30 juin 2007

Semaines Sociales de France, 82° édition

« Vivre autrement, pour un développement durable et solidaire » : tel est le thème des prochaines Semaines Sociales de France qui se dérouleront au CNIT Paris-La-Défense du 16 au 18 novembre 2007. En 2006, c'était "Qu'est-ce qu'une société juste ?". Aux SSF, on a de la suite dans les idées, c'est indéniable.
"Permettre à un large public de s’informer, de réfléchir, de débattre et d’imaginer ce que pourrait être un monde plus juste et plus fraternel", "promouvoir la pensée sociale de l’Eglise", "former des chrétiens engagés", "proposer des mesures" qui sont, soulignent les organisateurs des SSF, "souvent reprises par le législateur" sont depuis 1904 autant d’objectifs clairement affichés, avec depuis quelques années une vocation internationale.
Présidées par Jérôme Vignon depuis 2007, à la suite de Michel Camdessus, de Jean Boissonnat et de Jean Gélamur, les Semaines Sociales de France prétendent être "un lieu de liberté où, quel que soit l’horizon politique, culturel et religieux d’où l’on vient, il est possible de s’exprimer et d’être écouté. Un lieu où la réflexion intellectuelle est confrontée aux témoignages d’opérateurs économiques et sociaux. Un lieu où la recherche de sens et la proposition de repères éthiques ne sont pas de vains mots."

« Vivre autrement, pour un développement durable et solidaire » : tout un programme... Expliquant que « la tradition chrétienne doit réagir à ce retour en force d'une invitation à la solidarité entre les peuples et à la retenue dont elle n'a plus le monopole », les organisateurs des SSF entendent « contribuer à aborder un changement, qui à l'analyse des situations concrètes, se heurte à d'immenses difficultés et à de multiples contradictions, aider à penser une évolution profonde de nos modes de vie, aux cotés de responsables politiques dont la tâche est de transformer un sentiment collectif d'urgence en une réelle capacité de changement ».
L’Apocalypse écologique plane sur nos têtes et celles de nos enfants. Ce qui nous vaut cette envolée grandiloquente dans le programme des SSF :
« Ne sommes-nous pas, pour la première fois peut-être dans l’histoire de l’humanité, devant l’impératif annoncé d’un changement de civilisation ? Cette limite qui contraint l'usage des richesses et "l'avoir" n'ouvre-t-elle pas à "l'être" de nouveaux espaces de liberté ? Pour vivre autrement, il faudra mobiliser toutes les cultures dans un dialogue ouvert sur l’espérance »…

…et la « société juste » ?

Les orateurs annoncés pour ces prochaines Semaines Sociales ?
Jean-Marc Jancovici, polytechnicien, spécialiste du changement climatique et des questions énergétiques, proche des thèses d’Ivan Illich et du concept de « contre-productivité » : la médecine tue, l'école abrutit…
Jancovici parlera de « la double insoutenabilité du mode actuel de développement à la fois dans l'espace et dans le temps ». Il va falloir s'accrocher.
Nicholas Stern, l'économiste britannique, ancien vice-président de la Banque mondiale, et auteur d'un rapport sur les évolutions climatiques, jouera de toute son autorité pour démontrer que la solution passe avant tout par une modification des comportements.
Laurence Tubiana, directrice de l’Institut du développement durable et des relations internationales, ancienne conseillère chargée de l’environnement auprès de Lionel Jospin expliquera qu’il faut « avant tout vivre autrement une coresponsabilité territoriale, urbaine ou rurale, entre les divers échelons géographiques de décision ». Soeur Tubiana dévoilera certainement tous les mystères de la trinité : subsidiarité, régionalisation, privatisation.
Il s’agit là des politiques chrétiens.
Après on passe, nuance, aux chrétiens politiques :
Elena Lasida, économiste, chargée de mission à Justice et Paix, maître de conférence à l’Institut catholique de Paris. Avec elle, les participants s’interrogeront :
« La nécessité de vivre ensemble autrement ne doit-elle pas mobiliser toutes les énergies, toutes les personnes, toutes les cultures, toutes les familles de pensée ? ». La réponse est dans la question. Kouchner et quelques autres ont devancé l'appel.
Jacques Arnould, dominicain, scientifique et théologien, chargé de mission au Centre national d’études spatiales (CNES) et Bernard Chevassus au Louis, biologiste, directeur de recherches à l’INRA, ancien président du Muséum d’histoire naturelle disserteront sur le fait de savoir si "au sein de la nature", nous sommes "simples gardiens d’un ordre immuable ou co-créateurs ?". Bref, si nous sommes les flics de Dieu ou ses partenaires... Quelle audace !
Denis Clerc, économiste, fondateur du magazine "Alternatives économiques" et Bertrand Collomb, président d'honneur du Groupe Lafarge, membre de l'Institut, apporteront une note de fraîcheur en fin de session en répondant à une question de fond, car les SSF comme on s'en doute, ont réponse à tout :
« Comment résoudre les conflits d’intérêt entre le souci d’un développement durable et celui de l’entreprise dont la finalité et les contraintes sont avant tout financières et économiques ? »

En voilà une bonne question !