23 décembre 2009

Le réchauffement climatique

Une conférence
de
Vincent COURTILLOT
Professeur de géophysique
à l'université Paris-Diderot

Le réchauffement climatique est un thème de plus en plus d'actualité. Selon le Hadley Research Center, la température moyenne sur les continents a augmenté depuis 30 ans de 0,6°C. Le Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) conclut lui aussi à un réchauffement sur les 150 dernières années. Un réchauffement imputable à l'émission de CO2 dans l'atmosphère par les activités humaines.
Des résultats à pondérer selon Vincent Courtillot, dont les récentes recherches ont été dévoilées lors des 2es Journées Scientifiques de l'Université de Nantes.

CLIC ICI pour télécharger (mp3), écouter ou visionner la conférence (51 minutes)

12 décembre 2009

Le Vatican face aux abus sexuels dans l'Eglise d'Irlande

L'onde de choc qui, depuis une quinzaine de jours, secoue l'Eglise catholique d'Irlande se propage au Vatican. Après la publication, le 26 novembre, d'un rapport dénonçant des abus sexuels perpétrés durant trente ans par des dizaines de prêtres du diocèse de Dublin, deux hauts représentants de l'Eglise d'Irlande, le cardinal Sean Brady, et l'archevêque de Dublin, Mgr Diarmuid Martin, devaient être reçus, vendredi 11 décembre, par le pape Benoît XVI.
Ils vont discuter de "la situation douloureuse" de l'Eglise d'Irlande, mise en lumière par l'enquête du ministère de la justice irlandais sur 320 plaintes concernant des violences sexuelles commises sur des mineurs. Cette rencontre, à l'issue de laquelle pourrait être annoncée la démission de plusieurs prélats irlandais impliqués dans le scandale, devrait aborder plusieurs des points soulevés par le rapport.
Les responsables catholiques devraient notamment évoquer le silence complice de la hiérarchie ecclésiastique. Une réponse du pape est aussi attendue face aux critiques émises par les ministères de la justice et des affaires étrangères irlandais quant à l'absence de réactions du Vatican, sollicité plusieurs fois au cours de l'enquête.
Le rapport Murphy, du nom de la juge qui a mené l'enquête, dresse un réquisitoire accablant contre l'attitude de l'Eglise face aux multiples cas avérés d'abus sexuels commis par des prêtres entre 1970 et le début des années 2000. Qualifiées de "tsunami" par certains responsables religieux, ces révélations ont aussi choqué le pays, encore marqué par le poids moral et social de l'Eglise catholique. La pratique religieuse, quoique en baisse constante depuis les années 1970, y reste particulièrement élevée : 46 % des Irlandais vont à la messe une fois par semaine et 65 % une fois par mois ; l'immense majorité des écoles sont toujours tenues par l'Eglise.
Le rapport fait état d'un souci "obsessionnel" du secret de la part de l'Eglise, soucieuse "d'éviter le scandale" et "de protéger sa réputation et ses biens". Il met nommément en cause une dizaine d'évêques ayant couvert les agissements des prêtres.
Mgr Martin, qui incarne la volonté de changer ses pratiques, a, dès la publication du rapport, fait part de sa "honte", de ses "excuses" et son "chagrin". Réunis mercredi 9 à Dublin, les évêques irlandais ont "demandé pardon" et se sont dit "profondément choqués par l'ampleur et la perversion des abus, et couverts de honte face à l'ampleur des dissimulations". "Nous reconnaissons que cela est le signe d'une culture qui était répandue au sein de l'Eglise." Pour les victimes, les "excuses" ne suffisent pas ; leurs associations demandent des sanctions et la démission des évêques incriminés, ainsi que des investigations au niveau national. Une enquête est en cours dans le diocèse de Cloyne.
Détaillant 46 cas de prêtres coupables d'abus sexuels (certains sont en cours de jugement, mais quatre religieux sont toujours en poste, selon les enquêteurs), le rapport Murphy met en lumière un "système" dans lequel les plaintes des familles n'ont pas été prises au sérieux par l'institution. Les rapporteurs évoquent le cas d'un prêtre qui a reconnu avoir abusé de 100 enfants, d'un autre s'étant livré à des violences sexuelles "tous les quinze jours pendant 25 ans" dans sa paroisse ou d'un autre ayant abusé d'un servant d'autel de 9 ans après la messe, avant de lui offrir un "T-shirt et un livre de prières".
Sévère sur le comportement de la hiérarchie, le rapport raconte aussi le cas d'un prêtre pour lequel, après une première plainte, un psychiatre avait recommandé qu'il ne soit pas réinstallé en paroisse. L'évêque n'en a pas tenu compte et le prêtre a violé un jeune garçon de sa nouvelle paroisse. Un autre évêque a réintégré un prêtre condamné l'année précédente pour abus sexuels. Souvent, les prêtres accusés ont été déplacés dans d'autres paroisses sans qu'il soit fait mention de leur situation. Le rapport estime aussi qu'il a existé dans le diocèse de Dublin un "cercle de pédophiles", évoquant le cas de deux prêtres ayant abusé les mêmes enfants.
Les rapporteurs sont absolument convaincus que nombre de responsables religieux avaient connaissance de l'ampleur des faits depuis une vingtaine d'années. En 1987, note-t-il, le diocèse a souscrit une assurance, attestant le fait qu'il mesurait le coût financier des plaintes et procès potentiels. Confrontés à la même situation, plusieurs diocèses américains sont aujourd'hui en faillite du fait des réparations payées aux victimes d'abus sexuels. L'Eglise n'est pas seule en cause, la police et la justice irlandaises n'ont pas non plus agi de manière optimale. Une certaine déférence vis-à-vis de l'Eglise catholique a empêché les services de l'Etat de "prendre leurs responsabilités", déplore le rapport. Le gouvernement s'en est excusé.

Des ordres religieux indemnisent les victimes
La congrégation des Soeurs de la Miséricorde a annoncé, début décembre, qu'elle allait verser 128 millions d'euros au titre de "réparations pour la souffrance des enfants". Cette congrégation avait été mise en cause dans le rapport du juge Ryan, qui, en mai 2009, a révélé des abus sexuels ainsi que des violences physiques et psychologiques sur des milliers d'enfants confiés aux institutions catholiques du pays à partir des années 1930. Le rapport avait mis en lumière "un climat de peur, des coups et des humiliations" dans l'une des écoles tenues par les soeurs. Il s'agit du deuxième paiement d'importance effectué par une organisation religieuse mise en cause en mai. Les Frères chrétiens, accusés d'avoir fermé les yeux sur des abus sexuels commis dans leurs institutions, ont versé 161 millions d'euros.
En 2001 déjà, plusieurs ordres religieux avaient cédé à l'Etat des propriétés foncières, en compensation d'abus commis dans leurs institutions.
(article du MONDE - 12.12.09 ;
cartoons collectés par LP31)

10 décembre 2009

À propos de l’enseignement de l’Histoire

Fédération nationale de la Libre Pensée (FNLP)

Institut de Recherche de la Libre Pensée (IRELP)

« Observez, avec un microscope, un pou qui travaille ; vous m'en donnerez des nouvelles. Malheureusement, ils sont petits, ces brigands de la longue chevelure. » Lautréamont

Aristote fonda le Lycée.
Il fut installé en France en 1802.Depuis, et notamment grâce aux lois laïques, le lycée – incluant le baccalauréat comme premier diplôme universitaire – est un élément constituant de notre système scolaire. La Libre-Pensée s’honore d’avoir eu dans ses rangs de glorieux ministres en charge de ces questions et regrette que les ministres successifs depuis de longues décennies ne connaissent pas cette tradition laïque, voire désirent la détruire. Parmi les ministres glorieux, nous tenons à saluer la mémoire de Jean Zay, ministre du Front Populaire, adhérent de la Libre Pensée, assassiné par des nazis français.
Hélas…
Luc Chatel, éphémère ministre de l’Éducation nationale, a décidé de « réformer » le lycée comme d’autres avant lui. Cette pseudo-réforme, entre autres caractéristiques dénoncées à juste titre par toutes les organisations syndicales, organise l’explosion de la structure « lycée », du statut national des enseignants, multiplie les suppressions de postes et de structures, voire de matières, toutes choses qu’il n’est pas du ressort de la Fédération nationale la Libre Pensée de contester en détail.

D’Aristote à Luc Chatel, il y a loin, bien loin …
Respectueux de notre indépendance, nous sommes respectueux de l’indépendance des autres, à commencer de l’indépendance des organisations syndicales, indépendance constitutive de la démocratie.
Cependant, on peut constater que :
L’anonyme Luc Chatel n’est, ici, que le pseudonyme de l’Union européenne qui vise à annihiler l’instruction depuis les accords de Bologne, considérant que le Vatican peut délivrer des diplômes universitaires. Telle est l’opinion de M. Kouchner. Telle n’est pas l’opinion des laïques ; telle n’est pas l’opinion de la démocratie ; telle n’est pas l’opinion de la République depuis 1905.
Un aspect a particulièrement inquiété : l’enseignement de l’histoire-géographie ne serait plus nécessaire en terminale. La logique présidentielle privilégiant le curé à l’instituteur est ainsi mise en application. La mondialisation impliquerait l’absence de l’enseignement de l’histoire et de la géographie ; les jeunes générations ne doivent ni savoir, ni comprendre, ni apprendre.
La connaissance de l’histoire nous semble constitutive à la citoyenneté.
Depuis l’annonce de cette «réforme», lycéens, enseignants, historiens, syndicats et associations se mobilisent, à juste titre, pour l’annulation de cette décision.
La Fédération nationale de la Libre Pensée et l’Institut de Recherche de la Libre Pensée, motivés par la défense intransigeante de la démocratie et de la laïcité, en toute indépendance, soutiennent toute initiative allant dans le sens de la demande démocratique :

Abrogation de la réforme des lycées !
Abrogation des lois antilaïques (notamment la loi Carle) !
Fonds publics à l’École publique, Fonds privés à l’école privée !

28 novembre 2009

11 novembre : réhabilitation des fusillés pour l'exemple !

51 rassemblements et initiatives pour la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple :
3 000 dans la rue pour exiger cet acte élémentaire de justice !
Autour du 11 novembre, à l’initiative de la Fédération nationale de la Libre Pensée, 51 rassemblements, colloques, projections de films, initiatives publiques se sont déroulés avec une seule exigence : justice pour les Fusillés pour l’exemple !
L’année dernière, il y avait eu un rassemblement national à Gentioux qui avait provoqué le discours du Président de la République à Douaumont sur « sa compréhension de la douleur des Fusillés et de leur familles. Ils n’étaient point des lâches ».

Cette année, la mobilisation croissante a permis que le Président de la République évoque dans son discours « Les fusillés pour l’exemple qui attendent leur réhabilitation » et celui de son Secrétaire d’État aux Anciens Combattants qui a déclaré qu’il fallait les réhabiliter.

