06 juillet 2007

au Festival d’Avignon, l'on y prie tout en rond…

Si vous vous rendez au Festival d’Avignon, vous y trouverez des professionnels de la scène, maîtres du travestissement et des histoires à dormir debout : l’association Foi et Culture qui recommande notamment l’exposition commentée sur le Linceul de Turin. Plus exactement une "Exposition/évangélisation sur le linceul de Turin". Un dénommé Daguet, auteur d'un "Linceul du Ressuscité" présente cette expo. Dans la Chapelle des Pénitents Gris, nous dit-on, "on découvrira un document sans pareil qu’il est impossible aujourd’hui, quand l’on tient compte à la fois des arguments scientifiques et historiques, de considérer comme n’étant pas le dernier vêtement de Jésus de Nazareth".
Tout le monde devrait y trouver son bonheur :
"Aux chrétiens, cette exposition leur permet de récupérer un signe d’une grande importance et comme une source d’enseignement incomparable sur la Passion du Christ. Aux agnostiques et aux athées, elle leur permet de se faire une idée plus précise – et donc plus riche, plus complexe et plus troublante – sur un sujet que les gros médias ont tendance généralement à traiter avec un parti pris négatif et simpliste".
Comme chaque année, il y a des "animations et spectacles chrétiens". A lire le programme, on en a l'eau (bénite) à la bouche.
Il est évidemment hors de question de louper
"Le Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc" de Charles Péguy.
Charles Péguy, le catholique militant, qui a écrit ces vers inoubliables :
Heureux ceux qui sont morts
Dans les grandes batailles.
Couchés dessus le sol,
A la face de Dieu.
Extrait de la pièce, pour vous mettre en appétit :
(Elle se rassied et recommence à filer.)
Enfin ce qu’il nous faudrait, mon Dieu, il faudrait nous envoyer une sainte... qui réussisse.
(Une voix monte de la vallée, vient, s’approche. C’est Hauviette qui vient. Elle monte du bourg par le sentier. Elle chante :)
Les Anglais n’auront pas
La tour de Saint-Nique Nique,
Les Anglais n’auront pas
La Tour de Saint-Nicolas.

Après Péguy, un coup de Sainte Thérèse d'Avila s'impose (celle dont le Bernin a sculpté l'extase - cf photo - si équivoque) : "Le Château de l’âme de Ste Thérèse d’Avila" tiré des oeuvres complètes de Ste Thérèse de Jésus que l'on se doit d'avoir dans toute bonne bibliothèque.
Un vrai thriller, si l'on en croit France Catholique :"Le personnage (de Sainte Thérèse d’Avila) est interprété avec énormément de vérité. Lucile Vignon a réussi à rendre la saveur, le réalisme, le bon sens spirituel éloigné de tout mysticisme de bas étage, et même à y introduire un soupçon de suspense. On a envie de savoir ce qu’il y a dans la prochaine demeure".
Et on ne manquera sous aucun prétexte l'inénarrable "Une amie de longue date, sainte Thérèse de Lisieux "
Et oui, quand certains entendent le mot culture, ils sortent le crucifix.
Question subsidiaire : ces spectacles bénéficient-ils de subventions publiques dans le cadre du Festival ?
Au Festival d'Avignon,
L'on y prie, l'on y prie,
Au Festival d'Avignon,
L'on y prie tout en rond.
Et les abbés font comme ça
Et puis encore comme ça.