27 octobre 2009

Un Haut Conseil à l’Intégration sous influence

La Fédération nationale de la Libre Pensée a pris connaissance d’une lettre du Haut Conseil à l’Intégration sous l’autorité du Premier Ministre.
En date du 24 septembre 2009, celle-ci est accompagnée d’un exposé des motifs qui veut faire «réfléchir» aux rapports entre «religions et République».
Cette lettre a été adressée à un certain nombre de personnalités et d’associations, triées sur le volet, connues pour leur revendication d’interdiction de la burqa dans la rue. Celles et ceux qui n’ont pas la même perception des choses ne feront donc pas partie du Groupe de travail mis en place.
Il apparait donc clairement que la chose est déjà entendue, il n’y aura aucune voix discordante. Ce sont les mœurs des républiques bananières qui sont aujourd’hui à l’œuvre au sein de ce gouvernement. Le seul sujet de ce Groupe de travail est bien sûr l’Islam, les autres religions étant réputées par nature irréprochables.

Commencée par une tartufferie…
Cette lettre a été écrite huit jours après que la Fédération nationale de la Libre Pensée ait été auditionnée par la Mission parlementaire sur la burqa, mission présidée par un député PCF et dont le rapporteur est un député UMP.
Bref, comme au bon vieux temps des guerres coloniales, c’est l’Union nationale qui préside aux destinées de tout cela.
Il semble que les questions soulevées par la Libre Pensée aient posé quelques problèmes puisqu’il est dit dans l’exposé des motifs : «En constituant ce groupe de travail sur les rapports entre religions et République, le HCI souhaite contribuer à dépassionner le débat et formuler des propositions autres que législatives, afin d’éviter que ne se perpétue cet usage politicien, voire électoraliste, d’enjeux importants transformés en débats polémiques».
Exit donc, semble-t-il une loi d’interdiction de la burqa dans la rue.
Rappelons aussi que des associations comme la Ligue des Droits de l’Homme et la Ligue de l’Enseignement n’avaient pas été invitées aux auditions de cette Mission parlementaire et qu’il a fallu l’intervention de Marc Blondel, Président de la Libre Pensée, pour qu’elles le soient.
Il est vrai qu’avaient été invitées, par contre, d’autres associations qui avaient l’avantage de répondre OUI à tous les désirs de ladite Mission.

... cette audition va finir par une farce
La polémique est ouverte contre la Libre Pensée par le HCI : «Il semble aujourd’hui que la notion de sphère publique doive être questionnée, notamment quand certains invoquent qu’en dehors des services publics, les espaces de sociabilité constituent un espace privé, à l’instar du monde de l’entreprise».
Ce qui est précisément la position de la Libre Pensée.
Il est d’ailleurs éclairant de constater que le parallèle avec l’entreprise est directement inspiré de la position de la Libre Pensée contre le discours de Jacques Chirac, présentant les conclusions de la Commission Stasi en 2004 qui voulait étendre la laïcité à l’entreprise privée.
Tout cela montre l’embarras du Gouvernement qui semble ne plus savoir comment se sortir de ce guêpier.
Il est tout à fait probable que tout cela se terminera par aucune loi et que l’on demandera aux «représentants» de l’Islam DE France, autodésignés par le pouvoir politique, de faire le ménage dans ces affaires de burqa et de voile intégral. La cause de l’émancipation des femmes n’aura nullement progressé. Par contre, le communautarisme aura été un peu plus institutionnalisé. Chapeau, les artistes !

Le béret basque et la baguette sous le bras, bientôt obligatoire ?
« Le ministre de l'Immigration annonce un grand débat sur les valeurs de l'identité nationale, sur ce qu'est être Français aujourd'hui. Eric Besson, le ministre de l'Immigration, a annoncé le lancement d'un vaste débat dans le pays sur l'identité nationale, estimant notamment que le port de la burqa était contraire à cette identité, sans toutefois trancher la question de l'opportunité d'une loi, dimanche sur RTL.
Le ministre a jugé par ailleurs la burqa contraire aux valeurs de l'identité nationale. On peut débattre sur l'opportunité de la loi (...) mais sur les principes il n'y a pas de débat: la burqa est inacceptable et contraire aux valeurs de l'identité nationale, a-t-il déclaré. Eric Besson a toutefois dit ne pas vouloir trancher sur les travaux de la mission parlementaire sur le voile intégral mise en place par l'Assemblée nationale
». Lu sur internet.
Quelle hypocrisie !
Ou le port de la burqa est un objet de délinquance, et il faut l’interdire. Car c’est seulement, en République, la loi qui interdit. Si la loi n’interdit pas, elle autorise. C’est du moins la règle commune depuis la Révolution française.
Sous l’Ancien-Régime, le dit et le non-dit, l’autorisé et le non-autorisé, le possible et le pas-possible, tout cela portait un nom : le fait du prince.
Est-ce à cela que l’on veut revenir ?