Dans toute la France, il y a eu des rassemblements pacifistes, la plupart du temps dans l’union la plus large. On compte ainsi un grand nombre de rassemblements avec la Libre Pensée, la Ligue des Droits de l’Homme, l’Association Républicaine des Anciens Combattants, d’autres associations d’anciens combattants, l’association des Anciens Appelés contre la Guerre d’Algérie, l’Union Pacifiste de France, le Mouvement de la Paix, Les Amis de Louis Lecoin, la CNT, la Ligue de l’Enseignement, la CGT, la CGT-FO, les Amis de Jean Jaurès, le Parti de Gauche, le Nouveau Parti Anticapitaliste, la Fédération Anarchiste, le Parti Ouvrier Indépendant pour la République et le Socialisme, le PCF, CAP 21, Alternatifs, Cercle Henri Barbusse, l’Association civile pour la protection du peuple palestinien.

L’appel lancé par Marc Blondel, Président de la Libre Pensée, le 11 novembre 2008 à Gentioux a été entendu. Les pacifistes et les internationalistes se sont levés à nouveau pour exiger la réhabilitation globale, collective et sans condition des Fusillés pour l’exemple de la Première Guerre mondiale. Partout les associations laïques des amis des monuments pacifistes, créées à l’initiative de la Libre Pensée, avec elle, ont été les facteurs de l’union de tous.

Dans la quasi-totalité des villes concernées, les maires, les conseillers municipaux, généraux et régionaux étaient présents pour apporter leur soutien à la démarche de réhabilitation des Fusillés. Six Conseils généraux ont voté des motions pour cela : Aisne, Allier, Corrèze, Oise, Haute-Saône, Somme. Les associations unies vont, dans l’unité, amplifier cette démarche pour créer un véritable raz-de-marée de prise de position. Les Présidents de Conseils régionaux commencent aussi à aller dans le même sens.

En règle générale, tant sur le plan national que local, la couverture des médias a été correcte, pour une fois. Dans un grand nombre d’endroits, comme à Saint-Etienne, Paris, Roanne, Clermont de l’Oise, Vitrolles, Versailles et dans bien d’autres endroits, la Libre Pensée a passé les films « Les Sentiers de la Gloire », « les Fusillés pour l’exemple », « Blanche Maupas » ou « Joyeux Noël », accompagné d’un débat sur les Fusillés pour l’exemple. Souvent, notre ami Alain Moreau n’aura pas ménagé sa peine pour présenter Blanche Maupas « la veuve de tous les Fusillés pour l’exemple ».

Des colloques sur les Fusillés comme à Clermont de l’Oise, des expositions sur les profiteurs de guerre comme Gy l’Evêque, se sont tenus. Comme à Chartres, la Libre Pensée se déploie dans la rue pour faire signer la lettre ouverte au Président de la République pour exiger la réhabilitation. La Libre Pensée a montré, une nouvelle fois, sa capacité de mobilisation. La cause est juste, le combat est ferme. La réhabilitation des Fusillés pour l’exemple est inéluctable. Nous gagnerons sur une cause pour gagner sur tous les cas.

Avec Marc Aurèle, nous dirons : « si nous ne pouvons marcher ensemble, au moins poussons ensemble ». Nous allons gagner et nous ferons réhabiliter les Fusillés pour l’exemple. Et tout le reste viendra après. Nous rendrons gorge à la justice militaire qui est « à la justice ce que la musique militaire est la musique. En rangs par deux, je ne veux voir qu’une tête (Georges Clémenceau) ».

Nous vengerons les nôtres.

Christian Eyschen

24 novembre 2009

Débat sur l’identité nationale

La Libre Pensée n’en sera pas !

Le Président de la République a annoncé, dans son discours du 12 novembre à la Chapelle en Vercors, sa décision de lancer « un grand débat sur l’identité nationale ».
La Fédération nationale de la Libre Pensée tient à exprimer publiquement l’inopportunité de cette initiative et son refus de participer à un tel débat et les raisons de ce refus.

Qu’est-ce qu’une nation ?

La Libre Pensée s’honore d’avoir compté dans ses rangs Ernest Renan dont la conférence à la Sorbonne sur «Qu’est-ce qu’une nation ?» est rentrée dans l’histoire.

Pour lui, une nation n’est pas constituée « par la race, la langue, la religion, la communauté d’intérêts, la géographie ». Ce sont deux choses : « l’une vient du passé, l’autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. L'homme, messieurs, ne s'improvise pas… L'homme est tout dans la formation de cette chose sacrée qu'on appelle un peuple. »

Pour la Libre Pensée, « l’identité nationale », c'est-à-dire la nation n’est pas le produit de la nécessité, mais bien du hasard. C’est comme disait Ernest Renan : « L'existence d'une nation est un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie. »

En France, la question de l’identité nationale a été réglée en 1793 quand la Constitution de l’An I a défini de façon nette et précise comment on pouvait devenir « citoyen français » dès lors qu’il n’y avait plus de sujets (depuis 1789) ni de citoyens actifs et de citoyens passifs, mais uniquement des citoyens français, égaux en droits.

Qu’est-ce qu’un citoyen ?

« Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis, tout étranger âgé de vingt et un an accomplis, qui domicilié en France depuis une année
- y vit de son travail ;
- ou acquiert une propriété ;
- ou épouse une Française ;
- ou adopte un enfant ;
- ou nourrit un vieillard ;
- tout étranger, enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’humanité ;
est admis à l’exercice des droits de citoyen français.
» (Article 4 de la Constitution de 1793).

Poser de nouveau la question de l’identité nationale aujourd’hui revient donc inévitablement à remettre en cause l’héritage de la Révolution Française. La démocratie n’impose aux citoyens aucune valeur : être citoyen, c’est avoir des droits sans être contraint de partager des valeurs philosophiques ou politiques. Un citoyen a parfaitement le droit de critiquer les lois qu’il juge mauvaises et d’œuvrer à leur changement.

Vouloir fonder la citoyenneté sur l’acceptation des lois revient à mettre en place une dictature où il est impossible de critiquer les lois. Autant les droits sont précis et clairement définis, autant les « valeurs nationales» sont subjectives, floues et sujettes à controverses parce qu’elles se fondent sur des sentiments, des sensations et l’émotion au contraire des droits qui sont concrets, matériels et incontestables.

Ce « débat » gouvernemental a, visiblement, des intentions électoralistes et la proximité des élections régionales n’est pas pour rien dans ce calcul politique. Mais il est aussi lié à la question du port de la burqa et du voile intégral dans la rue. Il ne vise, en fait, qu’à créer un climat de peur permanent pour une grande partie de la population.

Partisane des libertés démocratiques fondamentales, dont la liberté d’expression, d’opinion et d’association, la Fédération nationale de la Libre Pensée ne saurait participer à une opération de stigmatisation des « mal pensants ».

22 novembre 2009

Mercenaires en Afghanistan et en Irak

Le soleil frappe encore fort dans le ciel d'hiver de Kandahar, deuxième ville d'Afghanistan et fief historique des talibans au sud du pays. Pour la remise des diplômes des conducteurs de blindés, le général Pathiani, chef d'état-major du 205e corps de l'armée afghane, réunit ses troupes dans la salle de cérémonie du quartier général, le camp Hero. Ce n'est pas l'OTAN qui a financé la formation mais les Américains, via l'opération Enduring Freedom ("Liberté immuable"), lancée en 2001 pour traquer Al-Qaida.
En ce mois de novembre, le général Pathiani décore cinquante diplômés avant qu'ils ne retournent dans leur unité avec leur blindé. Les Américains ont raccourci la formation de huit à trois semaines, car ils veulent accélérer la montée en puissance de l'armée afghane, seule solution, selon eux, pour faire face à l'insurrection des talibans.
Sur l'estrade, aux côtés du général Pathiani, ne figure pourtant qu'un seul militaire d'Enduring Freedom. La vingtaine d'hommes portant des uniformes de l'armée américaine présents dans la salle ne sont pas des soldats mais des salariés de la société Military Professionnal Ressources Incorporated (MPRI), premier prestataire privé de Washington en matière de formation et de sécurité. Les instructeurs de MPRI, qui ont pour certains travaillé en ex-Yougoslavie et en Irak, sont chez eux en Afghanistan.
Le poids des sociétés militaires privées est l'une des facettes cachées de cette guerre. La Commission parlementaire américaine sur la passation des marchés en temps de guerre a révélé, début novembre, qu'avec 74 000 salariés en Afghanistan, leur nombre dépasse celui des troupes régulières américaines. Un chiffre deux fois plus important que celui admis officiellement par le Pentagone.
L'OTAN et les Etats-Unis n'aiment guère parler de cette privatisation du conflit. Car les méthodes et les dérapages des compagnies privées, déjà dénoncées en Irak, se poursuivent en Afghanistan.
Dans la province de Kandahar, où les Canadiens supervisent les opérations de l'OTAN, plus de 80 % des sociétés privées sont américaines. "Notre objectif est d'apporter un soutien aux soldats, expliquait, le 13 novembre, Peter MacKay, ministre de la défense canadien, de passage à Kandahar. Nous n'avons pas de problème de conscience avec les compagnies (privées). Nos troupes peuvent ainsi se concentrer sur ce qu'elles savent faire : se battre."
Pourtant les incidents se multiplient.
Début octobre, après un conflit avec les Britanniques et les soldats afghans dans la province du Helmand, la société Paravant s'est vu refuser le renouvellement de son contrat. Les soldats afghans s'étaient rebellés, fin août, contre leurs formateurs qui buvaient de l'alcool devant eux, en plein Ramadan.
Craignant que, lors des séances de tirs à balles réelles, les soldats afghans ne retournent leurs armes contre eux, les salariés de Paravant ont exigé - en vain - la présence de militaires britanniques sur le pas de tir. L'état-major allié à Kandahar a préféré mettre fin au contrat de Paravant.
Cette société n'est autre qu'une filiale de Xe, ex-Blackwater, dont le nom est associé à de multiples violences en Irak, parmi lesquelles une tuerie en pleine rue à Bagdad (17 civils tués) en 2007. En mai, trois employés de Paravant ont par ailleurs été impliqués dans la mort d'un automobiliste à Kaboul.
"La fin du contrat pour l'instruction du tir à Kandahar n'a pas été une perte, commente un membre de Paravant, sous couvert d'anonymat. En ce moment, avec le départ des troupes américaines, beaucoup de nos gars repartent en Irak."
MPRI et Paravant dominent leur secteur avec DynCorp, qui pilote l'instruction des policiers afghans avec un budget annuel de près de 1,5 milliard de dollars (1 milliard d'euros). MPRI et Ronco ont également raflé des contrats de formation des militaires à la lutte contre les explosifs artisanaux posés par les talibans. De son côté, ArmorGroup protège l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul.
Le gouvernement afghan et certains responsables américains, soucieux d'atténuer cette image de monopole américain, ont attribué des contrats à d'autres sociétés, mais l'expérience semble peu concluante.
Début 2009, une société indienne basée à Dubaï (Emirats arabes unis), HEB, chargée de la formation d'armuriers au sein du 205e corps de l'armée afghane à Kandahar, a dû déménager ses quartiers après avoir été chassée du camp Hero par le général Zazaï. "Il a menacé de nous tirer dessus si nous ne partions pas", raconte Nadim, un ancien soldat de l'armée indienne recruté par HEB.
"Les griefs du général sont fondés, relève-t-on à l'état-major d'Enduring Freedom à Kandahar. Nous sommes confrontés à un grave problème de compétences. Les gens de HEB se contentent de nettoyer les armes des soldats sans jamais leur apprendre à utiliser leur matériel, et les balles perdues sont courantes." HEB, qui recevrait près de 9 millions de dollars par mois pour cette prestation, devait former 300 personnes entre 2008 et 2010. Seules 26 personnes ont été brevetées à ce jour.
La société RM Asia, composée d'instructeurs d'ex-Yougoslavie, est supposée former des mécaniciens pour le 205e corps d'armée.
"Nous avons reçu un certain nombre de plaintes sur de nombreux retards", admet le major Leprêtre, chargé de superviser l'ensemble des programmes de formation dans le Sud afghan.
Le général Zazaï ne cache pas, pour sa part, qu'il rêve de se débarrasser de HEB et de RM Asia pour faire appel aux seules sociétés américaines.
Article paru dans l'édition du MONDE - 21.11.09

21 novembre 2009

"projet pédagogique" ou "projet catholique" ?

