque sorte, dont les reliques ont été multipliées comme des petits pains dans nombre de lieux. La reconstitution de son squelette serait certainement surprenante.

Alors oui, mille fois oui, il est temps qu’à l’aube du XXIème siècle soit érigé place du Salin, lieu de l’exécution de Vanini, un monument en son hommage.

C’est notre objectif, la fédération de la Haute-Garonne le proclame ce soir solennellement :

la campagne est engagée à partir de ce jour, 9 février 2007.

Tous les ans, nous renouvellerons cet hommage, jusqu’à ce que nous obtenions satisfaction.

Dans une Rome libérée du joug papal, en 1889, la statue de Giordano Bruno a été érigée et inaugurée sur le Campo dei Fiori, le lieu même où le penseur fut exécuté.
Le Pape Léon XIII passera la journée entière en jeûne aux pieds de la statue de Saint Pierre. La presse catholique se déchaînera : elle parlera d'"orgie satanique" en décrivant la manifestation d'inauguration, elle parlera de "triomphe de la synagogue, de la maçonnerie, des chefs du libéralisme démagogique", de "tintamarre de l'ignorance et de la malignité anticléricale".
Tout au long du XXè siècle, l'église s'acharnera à faire abattre la statue de Giordano Bruno, mais elle est toujours là face au Vatican.
Il faut un monument à l’égal de cette statue, ici, place du Salin à Toulouse, ici où a été exécuté Giulio Cesare Vanini.

Il faut un monument qui rende hommage à Vanini, à Etienne Dolet, à Giordano Bruno , à tous les pionniers de la Raison et des Lumières, persécutés pour leurs idées philosophiques et scientifiques, tous victimes de l'obscurantisme religieux !
Ecoutez ces mots d’angoisse d’Etienne Dolet, qui pourraient être ceux de Vanini, de Bruno et de tant d’autres :
Que me veut-on ? Suis-je un diable cornu ?
Suis-je pour traître et boutefeu tenu ?
Suis-je un larron ? un guetteur de chemin ?
Suis-je un voleur ? un meurtrier inhumain ?
Suis-je un loup gris ? Suis-je un monstre sur terre,
Pour me livrer une si rude guerre ?

Ces hommes n’avaient rien écrit de provoquant : ils étaient de vrais intellectuels, de vrais philosophes à la recherche de la Lumière.
Par delà les siècles, parce que leur combat est toujours d’actualité, ils méritent notre hommage.
Salut et Fraternité !"

04 février 2007

rendez-vous place Vanini (anciennement place du Salin) vendredi 9 février à 18h30


Il est temps qu’à l’aube du XXIème siècle soit érigé place du Salin, lieu de l’exécution de Vanini, un monument en son hommage, à celui de Dolet et de tous les pionniers de la Raison et des Lumières, persécutés pour leurs idées philosophiques et scientifiques, victimes de l'obscurantisme religieux !

VENDREDI 9 FEVRIER
premier
HOMMAGE
à
GIULIO CESARE VANINI

à 18h30 :
rassemblement place du Salin

inauguration symbolique de la "place Vanini"
avec la Libre Pensée et l’Association des Amis de Vanini


à 20h30 :
conférence
avec
Didier FOUCAULT

salle Duranti-Osète, 6, rue du Lieutenant-Colonel Pélissier
(clic sur l'adresse pour l'accès au plan)

Professeur agrégé, docteur en histoire et maître de conférences à l'Université de Toulouse-Le Mirail, Didier Foucault est aussi l'auteur de "Un philosophe libertin dans l'Europe baroque - GIULIO CESARE VANINI (1585-1619)" (publié aux Editions Honoré Champion)

Né en Italie du Sud en 1585, Vanini a été brûlé en 1619, à l'âge de 34 ans, pour "athéisme et blasphème", place du Salin à Toulouse.
Formé à Naples et à l'Université de Padoue, berceau de l'averroïsme latin, le moine Vanini évolua au fil de ses travaux philosophiques et scientifiques vers l'athéisme.
Fuyant l'Italie et les autorités catholiques, Vanini se rendit à Londres et à Paris, ville dans laquelle il connut une période de liberté intellectuelle. Mais condamné par la Sorbonne, il décida de se réfugier à Toulouse, pourtant connue pour son intolérance à l'époque et où il tomba dans un véritable piège qui l'amena sur le bûcher et à un atroce supplice.
Les ouvrages que Vanini à laissés développent une conception matérialiste niant la création du monde, présentant une théorie originale du dynamisme des processus naturels et dénonçant la religion comme une imposture politique. Ces thèses très audacieuses ont fait de lui au XVII° siècle "le prince des libertins".
Didier FOUCAULT, qui lui a consacré une importante thèse, exposera vendredi 9 février la vie et le combat intellectuel de ce philosophe pour faire avancer au XVII° siècle une conception rationaliste et matérialiste de l'homme et de l'univers, combat très actuel face aux offensives menées par les religions contre la laïcité et le rationalisme.