Un Haut Comité à la Désintégration républicaine
Pour avoir un point de vue sur le rôle et l’action du HCI, il suffit de prendre connaissance de la lettre de démission de Jacky Dahomay de cette instance, en date du 17 décembre 2008 : «Monsieur le Président du Haut Conseil à l’Intégration,
J’ai le regret de vous présenter ma démission du Haut Conseil à l’Intégration.
Cette institution qui regroupe des membres d’horizons idéologiques divers et qui est libre en principe dans ses prises de position, ne remplit plus à mon avis la haute fonction qui lui était assignée de réfléchir profondément sur les problèmes relatifs à l’intégration et de faire des propositions au gouvernement.
Elle passe maintenant pour une simple caisse d’enregistrement de la politique gouvernementale et intervient très peu dans le débat public bien que de nombreux problèmes relevant de l’intégration ne cessent d’insister dans l’actualité…
Enfin, même si le HCI est indépendant en principe du gouvernement en place, son silence concernant les dérives graves sur la politique actuelle en matière d’immigration et d’intégration est à mes yeux inacceptable.
Pour toutes ces raisons donc je ne peux continuer honnêtement d’être membre du Haut Conseil à l’Intégration.»

Et voilà pourquoi, votre fille est muette….

Paris, le 27 octobre 2009

25 octobre 2009

Entre laïcité et parité, il faut choisir

Une nouvelle loi, la loi Carle, vient d’être adoptée à l’Assemblée nationale. Elle oblige explicitement une municipalité à payer pour la scolarité d’un élève résidant sur le territoire communal et qui serait scolarisé dans une école privée d’une autre ville.
Elle reprend, cinq ans après, l’article 89 de la loi du 13 août 2004 proposé par Michel Charasse (PS), qui avait soulevé un énorme tollé de la part de la majorité des élus locaux, en particulier des maires ruraux qui ne parviennent déjà que difficilement à financer leurs obligations pour l’école publique. Pour une ville comme Sevran, en Seine-Saint-Denis, en plus du financement des 193 élèves scolarisés à l’école catholique Sainte-Agnès de la ville, il faudrait financer la scolarité de plus de 400 enfants de la ville scolarisés dans des écoles privées d’autres communes.
Cette loi est adoptée pour « garantir la parité de financement entre les écoles élémentaires publiques et privées sous contrat d’association ».
N’est-ce pas au nom de ce même principe dit « de parité » que des milliards de fonds publics sont déversés chaque année aux écoles privées (à 90 % confessionnelles) depuis la loi Debré de 1959 ? Au nom de cette « parité », la loi Guermeur (1977) a ensuite obligé les communes à financer la scolarité des enfants dont les parents ont fait le choix de l’école privée. Les accords Jack Lang-père Cloupet (1993) permettront, eux, le financement public de toute la formation des enseignants du privé.
L’enseignement catholique privé sous contrat est désormais intégralement financé par les fonds publics détournés de l’école laïque.
La « parité » n’est donc en réalité que la principale violation de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, qui consacre l’obligation pour l’Etat de « ne salarier aucun culte ».
La loi Carle impose le versement d’un forfait communal qui devient obligatoire en cas : d’insuffisance des capacités d’accueil dans la commune de résidence ; d’absence de garderie ou de cantine ; de raisons médicales; de scolarisation dans une même ville que les frères et sœurs. Sur le terrain, avec les suppressions massives de postes dans le public, au moins un de ces cas est de plus en plus aisé à remplir.
Cette loi consacre, avec la prétendue parité, le financement par l’Etat de l’évasion des élèves vers les écoles privées confessionnelles.
On imagine donc l’indignation politique soulevée par le vote favorable à la loi Carle des sénateurs socialistes en 2008. Cette fois, à l’Assemblée nationale, tous les députés du PS, du PCF, du Parti de gauche, du MRG ont voté contre… Les députés socialistes ont même
déposé un recours au Conseil constitutionnel. Mais il s’agit d’un recours parce que la loi ne respecterait pas vraiment… « la parité ».
Faudrait-il donc s’opposer à cette loi parce qu’elle dérogerait au principe de « parité » ou parce qu’elle déroge au principe de laïcité ?
Faudrait-il donc, au nom d’une « juste parité », faire accepter les lois Debré, Guermeur et les accords Lang-Cloupet, que tous les gouvernements ont pérennisés au prix d’une des plus catastrophiques capitulations politiques des partis de gauche sous la Ve République aussi antidémocratique qu’antilaïque ? La loi Carle doit être abrogée, ainsi que les lois Debré, Guermeur et les accords Lang-Cloupet. Il n’y a pas de « parité » entre la laïcité de l’école et de l’Etat et sa violation.
La discussion sur la loi Carle met en évidence l’urgence de rassembler les militants laïques de toutes tendances sur l’exigence commune :
A école publique,
fonds publics, à écoles privées, fonds privés.