Les élèves du lycée privé Myriam ont relooké la statue de la Basilique de la Daurade qui a été exposée durant tout l'été.
On nous raconte que Notre-Dame la Brune, alias la Vierge noire (de suie), aurait été brûlée sur la Place du Capitole en 1799. Pourquoi ? Dans quelles circonstances ? On ne sait pas.
Ce que l'on sait par contre de source sûre, c'est que l'ancienne comme la nouvelle statue permettent aux Suzon qui aiment à rire avec les garçons d'avoir le ventre rond !
Ce qui est tout simplement merveilleux et mérite de s'inscrire dans un projet catho..., pardon pédagogique.
Avec Lacroix, Castelbajac, Sorbier…
L'association pour la promotion du patrimoine de la Daurade a, fin septembre 2008, sollicité le monde de la mode afin de créer de nouvelles robes pour la statue. « La garde-robe de la Vierge noire est composée de dix-huit robes anciennes. Le but de cette action est de la renouveler. Nous souhaitons que le XXIe siècle s'inscrive dans l'histoire vestimentaire de la statue » explique Annie Dreuille, secrétaire de l'association.
Une cérémonie a été organisée le jeudi 11 juin dernier "pour que les élèves du lycée technique et professionnel privé Myriam offrent la robe à la statue. Pendant cette cérémonie, la robe a été bénie par le curé de la Daurade, Marcel Baurier.
Ce moment a également permis aux lycéens d'approfondir leurs connaissances sur la religion."
Ce n'est même plus "l'histoire des religions", mais "de la religion".
«C'est vraiment un beau projet pédagogique» affirme Annie Dreuille. Christian Lacroix, Franck Sorbier, Jean-Charles de Castelbajac, Jean-Michel Broc, grands couturiers français, ont ainsi décidé de créer un modèle pour un mannequin si particulier…
Au total, une dizaine de robes seront réalisées pour la Vierge noire. « Nous n'avions qu'une seule obligation : respecter les couleurs liturgiques propres à chaque période de l'année biblique » précise Jean-Luc Labatut, professeur de lettres et d'histoire du lycée Myriam.
Les élèves de terminale métiers de la mode ont travaillé sur la création du croquis et le patron de la robe et le financement. Ils ont été aidés par leurs camarades du CAP prêt-à-porter qui ont finalisé la robe. A l'aide du patron, ils ont réalisé la robe. Jean-Luc Labatut, Sœur Jeanine (professeur de couture) et Michel Marty (professeur de mathématiques) les ont aidés dans la réalisation du projet. « L'entreprise Les bleus de Lectoure nous a fourni gratuitement la teinture de la robe » lance le professeur Labatut. Les élèves ont dû trouver des financements à l'aide de vente de confiseries. Des dons anonymes et un don de la paroisse de la Daurade leur a également permis de mener à bien ce projet.
Sans parler des fonds publics qui financent le collège...

Grands et petits bigots

Parution dans le "20 minutes", édition du 4 Novembre :
"La Vierge noire bien habillée pour l'hiver"
Christian Lacroix, Jean-Charles de Castelbajac et Franck Sorbier. Une garde-robe haute couture qui ferait pâlir de jalousie de nombreuses Toulousaines. Depuis peu, le vestiaire de la Vierge noire de la basilique Notre-Dame de la Daurade compte des parures griffées, présentées en grande pompe le 14 novembre. L'idée de faire appel aux grands couturiers a été lancée l'an dernier par l'Association pour la promotion du patrimoine de la Daurade, histoire de rajeunir sa garde-robe.
« Depuis toujours, les particuliers offraient des robes à la Vierge noire en signe de dévotion. Au Moyen-Age, on découpait même des morceaux de son manteau pour s'assurer de sa protection pendant la maternité. « Aujourd'hui encore, nous avons un millier de demandes chaque année pour avoir un morceau de ruban de la vierge. Mais, au XXe siècle, il y a eu peu de dons », explique René Souriac, son président. Un appel est donc lancé sur les ondes. Et il fait mouche auprès de certains grands noms. « Nous y allions sur la pointe des pieds, mais ils nous ont presque remerciés de leur donner la possibilité de faire ces robes », enchaîne Annie Dreuille, une des bénévoles à l'origine du projet.
« Nous avons été conquis et avons répondu présents, car Franck a toujours eu la volonté d'habiller une vierge. Pour nous, ce n'est pas un objet de représentation, mais bien le respect et la sauvegarde d'un patrimoine que nous essayons, en tant qu'artisans, de perpétuer », estime Isabelle Tartière, présidente de la maison Franck Sorbier.
Malgré les difficultés financières actuelles du secteur, six petites mains se sont attelées, un mois durant, pour livrer la robe 100 % « made in France », offerte à l'association. Elle sera conservée précieusement dans un placard de la basilique, aux côtés de celle des élèves du lycée Myriam et d'un modèle du XVIIIe siècle. Tour à tour, selon les temps liturgiques et les couleurs qui y sont associés, la Vierge noire revêtira ses nouvelles toilettes.

15 novembre 2009

Darwin et sa postérité scientifique : Vendredi 20 novembre

Dans un récent colloque, un philosophe qualifiait Charles Robert Darwin de révolutionnaire malgré lui.
Rien n’est plus juste.
Bourgeois anglais libéral et modéré, Darwin est l’auteur d’une révolution scientifique majeure qui a rendu – selon le mot de Marx - le matérialisme possible.
Darwin extrait d’un coup la biologie de sa gangue spiritualiste. L’Origine des espèces en finit avec le vitalisme, le finalisme, la révélation biblique et la téléonomie (théorie du but de l’adaptation).
Cent cinquante ans de recherches scientifiques ont confirmé, clarifié et précisé la théorie de Darwin.
Elle constitue aujourd’hui une évidence, un cadre nécessaire à la biologie.
Comment comprendre alors la résurgence des créationnismes déclarés ou plus sournois comme « la théorie du dessein intelligent » ?

Vendredi 20 novembre
à 18h00
amphithéâtre TURING (Bât. U4)
Université Paul Sabatier
La Libre Pensée
de Haute-Garonne
vous invite à une
CONFERENCE
de
Jean-Sébastien PIERRE


professeur d’Ecologie et Evolution à l’Université de Rennes I, directeur de l’UMR Ecobio (Ecologie, biodiversité, évolution) du CNRS et de l’Université Rennes I

12 novembre 2009

Bientôt, la fin des curés ?

Un article sensationnel (comme on aimerait en lire plus souvent) de la Dépêche du Midi (12/11/09)
Religion.
Lors de la dernière conférence des évêques qui se tenait à Lourdes, la pénurie de prêtres a été évoquée. La situation ne fait que s'aggraver.
Les années passent et le nombre de prêtres ne cesse de chuter. Le phénomène n'est certes pas nouveau, mais pour la Conférence des évêques, il prend une tournure dramatique, puisque le tiers des diocèses devrait disparaître d'ici 15 ans. Dans certaines régions, on ne compte plus qu'un prêtre pour soixante clochers et, à ce train, les messes de minuit seront bientôt définitivement reléguées au rayon du folklore religieux.
Si la désaffection de la prêtrise ne figurait pas officiellement au programme de la réunion annuelle des évêques organisée ces jours-ci à Lourdes, c'est autour des vocations sacerdotales sur le déclin que se concentrent toutes les interrogations. Par qui remplacer les prêtres, leur absence obligeant maintenant à « ouvrir d'autres portes », comme l'indiquait ces jours-ci l'évêque de Nevers, Mgr Francis Deniau.
La disparition des curés de campagne sonne le glas d'une représentation religieuse qui s'efface peu à peu de notre paysage.
Une situation à laquelle il est remédié par des équipes pastorales itinérantes et l'installation de prêtres étrangers, souvent d'origine africaine ou asiatique. Dans ce contexte très sensible qui divise la communauté catholique, se pose plus que jamais la question du recours aux laïcs pour pallier la pénurie de prêtres. Cette sécularisation n'a jamais été autant d'actualité puisqu'il s'agit maintenant de trouver des « chefs de communauté » pour accompagner la foi de milliers de fidèles dépourvus progressivement de pasteur.
En France, depuis deux ans, le nombre d'ordinations n'a pas dépassé la barre des cent. Dans le diocèse de Toulouse, qui épouse les contours du département de la Haute-Garonne avec son million d'habitants, la prêtrise n'a suscité qu'une seule vocation cette année. Presque un miracle après des années de désaffection. Et la relève n'est plus assurée. Pamiers n'a plus un seul séminariste, Perpignan à peine trois.
« Pendant des années, le recrutement s'est fait en Hollande, en Pologne, mais aussi en Lozère, dans l'Aveyron et en Vendée » rappelle Christian Teysseyre, le prêtre de l'évêché dont la fonction est de « tenir l'annuaire ». Un vivier qui recrute désormais en Afrique, continent avec lequel le Grand Sud a toujours entretenu des relations privilégiées.
Mais pour combien de temps ?

La Dépêche du 12 novembre : Réhabiliter les fusillés pour l'exemple

Commémoration.
Par la Libre pensée.
En marge des cérémonies militaires, c'est devant la maison toulousaine de Jean Jaurès, place Salengro, que les libres penseurs de la Haute-Garonne se sont réunis hier matin pour commémorer l'armistice de 1918. À travers ces rassemblements pacifistes organisés dans plusieurs villes de France et auxquels participaient également la Ligue des droits de l'Homme, le Mouvement de la Paix et l'association républicaine des anciens combattants (ARAC), les libres penseurs militent en faveur de la réhabilitation totale et générale des fusillés pour l'exemple. Durant la première guerre mondiale 600 soldats Français ont été passés par les armes pour leurs opinions pacifistes où pour s'être opposés à la hiérarchie militaire. « Les fusillés pour l'exemple anglais sont désormais réhabilités », constate Pierre Gueguen, responsable de la fédération 31, « En France Sarkozy a parlé l'année dernière d'une nécessaire justice qui devait leur être rendue, mais il n'y a pas eu de suite. » Le 14 novembre un nouveau rassemblement pacifiste sera organisé à Carmaux devant la colonne de la paix.
DDM - 12/11/09

11 novembre : réhabilitation des fusillés pour l'exemple !


Reportage FR3 national, cliquer en suite sur "Fusillés pour l'exemple"

Devant la demeure toulousaine de Jean Jaurès, les libres penseurs de la Haute-Garonne, sous une petite pluie, ont rendu hommage mercredi 11 novembre au grand militant pacifiste avec un dépôt de fleurs. La Libre Pensée, la Ligue des Droits de l'Homme et le Mouvement de la Paix ont ensuite pris la parole. Voici le discours du président de la Libre Pensée 31 :

Je vous apporte le salut de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de la Fédération Nationale Laïque des Monuments pacifistes, et bien sûr celui de la Fédération de Haute-Garonne. Merci également aux représentants de la Ligue des Droits de l’Homme et du Mouvement de la Paix de participer à ce rassemblement pacifiste qui s’inscrit dans notre combat commun pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de 14-18.
Des rassemblements comme celui-ci, il y en a aujourd’hui dans toute la France, avec une exigence commune : il faut obtenir la réhabilitation complète des Fusillés pour l’exemple de la Guerre de 1914-1918.
Par notre action commune et déterminée, nous avons amené le Président de la République à reconnaître, dans son discours de l’an dernier, le 11 novembre 2008, la pleine et entière justesse de notre cause.
Mais il a soigneusement omis un seul mot, essentiel : réhabilitation !
Cinq Conseils généraux ont adopté des résolutions en direction de la Présidence de la République pour demander cette réhabilitation. Il s’agit de l’Aisne, de l’Allier, de la Corrèze, de l’Oise et de la Haute-Saône. C’est pourquoi, en commun avec nos amis des autres associations, nous allons nous adresser à l’ensemble des Conseils généraux pour qu’ils adoptent des motions allant dans ce sens.
Nous nous félicitons que le Président du Conseil régional des Pays-de-Loire se soit adressé aussi à Nicolas Sarkozy pour demander cette réhabilitation. A l’initiative de la Libre Pensée, des milliers de signatures ont été recueillies sur la Lettre ouverte au Président de la République pour cette réhabilitation. Nous vous appelons à la contresigner massivement.
Un large mouvement d’opinion est donc engagé pour que l’hommage de la République soit enfin rendu à tous ces hommes victimes de la folie de la guerre et de la barbarie militaire.
Il fut un temps où l’on disait aux jeunes hommes rassemblés avec leur paquetage dans les casernes : « Vous êtes de la chair à canon ». C’était décliné en français, en allemand, en anglais, en russe, dans tous les pays.
Le bilan de la Première Guerre mondiale est effroyable.
Pour notre seul pays : 1 700 000 morts, civils et militaires, plus de 600 000 veuves, près de 800 000 orphelins, plus de 4 millions de blessés dont plus de 700 000 mutilés et gueules cassées. Et l’on ne parle pas des dégâts psychiatriques, des traumatisés à vie.
A cette horreur s’ajoute la terreur instituée pour faire obéir les hommes. Après l’échec de l’offensive en Lorraine, en août 1914, le général Joffre, commandant en chef des armées, demanda l'instauration de cours martiales.
Messimy, ministre de la Guerre, donna alors aux autorités militaires des pouvoirs exceptionnels.
D’août 1914 à septembre 1918, les conseils de guerre ont prononcé 2 500 condamnations à mort.
Avec les exécutions sommaires (les officiers pouvaient alors légitimement abattre sans jugement un soldat), ce sont plus de 600 soldats qui ont été fusillés "pour l'exemple", des hommes choisis au hasard - ou aussi en raison de leur engagement syndical, comme les ouvriers maçons Baudy, Prébost et Morange - jugés rapidement par des conseils de guerre spéciaux improvisés sans aucun moyen de défense, condamnés à mort, sans recours possible.
Insulter un officier ou s’endormir lors d’une garde, se dissimuler pour éviter de monter à un assaut suicidaire ou ne pouvoir y monter en raison de l’épuisement ou d’un état de choc psychologique, battre en retraite sans y être autorisé alors qu’on faisait partie des rares survivants d’une attaque, refuser d’aller rejoindre dans la mort des milliers de camarades des précédentes vagues d’assaut, proférer des propos jugés séditieux alors que l’on est saoul, autant de prétextes à des condamnations à mort par des officiers qui voulaient à tout prix imposer leur autorité, voire exorciser l’incompétence criminelle du Haut Commandement comme lors de l’offensive d’août 1914 ou celle du Chemin des Dames en 1917.
A la Chambre des députés, Pierre Brizon, qui avait participé à la conférence internationale contre la guerre à Kienthal en 1916, déclara : « J’appelle ici l’attention du gouvernement et de la Chambre en m’adressant à leurs sentiments de sympathie et de justice pour le soldat du front, plus de peine de mort pour des coups de tête. Messieurs, à l’heure où je parle, on fusille les soldats sur le front ! Des balles françaises assassinent des soldats français. Nous réclamons la même discipline pour les officiers que pour les soldats. Ne fusillez pas les généraux, je ne le demande pas. Mais ne fusillez pas non plus les soldats au nom de la discipline ».
Pour les familles des « traîtres », pour leurs veuves et leurs orphelins, s’ajoutèrent au deuil le déshonneur public, l’humiliation face aux monuments aux morts où ne figuraient pas les noms des « lâches », le refus des pensions de guerre…
Dès la fin de la guerre, des familles de fusillés pour l’exemple engageront le combat pour la réhabilitation, avec l’appui de la Ligue des Droits de l’Homme, d’associations d’anciens combattants, de syndicats, de députés et de partis. 40 victimes seront réhabilitées avant que n’éclate la seconde guerre mondiale.
Depuis 1988, la Libre Pensée a été à l’initiative de rassemblements le 11 novembre contre la guerre, revendiquant notamment que les fusillés pour l’exemple soient réhabilités.
En 2008, sur le chemin des Dames, à Craonne, la Libre Pensée, la Ligue des Droits de l’Homme, l’Association Républicaine des Anciens Combattants et l’Union Pacifiste ont organisé un rassemblement national sur cette exigence de justice.

La réhabilitation doit devenir réalité ! Tous les fusillés pour l’exemple de 1914-1918 doivent réintégrer sans réserve la mémoire collective, à égalité avec les autres victimes de la terrifiante boucherie humaine qui a ensanglanté le monde au début du vingtième siècle.
A l’heure, où le monde entier résonne toujours des bruits de la guerre, où pas un continent n’est épargné par les massacres commis sous l’uniforme, où la peur des hommes, des femmes, des enfants, est sans cesse alimentée par la violence d’autres hommes sous le treillis, le gouvernement français fait voter un budget militaire de 32 milliards d’euros.

Ce budget est la conséquence de la réintégration de la France dans le commandement militaire de l'OTAN et du vote de la Loi de programmation militaire 2009-2014 qui engloutira ces prochaines années 186 milliards d’euros au bénéfice de la Défense, dont 102 milliards seront consacrés à l’équipement des forces armées.
Et la guerre continue en Afghanistan où les troupes françaises participent aux forces dites de maintien de la paix, qui ne sont autres que les troupes du maintien de l’ordre avec toutes les conséquences sanglantes que l’on sait. Car jamais la liberté et la démocratie ne s’exporteront pas ni ne s’imposeront la baïonnette au bout du canon.
L’armée française est présente sur tous les continents pour faire régner un ordre qui n’est pas celui des peuples et des nations libres.
Aujourd’hui, près de 2,50% du Produit Intérieur Brut (le fameux PIB) est consacré aux armements et à la guerre.
Il en faudrait à peine 1% pour faire disparaître la faim dans le monde !
Combattre pour la réhabilitation des Fusillés pour l’exemple, ce n’est pas un simple devoir de justice pour le passé, c’est un formidable message pour le présent et l’avenir.
Réhabiliter les Fusillés, c’est refuser l’arbitraire et le crime en toutes circonstances, d’où qu’ils émanent, et c’est admettre comme principes démocratiques fondamentaux le droit à la désobéissance, le devoir de conscience et le désir de survivre.
Qui peut prétendre aujourd’hui que la folie de quelques-uns n’entraînera pas un jour le cataclysme pour tous les autres ?

Jean Jaurès, dont on fête le 150e anniversaire de la naissance cette année, avait une claire vision des problèmes posés, toujours d’actualité. Il écrivait en 1904 (Notre but) :
"De nations à nations, c’est un régime barbare de défiance, de ruse, de haine, de violence qui prévaut encore.
Même quand elles semblent à l’état de paix, elles portent la trace des guerres d’hier, l’inquiétude des guerres de demain : et comment donner le beau nom d’humanité à ce chaos de nations hostiles et blessées, à cet amas de lambeaux sanglants ? Le sublime effort du prolétariat international, c’est de réconcilier tous les peuples par l’universelle justice sociale. Alors vraiment, mais seulement alors, il y aura une humanité réfléchissant à son unité supérieure dans la diversité vivante des nations amies et libres. Vers ce grand but d’humanité, c’est par des moyens d’humanité aussi que va le socialisme. À mesure que se développent chez les peuples et les individus la démocratie et la raison, l’histoire est dissipée de recourir à la violence. Que le suffrage universel s’affirme et s’éclaire ; qu’une vigoureuse éducation laïque ouvre les esprits aux idées nouvelles, et développe l’habitude de la réflexion ; que le prolétariat s’organise et se groupe selon la loi toujours plus équitable et plus large ; et la grande transformation sociale qui doit libérer les hommes de la propriété oligarchique, s’accomplira sans les violences qui, il y a cent dix ans, ensanglantèrent la Révolution démocratique et bourgeoise, et dont s’affligeait, en une admirable lettre, notre grand communiste Babeuf."

Gagner la réhabilitation des fusillés pour l’exemple participe de ce combat.
Pour eux, pour nous, pour ceux qui nous suivent, nous aurons gain de cause.
Je vous remercie.

11 novembre 2009

Auragne : le maire bafoue ouvertement la loi de 1905

A Auragne, à 30 kilomètres au Sud de Toulouse, un citoyen proteste contre la violation manifeste et provocatrice de la loi de 1905.

Le dimanche 4 octobre, en accord avec le maire, présent sur les lieux, la place publique est en effet mobilisée pour une messe et un banquet en plein air.

Heure par heure, suivez le déroulement des évènements et voyez les photos sur le blog (clic ici) que tient ce défenseur de la laïcité à Auragne.