L’enjeu est la reconquête de la laïcité de la République et de son école publique.

Un sous-préfet hors la loi ?

COMMUNIQUE
Le 9 octobre 2009, le sous-préfet de Mauriac a demandé au maire de Barriac-les-Bosquets (Cantal) de retirer la délibération du 14 septembre 2009 par laquelle le conseil municipal de cette commune avait prévu de mettre gracieusement à la disposition des familles qui le souhaitent une salle de recueillement lors des cérémonies funéraires. Les élus de Barriac-les-Bosquets, comme beaucoup d’autres dans le pays, avaient ainsi répondu favorablement, dans un esprit républicain qui les honore, à une demande de la fédération du Cantal de la Libre Pensée.

Le sous-préfet a juridiquement tort parce qu’il ne lui appartient pas de décider de la légalité d’une délibération d’un conseil municipal auquel il n’est pas fondé à en demander le retrait. Saisi par le représentant de l’Etat dans le délai du recours contentieux, seul le juge administratif peut prononcer l’annulation d’un acte de cette nature.

Il a également juridiquement tort parce que le motif qu’il invoque pour soutenir sa demande est totalement inopérant. Il considère que la mise à disposition gratuite des familles d’une salle municipale de recueillement reviendrait à instituer illégalement une chambre funéraire au sens du 6° de l’article L. 2223-19 du code général des collectivités territoriales. Comment peut-il raisonnablement assimiler la première à la seconde ? Créée à la suite de la délivrance d’une habilitation administrative, la chambre funéraire est équipée de places réfrigérées pour recevoir des corps en attente d’inhumation ou de crémation, à l’exception des personnes décédées d’une maladie infectieuse.

Placer un cercueil dans une salle municipale une heure ou deux avant son enfouissement ou sa destruction par le feu, est-ce comparable à la conservation d’un corps dans une chambre mortuaire ? Evidemment non ! Ou alors, il faut s’inquiéter : le sous-préfet serait-il sur le point d’interdire l’accès des édifices cultuels - assez différents des chambres mortuaires convenons-en - aux vivants qui souhaitent honorer la mémoire de leurs morts sous les auspices d’un prêtre, d’un pasteur, d’un imam ou d’un rabbin ? Heureusement, le ridicule ne tue pas pour ne pas encombrer les chambres mortuaires.

Pour l’égalité des citoyens
Face au nombre grandissant des obsèques civiles et compte tenu de la dispersion des familles, notre association et ses fédérations départementales et groupes affiliés mènent une campagne pour permettre à ceux qui le souhaitent de se recueillir dignement comme peuvent le faire les croyants dans les édifices cultuels. La Fédération nationale de la Libre Pensée s’était adressée à l’ancienne ministre de l’Intérieur, Mme Alliot-Marie pour lui demander d’ajouter un 9° à l’article L. 2223-19 du code général des collectivités locales tendant à enrichir le service extérieur des pompes funèbres de la mise à disposition gratuite d’une salle municipale à des fins de recueillement des familles. Elle avait refusé de saisir le Parlement d’un projet de loi comprenant une disposition allant dans ce sens.

L’actuel ministre de l’Intérieur, M. Hortefeux, dans une réponse du 11 septembre à un député alertée par la Fédération des Ardennes de la Libre Pensée sur cette importante question, a invité les libres penseurs à se tourner vers les communes pour y apporter une réponse, au prix d’ailleurs d’une inégalité de traitement des citoyens sur le territoire. Au regard notamment du code général de la propriété des personnes publiques, il précise que rien n’interdit à une commune de mettre à la disposition des citoyens, pour une somme symbolique, voire gratuitement, une salle municipale pour leur permettre de se recueillir lors d’une cérémonie funéraire.