"J'ai pris cette photo car elle représente vraiment le choc des valeurs."
(blog DEFENDRE LA LAICITE A AURAGNE)

27 octobre 2009

Un Haut Conseil à l’Intégration sous influence

La Fédération nationale de la Libre Pensée a pris connaissance d’une lettre du Haut Conseil à l’Intégration sous l’autorité du Premier Ministre.
En date du 24 septembre 2009, celle-ci est accompagnée d’un exposé des motifs qui veut faire «réfléchir» aux rapports entre «religions et République».
Cette lettre a été adressée à un certain nombre de personnalités et d’associations, triées sur le volet, connues pour leur revendication d’interdiction de la burqa dans la rue. Celles et ceux qui n’ont pas la même perception des choses ne feront donc pas partie du Groupe de travail mis en place.
Il apparait donc clairement que la chose est déjà entendue, il n’y aura aucune voix discordante. Ce sont les mœurs des républiques bananières qui sont aujourd’hui à l’œuvre au sein de ce gouvernement. Le seul sujet de ce Groupe de travail est bien sûr l’Islam, les autres religions étant réputées par nature irréprochables.

Commencée par une tartufferie…
Cette lettre a été écrite huit jours après que la Fédération nationale de la Libre Pensée ait été auditionnée par la Mission parlementaire sur la burqa, mission présidée par un député PCF et dont le rapporteur est un député UMP.
Bref, comme au bon vieux temps des guerres coloniales, c’est l’Union nationale qui préside aux destinées de tout cela.
Il semble que les questions soulevées par la Libre Pensée aient posé quelques problèmes puisqu’il est dit dans l’exposé des motifs : «En constituant ce groupe de travail sur les rapports entre religions et République, le HCI souhaite contribuer à dépassionner le débat et formuler des propositions autres que législatives, afin d’éviter que ne se perpétue cet usage politicien, voire électoraliste, d’enjeux importants transformés en débats polémiques».
Exit donc, semble-t-il une loi d’interdiction de la burqa dans la rue.
Rappelons aussi que des associations comme la Ligue des Droits de l’Homme et la Ligue de l’Enseignement n’avaient pas été invitées aux auditions de cette Mission parlementaire et qu’il a fallu l’intervention de Marc Blondel, Président de la Libre Pensée, pour qu’elles le soient.
Il est vrai qu’avaient été invitées, par contre, d’autres associations qui avaient l’avantage de répondre OUI à tous les désirs de ladite Mission.

... cette audition va finir par une farce
La polémique est ouverte contre la Libre Pensée par le HCI : «Il semble aujourd’hui que la notion de sphère publique doive être questionnée, notamment quand certains invoquent qu’en dehors des services publics, les espaces de sociabilité constituent un espace privé, à l’instar du monde de l’entreprise».
Ce qui est précisément la position de la Libre Pensée.
Il est d’ailleurs éclairant de constater que le parallèle avec l’entreprise est directement inspiré de la position de la Libre Pensée contre le discours de Jacques Chirac, présentant les conclusions de la Commission Stasi en 2004 qui voulait étendre la laïcité à l’entreprise privée.
Tout cela montre l’embarras du Gouvernement qui semble ne plus savoir comment se sortir de ce guêpier.
Il est tout à fait probable que tout cela se terminera par aucune loi et que l’on demandera aux «représentants» de l’Islam DE France, autodésignés par le pouvoir politique, de faire le ménage dans ces affaires de burqa et de voile intégral. La cause de l’émancipation des femmes n’aura nullement progressé. Par contre, le communautarisme aura été un peu plus institutionnalisé. Chapeau, les artistes !

Le béret basque et la baguette sous le bras, bientôt obligatoire ?
« Le ministre de l'Immigration annonce un grand débat sur les valeurs de l'identité nationale, sur ce qu'est être Français aujourd'hui. Eric Besson, le ministre de l'Immigration, a annoncé le lancement d'un vaste débat dans le pays sur l'identité nationale, estimant notamment que le port de la burqa était contraire à cette identité, sans toutefois trancher la question de l'opportunité d'une loi, dimanche sur RTL.
Le ministre a jugé par ailleurs la burqa contraire aux valeurs de l'identité nationale. On peut débattre sur l'opportunité de la loi (...) mais sur les principes il n'y a pas de débat: la burqa est inacceptable et contraire aux valeurs de l'identité nationale, a-t-il déclaré. Eric Besson a toutefois dit ne pas vouloir trancher sur les travaux de la mission parlementaire sur le voile intégral mise en place par l'Assemblée nationale
». Lu sur internet.
Quelle hypocrisie !
Ou le port de la burqa est un objet de délinquance, et il faut l’interdire. Car c’est seulement, en République, la loi qui interdit. Si la loi n’interdit pas, elle autorise. C’est du moins la règle commune depuis la Révolution française.
Sous l’Ancien-Régime, le dit et le non-dit, l’autorisé et le non-autorisé, le possible et le pas-possible, tout cela portait un nom : le fait du prince.
Est-ce à cela que l’on veut revenir ?

Un Haut Comité à la Désintégration républicaine
Pour avoir un point de vue sur le rôle et l’action du HCI, il suffit de prendre connaissance de la lettre de démission de Jacky Dahomay de cette instance, en date du 17 décembre 2008 : «Monsieur le Président du Haut Conseil à l’Intégration,
J’ai le regret de vous présenter ma démission du Haut Conseil à l’Intégration.
Cette institution qui regroupe des membres d’horizons idéologiques divers et qui est libre en principe dans ses prises de position, ne remplit plus à mon avis la haute fonction qui lui était assignée de réfléchir profondément sur les problèmes relatifs à l’intégration et de faire des propositions au gouvernement.
Elle passe maintenant pour une simple caisse d’enregistrement de la politique gouvernementale et intervient très peu dans le débat public bien que de nombreux problèmes relevant de l’intégration ne cessent d’insister dans l’actualité…
Enfin, même si le HCI est indépendant en principe du gouvernement en place, son silence concernant les dérives graves sur la politique actuelle en matière d’immigration et d’intégration est à mes yeux inacceptable.
Pour toutes ces raisons donc je ne peux continuer honnêtement d’être membre du Haut Conseil à l’Intégration.»

Et voilà pourquoi, votre fille est muette….

Paris, le 27 octobre 2009

25 octobre 2009

Entre laïcité et parité, il faut choisir

Une nouvelle loi, la loi Carle, vient d’être adoptée à l’Assemblée nationale. Elle oblige explicitement une municipalité à payer pour la scolarité d’un élève résidant sur le territoire communal et qui serait scolarisé dans une école privée d’une autre ville.
Elle reprend, cinq ans après, l’article 89 de la loi du 13 août 2004 proposé par Michel Charasse (PS), qui avait soulevé un énorme tollé de la part de la majorité des élus locaux, en particulier des maires ruraux qui ne parviennent déjà que difficilement à financer leurs obligations pour l’école publique. Pour une ville comme Sevran, en Seine-Saint-Denis, en plus du financement des 193 élèves scolarisés à l’école catholique Sainte-Agnès de la ville, il faudrait financer la scolarité de plus de 400 enfants de la ville scolarisés dans des écoles privées d’autres communes.
Cette loi est adoptée pour « garantir la parité de financement entre les écoles élémentaires publiques et privées sous contrat d’association ».
N’est-ce pas au nom de ce même principe dit « de parité » que des milliards de fonds publics sont déversés chaque année aux écoles privées (à 90 % confessionnelles) depuis la loi Debré de 1959 ? Au nom de cette « parité », la loi Guermeur (1977) a ensuite obligé les communes à financer la scolarité des enfants dont les parents ont fait le choix de l’école privée. Les accords Jack Lang-père Cloupet (1993) permettront, eux, le financement public de toute la formation des enseignants du privé.
L’enseignement catholique privé sous contrat est désormais intégralement financé par les fonds publics détournés de l’école laïque.
La « parité » n’est donc en réalité que la principale violation de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat, qui consacre l’obligation pour l’Etat de « ne salarier aucun culte ».
La loi Carle impose le versement d’un forfait communal qui devient obligatoire en cas : d’insuffisance des capacités d’accueil dans la commune de résidence ; d’absence de garderie ou de cantine ; de raisons médicales; de scolarisation dans une même ville que les frères et sœurs. Sur le terrain, avec les suppressions massives de postes dans le public, au moins un de ces cas est de plus en plus aisé à remplir.
Cette loi consacre, avec la prétendue parité, le financement par l’Etat de l’évasion des élèves vers les écoles privées confessionnelles.
On imagine donc l’indignation politique soulevée par le vote favorable à la loi Carle des sénateurs socialistes en 2008. Cette fois, à l’Assemblée nationale, tous les députés du PS, du PCF, du Parti de gauche, du MRG ont voté contre… Les députés socialistes ont même
déposé un recours au Conseil constitutionnel. Mais il s’agit d’un recours parce que la loi ne respecterait pas vraiment… « la parité ».
Faudrait-il donc s’opposer à cette loi parce qu’elle dérogerait au principe de « parité » ou parce qu’elle déroge au principe de laïcité ?
Faudrait-il donc, au nom d’une « juste parité », faire accepter les lois Debré, Guermeur et les accords Lang-Cloupet, que tous les gouvernements ont pérennisés au prix d’une des plus catastrophiques capitulations politiques des partis de gauche sous la Ve République aussi antidémocratique qu’antilaïque ? La loi Carle doit être abrogée, ainsi que les lois Debré, Guermeur et les accords Lang-Cloupet. Il n’y a pas de « parité » entre la laïcité de l’école et de l’Etat et sa violation.
La discussion sur la loi Carle met en évidence l’urgence de rassembler les militants laïques de toutes tendances sur l’exigence commune :
A école publique,
fonds publics, à écoles privées, fonds privés.

L’enjeu est la reconquête de la laïcité de la République et de son école publique.

Un sous-préfet hors la loi ?

COMMUNIQUE
Le 9 octobre 2009, le sous-préfet de Mauriac a demandé au maire de Barriac-les-Bosquets (Cantal) de retirer la délibération du 14 septembre 2009 par laquelle le conseil municipal de cette commune avait prévu de mettre gracieusement à la disposition des familles qui le souhaitent une salle de recueillement lors des cérémonies funéraires. Les élus de Barriac-les-Bosquets, comme beaucoup d’autres dans le pays, avaient ainsi répondu favorablement, dans un esprit républicain qui les honore, à une demande de la fédération du Cantal de la Libre Pensée.

Le sous-préfet a juridiquement tort parce qu’il ne lui appartient pas de décider de la légalité d’une délibération d’un conseil municipal auquel il n’est pas fondé à en demander le retrait. Saisi par le représentant de l’Etat dans le délai du recours contentieux, seul le juge administratif peut prononcer l’annulation d’un acte de cette nature.

Il a également juridiquement tort parce que le motif qu’il invoque pour soutenir sa demande est totalement inopérant. Il considère que la mise à disposition gratuite des familles d’une salle municipale de recueillement reviendrait à instituer illégalement une chambre funéraire au sens du 6° de l’article L. 2223-19 du code général des collectivités territoriales. Comment peut-il raisonnablement assimiler la première à la seconde ? Créée à la suite de la délivrance d’une habilitation administrative, la chambre funéraire est équipée de places réfrigérées pour recevoir des corps en attente d’inhumation ou de crémation, à l’exception des personnes décédées d’une maladie infectieuse.

Placer un cercueil dans une salle municipale une heure ou deux avant son enfouissement ou sa destruction par le feu, est-ce comparable à la conservation d’un corps dans une chambre mortuaire ? Evidemment non ! Ou alors, il faut s’inquiéter : le sous-préfet serait-il sur le point d’interdire l’accès des édifices cultuels - assez différents des chambres mortuaires convenons-en - aux vivants qui souhaitent honorer la mémoire de leurs morts sous les auspices d’un prêtre, d’un pasteur, d’un imam ou d’un rabbin ? Heureusement, le ridicule ne tue pas pour ne pas encombrer les chambres mortuaires.

Pour l’égalité des citoyens
Face au nombre grandissant des obsèques civiles et compte tenu de la dispersion des familles, notre association et ses fédérations départementales et groupes affiliés mènent une campagne pour permettre à ceux qui le souhaitent de se recueillir dignement comme peuvent le faire les croyants dans les édifices cultuels. La Fédération nationale de la Libre Pensée s’était adressée à l’ancienne ministre de l’Intérieur, Mme Alliot-Marie pour lui demander d’ajouter un 9° à l’article L. 2223-19 du code général des collectivités locales tendant à enrichir le service extérieur des pompes funèbres de la mise à disposition gratuite d’une salle municipale à des fins de recueillement des familles. Elle avait refusé de saisir le Parlement d’un projet de loi comprenant une disposition allant dans ce sens.

L’actuel ministre de l’Intérieur, M. Hortefeux, dans une réponse du 11 septembre à un député alertée par la Fédération des Ardennes de la Libre Pensée sur cette importante question, a invité les libres penseurs à se tourner vers les communes pour y apporter une réponse, au prix d’ailleurs d’une inégalité de traitement des citoyens sur le territoire. Au regard notamment du code général de la propriété des personnes publiques, il précise que rien n’interdit à une commune de mettre à la disposition des citoyens, pour une somme symbolique, voire gratuitement, une salle municipale pour leur permettre de se recueillir lors d’une cérémonie funéraire.

La République ne serait-elle plus une et indivisible ?
L’Etat s’exprimerait-il différemment à Paris et à Mauriac ? Ce qui est possible Place Beauvau serait-il impossible dans le département du Cantal ? Dans sa réponse du 11 septembre à la députée des Ardennes, le ministre de l’Intérieur tiendrait-il un discours d’ouverture et par la lettre du sous-préfet de Mauriac au maire de Barriac-les-Bosquets du 9 octobre 2009 voudrait-il indirectement signifier aux partisans des obsèques civiles, bien que de plus en plus nombreux, qu’ils seraient des parias dans la République, que seuls ceux animés d’une « espérance », comme l’a soutenu dans un livre de 2004 le président de la République, mériteraient d’être dignement honorés lors de leurs obsèques ? Dans la République fondée sur la séparation des Eglises et de l’Etat depuis 1905, ce serait un comble.

Pour mettre un terme à cette cacophonie indécente, il faut une loi pour compléter la consistance du service extérieur des pompes funèbres par l’obligation faite aux communes de mettre gratuitement à la disposition des familles qui le souhaitent une salle municipale de recueillement.

Paris, le 23 octobre 2009

04 octobre 2009

Colloque sur la bio éthique

La FNLP organise à la faculté de médecine (grand amphi), à Paris, un colloque sur la bio éthique et l'état des recherches sur l'embryon humain le samedi 18 octobre de 9h à 18h.

Présentation dans une vidéo en cliquant ICI.

03 octobre 2009

Actualité de Darwin

Vendredi 20 Novembre, la Libre Pensée invite à une conférence de Jean-Sébastien PIERRE, professeur d’écologie et évolution à l’Université de Rennes I, directeur de l’UMR Ecobio (écologie, biodiversité, évolution) du CNRS et de l’Université Rennes I, membre de la CAN de la FNLP.
Darwin et sa postérité scientifique
1859-2009
Cent cinquantenaire
de
L’origine des espèces
Dans un récent colloque, un philosophe qualifiait Charles Robert Darwin de « révolutionnaire malgré lui ». Rien n’est plus juste. Bourgeois anglais libéral et modéré, Darwin est l’auteur d’une révolution scientifique majeure qui a rendu –selon le mot de Marx - le matérialisme possible.
Darwin extrait d’un coup la biologie de sa gangue spiritualiste. L’origine des espèces en finit avec le vitalisme, le finalisme, la révélation biblique et la téléonomie (théorie du but de l’adaptation).
Cent cinquante ans de recherches scientifiques ont confirmé, clarifié et précisé la théorie de Darwin. Elle constitue aujourd’hui une évidence, un cadre nécessaire à la biologie. Comment comprendre alors la résurgence des créationnismes déclarés ou plus sournois comme « la théorie du dessein intelligent » ?
L’intervenant développera ces divers points.

On trouvera en lien des émissions de Radio Canada sur le sujet et entre autres trois reportages vidéo :
L'homme descend-il du singe ?
6mn18s ; Date de diffusion : 29 janvier 2006
Darwin n'a jamais dit que l'homme descend du singe. Ce sont ses opposants qui ont résumé les idées du naturaliste par cette affirmation simpliste. Au moment de la publication de L'Origine des espèces, en 1859, la théorie de l'évolution de Darwin avait son lot de détracteurs. Elle venait contredire la thèse alors dominante selon laquelle les animaux et l'être humain étaient l'œuvre de Dieu.
Dans ce reportage de l'émission 5 sur 5, Gilles Gougeon rappelle l'évolution du débat entre les darwinistes et les créationnistes. Il explique comment l'affrontement s'est transposé aux États-Unis, où la théorie de Darwin ne fait toujours pas l'unanimité.

Darwin a gain de cause
2mn18s ; Date de diffusion : 20 décembre 2005
En décembre 2005, un juge d'une cour fédérale des États-Unis interdit aux écoles d'une petite localité de traiter de l'origine divine de la création du monde dans ses cours de sciences.
Comme le relate Joyce Napier dans son reportage, la commission scolaire mise en cause avait décidé d'inclure dans son programme la théorie du dessein intelligent, fondée sur une interprétation littérale de la Bible.

Dieu ou Darwin ?
9mn11s ; Date de diffusion : 5 février 2006
Aux États-Unis, le Kansas est le château fort des partisans du créationnisme, qui rejettent la théorie de l'évolution des espèces de Darwin.
En 2006, une équipe de l'émission Second Regard s'est rendue dans cet État, où des fondamentalistes de droite ont réussi à faire d'une question religieuse un débat politique. Elle y a entre autres rencontré Pedro Iigonegaray, un avocat qui s'inquiète des répercussions que pourrait avoir sur les enfants l'étude de réponses surnaturelles dans des cours de sciences.

18 septembre 2009

Opération Crayon rouge ou comment se "débaptiser".

Clic ici pour voir la vidéo.

Ils sont libres penseurs.

clic ici pour voir la vidéo !

Burqa : la Libre Pensée auditionnée par la Commission parlementaire

Dans le cadre des auditions de la Commission parlementaire sur le port du voile intégral (président A. Gérin, rapporteur E. Raoult), la FNLP a été invitée en même temps que cinq autres associations de défense de la laïcité.

Au cours de son intervention, Marc Blondel a protesté contre le fait que la Ligue des Droits de l’Homme et la Ligue de l’enseignement n’avaient pas été invités, et qu’il n’était pas prévu de les inviter.

Dans sa réponse, le président Gérin a fait savoir que ces organisations seraient entendues.

- pour lire la déclaration intégrale de Marc Blondel au nom de la FNLP

- pour voir et écouter cette intervention ainsi que les réponses apportées aux questions des députés

sur Youtube :

06 septembre 2009

À propos des vêtements religieux dans la vie privée

À l’occasion de son congrès national réuni en Savoie du 24 au 26 août 2009, la Fédération nationale de la Libre Pensée tient à rappeler ses positions de principe quant à la laïcité institutionnelle, et au respect des libertés démocratiques fondamentales qui garantissent le respect de la vie privée des citoyennes et citoyens de ce pays.

Une campagne médiatique d’importance a débuté à la fin du mois de juin, à partir de l’initiative d’un député du PCF, rejoint par une majorité de députés de droite, pour stigmatiser le port de la burqa et du niqab en dehors de l’École publique, de l’Administration et des autres services publics. Cette démarche a été entendue et amplifiée par le Président de la République dans son discours devant le Congrès à Versailles.
Rappelons que Nicolas Sarkozy ne nous avait pas habitués à se parer des vertus de la défense de la laïcité. Bien au contraire, puisqu’il insiste depuis des années sur la «nécessaire place» des religions dans la société et la vie publique. Une mission d’information parlementaire devrait remettre un rapport sur cette question.

Qu’est-ce que la laïcité ?
La laïcité n’est pas une philosophie ni un art de vivre, c’est un mode d’organisation politique des institutions. Elle vise, par la séparation des Églises et de l’État (loi de 1905), à distinguer institutionnellement le domaine de l’Administration et des services publics du domaine privé de la vie des citoyens.
La laïcité, comme principe politique d’organisation, s’applique aux institutions et non aux individus. C’est cette claire distinction, mise en œuvre par la loi sur la liberté d’association du 1er juillet 1901, et par la Loi du 9 décembre 1905 qui garantit la non-ingérence des conceptions métaphysiques dans le domaine public pour mieux garantir la liberté d’opinion et de comportement dans le domaine privé.
Dans cette acception, il est logiquement républicain et laïque d’interdire tout signe d’appartenance religieux à l’École publique et pour les agents du service public. C’est ce qu’ont fait la loi Goblet de 1886, la Loi de 1905 et les circulaires Jean Zay de 1936 et 1937. En revanche, la loi n’a pas à dicter les modes vestimentaires dans le domaine privé, ou tout autre comportement, tant que ceux-ci ne sont pas une menace pour la vie d’autrui.
On ne combat pas un totalitarisme en le remplaçant par un autre
Il est indéniable que le port imposé de la burqa ou du niqab est un symbole de l'oppression. Mais en quoi le port de la soutane pour les prêtres, de la robe de bure pour les moines, de la robe et de la cornette pour les religieuses, du schtreimel, du spodik ou du caftan pour certains juifs est-il moins oppressif que le port de la burqa pour certaines musulmanes ?
Rappelons que ce sont toujours les dictatures qui ont voulu imposer un mode de vie et des modes vestimentaires. En 1872, le tsar Alexandre II a interdit, en Pologne, alors sous occupation russe, le port des papillotes et des longs manteaux (costume traditionnel) pour les juifs. Le Code civil de Napoléon Ier interdisait le port du pantalon pour les femmes. De 1967 à 1974, la Grèce des colonels a interdit les cheveux longs et la minijupe. L’Histoire regorge de ces tentatives totalitaires de vouloir régenter la vie des gens.
«Lorsque le fanatisme est mis au service d’une cause ignoble, on peut le regretter, on doit le combattre, mais on peut le comprendre – intellectuellement –, car on est dans un système cohérent où les causes et les effets, les objectifs et les moyens, correspondent comme dans un puzzle parfaitement ajusté. Mais lorsque le fanatisme est mis au service d’une cause, la plus noble soit-elle, il dégrade et disqualifie ipso facto cette cause dont il prétend servir la promotion. Pourquoi ? Parce que l’être humain est un être complexe, capable de massacrer ses contemporains au nom de l’amour, de les enchaîner au nom de la liberté, de les rendre fous au nom de la raison et, en somme, de faire régner la terreur au nom de la vertu».
(Alain Graesel, ancien Grand Maître de la Grande Loge de France).
La burqa, la soutane, le caftan, sont des tenues imposées pour uniformiser la vie de ceux qui les portent, et « tout uniforme est une livrée » (Ferdinand Buisson). Pourquoi, dès lors, distinguer entre les oppressions vestimentaires ? Pourquoi interdire l’une et autoriser les autres ?