La République ne serait-elle plus une et indivisible ?
L’Etat s’exprimerait-il différemment à Paris et à Mauriac ? Ce qui est possible Place Beauvau serait-il impossible dans le département du Cantal ? Dans sa réponse du 11 septembre à la députée des Ardennes, le ministre de l’Intérieur tiendrait-il un discours d’ouverture et par la lettre du sous-préfet de Mauriac au maire de Barriac-les-Bosquets du 9 octobre 2009 voudrait-il indirectement signifier aux partisans des obsèques civiles, bien que de plus en plus nombreux, qu’ils seraient des parias dans la République, que seuls ceux animés d’une « espérance », comme l’a soutenu dans un livre de 2004 le président de la République, mériteraient d’être dignement honorés lors de leurs obsèques ? Dans la République fondée sur la séparation des Eglises et de l’Etat depuis 1905, ce serait un comble.

Pour mettre un terme à cette cacophonie indécente, il faut une loi pour compléter la consistance du service extérieur des pompes funèbres par l’obligation faite aux communes de mettre gratuitement à la disposition des familles qui le souhaitent une salle municipale de recueillement.

Paris, le 23 octobre 2009

04 octobre 2009

Colloque sur la bio éthique

La FNLP organise à la faculté de médecine (grand amphi), à Paris, un colloque sur la bio éthique et l'état des recherches sur l'embryon humain le samedi 18 octobre de 9h à 18h.

Présentation dans une vidéo en cliquant ICI.

03 octobre 2009

Actualité de Darwin

Vendredi 20 Novembre, la Libre Pensée invite à une conférence de Jean-Sébastien PIERRE, professeur d’écologie et évolution à l’Université de Rennes I, directeur de l’UMR Ecobio (écologie, biodiversité, évolution) du CNRS et de l’Université Rennes I, membre de la CAN de la FNLP.
Darwin et sa postérité scientifique
1859-2009
Cent cinquantenaire
de
L’origine des espèces
Dans un récent colloque, un philosophe qualifiait Charles Robert Darwin de « révolutionnaire malgré lui ». Rien n’est plus juste. Bourgeois anglais libéral et modéré, Darwin est l’auteur d’une révolution scientifique majeure qui a rendu –selon le mot de Marx - le matérialisme possible.
Darwin extrait d’un coup la biologie de sa gangue spiritualiste. L’origine des espèces en finit avec le vitalisme, le finalisme, la révélation biblique et la téléonomie (théorie du but de l’adaptation).
Cent cinquante ans de recherches scientifiques ont confirmé, clarifié et précisé la théorie de Darwin. Elle constitue aujourd’hui une évidence, un cadre nécessaire à la biologie. Comment comprendre alors la résurgence des créationnismes déclarés ou plus sournois comme « la théorie du dessein intelligent » ?
L’intervenant développera ces divers points.

On trouvera en lien des émissions de Radio Canada sur le sujet et entre autres trois reportages vidéo :
L'homme descend-il du singe ?
6mn18s ; Date de diffusion : 29 janvier 2006
Darwin n'a jamais dit que l'homme descend du singe. Ce sont ses opposants qui ont résumé les idées du naturaliste par cette affirmation simpliste. Au moment de la publication de L'Origine des espèces, en 1859, la théorie de l'évolution de Darwin avait son lot de détracteurs. Elle venait contredire la thèse alors dominante selon laquelle les animaux et l'être humain étaient l'œuvre de Dieu.
Dans ce reportage de l'émission 5 sur 5, Gilles Gougeon rappelle l'évolution du débat entre les darwinistes et les créationnistes. Il explique comment l'affrontement s'est transposé aux États-Unis, où la théorie de Darwin ne fait toujours pas l'unanimité.

Darwin a gain de cause
2mn18s ; Date de diffusion : 20 décembre 2005
En décembre 2005, un juge d'une cour fédérale des États-Unis interdit aux écoles d'une petite localité de traiter de l'origine divine de la création du monde dans ses cours de sciences.
Comme le relate Joyce Napier dans son reportage, la commission scolaire mise en cause avait décidé d'inclure dans son programme la théorie du dessein intelligent, fondée sur une interprétation littérale de la Bible.

Dieu ou Darwin ?
9mn11s ; Date de diffusion : 5 février 2006
Aux États-Unis, le Kansas est le château fort des partisans du créationnisme, qui rejettent la théorie de l'évolution des espèces de Darwin.
En 2006, une équipe de l'émission Second Regard s'est rendue dans cet État, où des fondamentalistes de droite ont réussi à faire d'une question religieuse un débat politique. Elle y a entre autres rencontré Pedro Iigonegaray, un avocat qui s'inquiète des répercussions que pourrait avoir sur les enfants l'étude de réponses surnaturelles dans des cours de sciences.