Défendre les libertés démocratiques
«La liberté, c’est toujours défendre la liberté de celui qui pense autrement» (Rosa Luxembourg). On va commencer par interdire tel vêtement, et demain où cela s’arrêtera-t-il ? Il fut une époque où il était interdit de s’embrasser dans la rue. Va-t-on nous faire tous marcher au pas de l’oie ?
Nous sommes dans une société qui ferait apparaître le régime de Big Brother dans « 1984 » d’Orwell pour un jardin d’enfants. Nous sommes fichés, surveillés, contrôlés, inspectés, fouillés en permanence. Par les systèmes informatiques, les possesseurs de la puissance électronique et du pouvoir politique peuvent tout savoir sur nous. Il y avait, sans doute, moins de risque, pour la confidentialité de ses opinions, à écouter Radio-Londres en 1942 qu’à surfer aujourd’hui sur Internet.
Et l’on va nous dire ce qui est autorisé ou pas comme vêtements ? Insidieusement, par cette campagne médiatique, certains forgent un ordre moral qui n’ose pas dire son nom. On entre de plain-pied dans le politiquement correct et la pensée unique. On cherche à formater la société.
Après le délit de sale gueule, va-t-on avoir le délit de sale vêtement ?
C’est une conception néo-totalitaire. Rappelons qu’en 1905 ce type de débat a déjà eu lieu : fallait-il une Loi de Séparation des Églises et de l’État, ou une loi de destruction des religions ? Le débat politique était clairement posé : État laïque ou État athée ? La Libre Pensée s’est retrouvée très majoritairement, avec Jean Jaurès, dans la proposition d’Aristide Briand pour une séparation : « Une loi n’a jamais pu, heureusement, réussir à réduire, ni les individus, ni les groupements d’individus, encore moins leur pensée, à l’impuissance. Une telle loi qui se proposerait un tel but ne pourrait être qu’une loi de persécution et de tyrannie. »

Fidèle à cette tradition démocratique, la Fédération nationale de la Libre Pensée examinera les conclusions de la mission parlementaire d’information et, à partir des principes ci-dessus énoncés, formulera alors ses conclusions publiquement.
Adopté à l’unanimité

05 septembre 2009

Laïque, démocratique et sociale

DÉCLARATION GÉNÉRALE
DU CONGRÈS DE LA LIBRE PENSÉE
DE PEISEY-NANCROIX
(24-26 août 2009)


Préambule
Le Congrès de la Libre Pensée réuni à Peisey-Nancroix en Savoie (73), du 24 au 26 août 2009, tient à rappeler que la reconnaissance et l’institutionnalisation des communautés est à l’opposé des valeurs de la République laïque, une et indivisible : la République reconnaît les seuls citoyens, garantie pour chacun d’acquérir une véritable liberté de conscience.
Dans une situation particulière marquée par une crise financière sans précédent sapant les bases mêmes du capitalisme et par la publication d’une nouvelle encyclique présentée comme le complément de la doctrine sociale de l’Eglise, le Congrès a estimé nécessaire de faire une déclaration générale.
Depuis la Révolution française, l’Eglise n’a pas cessé de lutter contre la République.
Aujourd’hui, il s’agit de tout autre chose. Il lui faut sauver le capitalisme et le régime.
Toutes les forces de l’obscurantisme accumulées depuis des années sont rassemblées.

Le parti clérical est de retour
Le Congrès estime que la multiplication et la médiatisation en toute occasion des rencontres officielles avec les représentants des religions, du pape au dalaï-lama, les rapports privilégiés entre le ministère de l’Intérieur et l’Église catholique, la mise en place du CFCM (Conseil français du culte musulman), sont tout à la fois la manifestation d’une ingérence de l’État dans les affaires religieuses et une institutionnalisation des communautés religieuses en France, c’est-à-dire une remise en cause fondamentale de la loi de 1905, dite de séparation des Églises et de l’État.
Les différents discours du Président de la République, tant au Latran qu’à Ryad (14/01/08) et en d’autres occasions, sont bien l’expression de cette orientation politique résolument anti-laïque.
Pour la première fois un Président de la République française explique devant le Conseil consultatif de Ryad, en Arabie Saoudite, pays démocratique s’il en est : « Une politique de civilisation, c’est une politique de la diversité, c’est une politique qui fait du respect de la diversité des opinions, des cultures, des croyances, des religions un principe universel.
C’est une valeur que j’ai voulu faire reconnaître en France en créant le Conseil du Culte Musulman. C’est la valeur qui m’inspire quand je veux faciliter la construction de mosquées en France pour que les musulmans français puissent prier dans des lieux de culte décents.
Quand Sa Majesté le Roi Abdallah rencontre le Pape, ce geste a plus d’importance pour la paix et pour l’avenir de la civilisation que bien des conférences internationales.
En faisant ce geste d’une portée immense, d’une portée symbolique, il signifie au monde, ce geste, qu’aux yeux du Roi le temps n’est plus pour les religions à se combattre entre elles, mais à combattre ensemble contre le recul des valeurs morales et spirituelles, contre le matérialisme, contre les excès de l’individualisme ».

Un mois plus tard, devant le Conseil représentatif des Institutions juives de France (CRIF), il poursuit son propos : « Le drame du XXe siècle, de ces millions d’êtres projetés dans la guerre, la famine, la séparation, la déportation et la mort, n’est pas né d’un excès de l’idée de Dieu, mais de sa redoutable absence.
L’attachement à la laïcité (…) n’est que l’expression, dans la sphère religieuse, du respect et de la tolérance que l’on doit aux convictions d’autrui (…).
Je maintiens que mes enfants ont aussi le droit de rencontrer à un moment de leur formation intellectuelle et humaine, des religieux engagés qui les ouvrent à la question spirituelle et à la dimension de Dieu. »

Du jamais vu !
Le Congrès constate que le rétablissement partiel de la loi Falloux par le décret du 16 avril 2009, permettant à l’Église catholique d’intervenir à nouveau dans la collation des grades universitaires, confirme cette orientation réactionnaire et conforte si besoin était la conviction des libres penseurs : sous une nouvelle forme, le parti clérical est de retour.
Dans son discours au palais du Latran (20/12/07), le Président de la République avait évoqué deux fois le rôle de l’Église catholique dans l’enseignement supérieur :
« Aujourd’hui encore, la République maintient les congrégations sous une forme de tutelle, refuse de reconnaître un caractère cultuel à l’action caritative ou aux moyens de communication des Églises, répugne à reconnaître la valeur des diplômes délivrés dans les établissements d’enseignement supérieur catholique alors que la Convention de Bologne le prévoit, n’accorde aucune valeur aux diplômes de théologie. »
« … Partout où vous agirez, dans les banlieues, dans les institutions, auprès des jeunes, dans le dialogue inter-religieux, dans les universités, je vous soutiendrai. La France a besoin de votre générosité, de votre courage, de votre espérance. »

Il faisait là explicitement référence au processus de Bologne, instauré par l’Union européenne et inspirateur des deux réformes les plus récentes de l’Université française : le LMD (Licence-Master-Doctorat) et la LRU (loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités impliquant leur autonomie renforcée).
Le Congrès rappelle que le processus de Bologne est à l’exact opposé de l’esprit laïque et républicain qui caractérise l’institution universitaire française depuis deux siècles, car il ignore purement et simplement toute distinction entre les formes d’enseignement supérieur, publiques ou privées, confessionnelles ou non.
Cet appel à la reconnaissance des diplômes supérieurs privés catholiques (ou d’autres religions) et a fortiori le décret du 16 avril 2009 entérinant l'accord entre la République française et le Vatican sur la reconnaissance des grades et diplômes dans l'enseignement supérieur catholique (18/12/08) sont contraires à la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, mais également aux plus anciens fondements de l’Université française.
En effet, l’institution de l’Université française en 1808 posait comme principe le monopole de la collation des grades universitaires par l’État. Remis en cause par le prolongement de la loi Falloux dans l’enseignement supérieur en 1875, ce monopole a été restauré et réaffirmé par la loi de 1880 qui dispose, dans son article premier, que « les examens et épreuves pratiques qui déterminent la collation des grades ne peuvent être subis que devant les facultés de l’État » et, dans son article quatrième, que « les établissements libres d’enseignement supérieur ne pourront, en aucun cas, prendre le titre d’universités. Les certificats d’études qu’on y jugera à propos de décerner aux élèves ne pourront porter les titres de baccalauréat, de licence ou de doctorat. »
Ce principe du monopole de la collation des grades est encore inscrit dans le code de l’Éducation (Article L.613-1, loi de 1984) : « L’État a le monopole de la collation des grades et des titres universitaires ».
Pour la Libre Pensée, il est donc impensable que les établissements d’enseignement supérieur religieux privés puissent avoir le droit de délivrer les grades universitaires.
Pour illustrer ce que signifie la fin du monopole de la collation des grades, le Congrès rappelle qu’aux États-Unis, des facultés religieuses délivrent des diplômes ès « Création du monde en six jours ».
Ces diplômes sont reconnus à l’égal de ceux délivrés par les Universités publiques.
En France, de tels égarements obscurantistes sont désormais envisageables.

Laïcité ou communautarisme ? Laïcité !
Le Congrès constate que les « évènements » qui surgissent régulièrement autour du voile islamique, des croix, des kippas et des burqas ont pour seul objet d’affirmer l’existence et la reconnaissance de communautés aux traditions différentes se heurtant aux exigences de la laïcité institutionnelle et de prôner en conséquence une laïcité tantôt « ouverte », tantôt « plurielle », tantôt « positive ».
A la fraternité républicaine, à l’égalité des droits pour tous les citoyens, à la liberté de conscience, le parti clérical cherche à substituer la mosaïque des communautés au nom du « droit à la différence », générateur potentiel d’une différence des droits et donc de conflits.
Le droit laïque et républicain n’instaure pas pour autant un athéisme officiel, car la République laïque accueille à égalité tous les citoyens, indifféremment de leurs options personnelles et de leurs traditions culturelles. S’intégrer dans la République laïque n’implique pas de se « convertir », mais d’accepter et de respecter la sphère publique ainsi que les lois conçues dans l’intérêt commun.
C’est en cela que la laïcité n’a rien d’une « exception française », qu’elle a valeur universelle et qu’elle est émancipatrice tant au niveau de la société que de l’individu.

En conséquence, le Congrès rappelle ces exigences fondamentales pour la sauvegarde de la République laïque, une et indivisible :
- strict respect de la loi de 1905,
- abrogation de toutes les lois anti-laïques,
- abrogation du statut d’exception clérical d’Alsace-Moselle,
- abrogation du décret du 16 avril 2009 relatif à la collation des grades.

Le personnalisme au service du corporatisme
« Les affirmations du traité de Lisbonne sont, de fait, inspirées de la pensée et des valeurs chrétiennes », se félicite l’organisation du patronat chrétien IXE (Initiative de Chrétiens pour l’Europe) qui souligne que « le Traité protège le statut des Églises établies en Europe selon le droit national, reconnaît leur identité et contribution spécifique et invite l’Union à maintenir un dialogue ouvert avec elles ».
Ce sont les intéressés eux-mêmes qui l’écrivent, à la suite des déclarations de la COMECE (Commission des Episcopats de la Communauté Européenne) rappelant à la veille des élections européennes du 7 juin 2009 que « l’Église catholique a dès le départ soutenu le projet d’intégration européenne et continue à le soutenir » et que « la participation des chrétiens est essentielle pour redécouvrir l’âme de l’Europe qui est vitale pour répondre aux besoins fondamentaux de la personne humaine et pour le service du bien commun ».
Le Père Jacques Turck de la Conférence des Evêques de France, explique ainsi en avril 2009 :
« Le Magistère a reconnu depuis Rerum Novarum le rôle fondamental joué par les corps intermédiaires et les syndicats pour le règlement des conflits sociaux (…). Au moment où se développent des séquestrations ou « retenues » de dirigeants d’entreprise, il est bon de faire le point sur les syndicats. En effet, ces méthodes qui ne sont pas le plus souvent le fait des leaders syndicaux, mais de salariés désespérés, montrent quelle urgence il y a à redonner une place à un dialogue mené par des personnes qui savent gérer les situations rendues plus dramatiques encore en cette période de crise. (…) Il serait alors souhaitable que chacun prenne sa part pour faire circuler une rumeur positive sur les syndicats qui s’engagent dans cette dynamique. »
C’est la réponse à l’appel du président Sarkozy : « combattre ensemble contre le recul des valeurs morales et spirituelles, contre le matérialisme, contre les excès de l’individualisme », bref défendre les thèses personnalistes et corporatistes contre les thèses rationalistes héritées des Lumières.
C’est la matérialisation de la théorie du personnalisme qui mène au corporatisme.
L’Église catholique renforce aujourd’hui son combat pour inverser le cours de l’Histoire et entraver la marche de l’humanité vers son émancipation.
La doctrine sociale de l’Église, des religions en général, se résume à la volonté de maintenir l’ordre établi, l’union du sabre et du goupillon qui soumet les consciences.
La doctrine sociale de l’Église est constituante du cléricalisme.
Le père fondateur du christianisme, Paul de Tarse, l’assène dans son epître aux romains : « Il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu ou qui soit librement autorisée par lui. En conséquence, l’esclave doit obéir à son maître, comme la femme à son mari ».
Donc se révolter contre le pouvoir, quel qu’il soit, c’est remettre en cause une autorité voulue par Dieu. C’est un sacrilège.
C’est la caractéristique de toute religion.

26 août 1789 – 26 août 2009 : l’Homme est la mesure de toute chose
Il y a 220 ans exactement, le 26 août 1789, les révolutionnaires adoptaient la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Ils fondaient ainsi la modernité en mettant l’Homme au centre de sa destinée. L’Homme devenant « la mesure de toute chose » (Protagoras), il n’y avait plus besoin de dieu. Désormais, il avait des droits du simple fait d’être Homme.
Ce 26 août 1789, la laïcisation de la société et des institutions publiques commençait. Surmontant les différentes tentatives de rétablir l’ordre ancien, elle continuera et trouvera son apogée dans l’adoption de la loi du 9 décembre 1905. Cette immense victoire sur l’obscurantisme fera dire à Jean Jaurès :
« La loi de séparation, c’est la marche délibérée de l’esprit vers la pleine lumière, la pleine science et l’entière raison ».
Aristide Briand expliquait lors des débats précédant le vote de la loi de séparation que l’État n’est pas anti-religieux, mais a-religieux. L’État doit être à la fois le garant de la liberté de conscience et de l’égalité des droits. Il ne peut donc reconnaître les religions dont la pratique relève de la sphère privée.
La laïcité n’est pas une option spirituelle, elle est un élément fondamental de l’organisation de la vie publique et partant, de la démocratie républicaine.
Remettre en cause la laïcité, comme c’est le cas aujourd’hui, c’est remettre en cause la République, donc la démocratie.
La défense de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État nécessite une mobilisation permanente contre les tentatives incessantes du catholicisme, du judaïsme, des protestantismes et aujourd’hui de l’islam pour intervenir dans tous les domaines de la sphère publique au nom du respect des particularismes communautaires, du « droit à la différence ».
Le Congrès réaffirme que toute religion, tout cléricalisme est contraire par essence à la liberté de conscience garantie par la laïcité des institutions.
L’objectif constant de la Fédération Nationale de la Libre Pensée est de faire reculer toutes les religions dans leurs prétentions à diriger le monde, de l’Église catholique à l’Islam.

La Libre Pensée est contre la guerre, hier comme aujourd’hui
La Libre Pensée rejette catégoriquement tout concept de « guerre de civilisation », opposant un « axe du Bien » chrétien à un « axe du Mal » islamique.
Cette « guerre-croisade » qui dure depuis bientôt vingt ans (1991 : Ie guerre du Golfe) ne diffère en rien quant à ses motifs de toutes les guerres impérialistes qui l’ont précédée.
Elle est contre la guerre menée au nom de la « liberté » impérialiste sur tous les continents, qui accable les peuples et les prive de leur droit imprescriptible à l’autodétermination.
Elle refuse, au nom d’une perversité supposée plus grande de l'islam, de se retrouver aux côtés des défenseurs des valeurs d’un Occident judéo-chrétien.
Les prises de position pour Taslima Nasreen, pour Salman Rushdie ou encore pour le Dr Younès Shaïkh auxquelles s’est associée la Libre Pensée, s’inscrivent par contre dans la digne continuité du combat initié par Voltaire contre l’obscurantisme religieux, pour la liberté de conscience.

Le Vatican : le moteur de l’Union européenne cléricale
Il ne peut y avoir de liberté de conscience quand existent encore le délit de blasphème, les impôts d’Église, les religions d’État, les concordats et le financement public des religions. C’est pourtant ce qui subsiste toujours dans l’Europe cléricale.
Le Congrès rappelle que sur les vingt-sept pays membres de l’Union Européenne, deux seulement connaissent une séparation des Eglises et de l’Etat : la France et le Portugal *.
L'Église catholique est bien la seule religion internationalement centralisée et sa doctrine sociale, qui prône notamment « l’ordre juste », inspire toutes les institutions mondiales réactionnaires. Appelant ses ouailles à l’action pour la reconquête, l’Église catholique infiltre toutes les institutions nationales et internationales, les ONG, les organisations politiques, les syndicats. Elle multiplie aujourd’hui les prises de position politiques avant les échéances électorales (élections européennes, législatives en Espagne, en Italie…) et participe ouvertement par des structures internationales officielles à la politique qui est élaborée à Bruxelles.
Le parti clérical n’a jamais accepté la Révolution française qui a proclamé le principe de la Nation souveraine comme une donnée universelle d’émancipation des peuples.
Pie XII déclarait ainsi en 1957 : « Les pays d’Europe, qui ont admis le principe de déléguer une partie de leur souveraineté à un organisme supranational, entrent, croyons-nous, dans une voie salutaire, d’où peut sortir pour eux-mêmes et pour l’Europe une vie nouvelle dans tous les domaines, un enrichissement non seulement économique et culturel, mais aussi spirituel et religieux ».
Face au programme clérical, le Congrès de la Libre Pensée dresse le contrat social de Jean-Jacques Rousseau qui explique dans ses lettres écrites de la montagne (6e lettre) :
« l’établissement du contrat social est un pacte d’une espèce particulière, par lequel chacun s’engage envers tous, d’où s’ensuit l’engagement réciproque de tous envers chacun, qui est l’objet immédiat de l’union.
Je dis que cet engagement est d’une espèce particulière, en ce qu’étant absolu, sans condition, sans réserve, il ne peut toutefois être injuste ni susceptible d’abus ; puisqu’il n’est pas possible que le corps se veuille nuire à lui-même, tant que le tout ne veut que par tous.
Il est encore d’une espèce particulière en ce qu’il lie les contractants sans les assujettir à personne, et qu’en leur donnant leur seule volonté pour règle, il les laisse aussi libres qu’auparavant.
La volonté de tous est donc l’ordre, la règle suprême, et cette règle générale et personnifiée est ce que j’appelle le souverain.
Il suit de là que la souveraineté est indivisible, inaliénable, et qu’elle réside essentiellement dans tous les membres du corps ».


La Libre Pensée est laïque, démocratique et sociale
Le Congrès de la Libre Pensée estime que dans les circonstances actuelles de résurgence du parti clérical, de la mise en application des thèses corporatistes et personnalistes, il importe pour les libres penseurs de réaffirmer avec force la Déclaration de principes adoptée par le congrès mondial des libres penseurs tenu à Rome en 1904.
Le Congrès de Peisey-Nancroix déclare :
La Libre Pensée n’est pas une doctrine, elle est la méthode qui consiste à soumettre aux lois de la raison l'organisation sociale elle-même.
La laïcité intégrale de l'État est la pure et simple application de la liberté de penser à la vie collective de la Société. Elle consiste à séparer les Églises de l'État, non pas sous la forme d'un partage d'attributions entre deux puissances traitant d'égal à égal, mais en garantissant aux opinions religieuses la même liberté qu'à toutes les opinions, en leur déniant tout droit d'intervention dans les affaires publiques.
La Libre Pensée n'étant complète que quand elle entreprend de réaliser socialement l'idéal humain, elle doit tendre à l'institution d'un régime dans lequel aucun être humain ne pourra plus être sacrifié ni même négligé par la société, et par conséquent ne sera plus mis ou laissé par elle, directement ou indirectement, dans l’impossibilité pratique d'exercer tous ses droits d'homme et de remplir tous ses devoirs d'homme.
La justice sociale n'est que la raison appliquée par l'humanité à son propre gouvernement.
En d'autres termes, la Libre Pensée est laïque, démocratique et sociale, c'est-à-dire qu'elle rejette au nom de la dignité humaine, ce triple joug : le pouvoir abusif de l'autorité en matière religieuse, du privilège en matière politique et du capital en matière économique.

Vive la République ! Vive la Laïcité ! Vive la Sociale !

Adoptée à l’unanimité

* Dans la constitution portugaise de 1976 figure la séparation des Eglises et de l’Etat. Dans le même temps, le concordat salazariste de 1940, rénové par Barroso, n’a jamais été abrogé.