23 juin 2007

la loi de 1905 ? Quelle loi de 1905 ?

"Que le pape écrive pour féliciter un nouveau chef d’État, rien de plus banal dans les usages diplomatiques du Saint-Siège. Mais que le récipiendaire, en l’occurrence Nicolas Sarkozy, lui réponde sous la forme d’une lettre substantielle et longue – dont La Croix a eu connaissance – est chose plus rare."
Voilà, tel qu'il est nous est livré, le "scoop" du journal La Croix du 22 juin qui ne publie pas, à notre grand dam, la lettre en question. Le journal continue :
"Surtout venant de la France, pays qui, aux yeux de Rome, fait souvent montre d’une laïcité trop raide."
Parce qu'une laïcité, au cas où vous ne le sauriez pas, ça peut être plus ou moins raide. Et au Vatican, on l'aime plutôt molle, voilà tout. Mais reprenons la lecture du saint journal :
"Ce nouveau climat de la part du pays responsable, aux yeux du Vatican, de la suppression de la mention des « racines chrétiennes de l’Europe » dans le débat sur la Constitution européenne, est donc bien accueilli à Rome."
Comme a dû étre bien accueillie la nomination de Christine Boutin, applaudie et bénie celle du père Petitclerc.
En plus, on a dû bien rire dans les corridors pontificaux quand on appris que la "sulfureuse" Fadela Amara avait rejoint le duo Boutin-Petitclerc et que Malek Boutih essuyait déjà ses baskets sur le paillasson du ministère. Les rires ont dû monter jusqu'au dôme de la basilique Saint-Pierre quand quelqu'un a lancé, hoquetant, que Sylvia Zappi, la journaliste du Monde et grande copine de Fadela dans NPNS (Ni Putes Ni Soumises) rôdait peut-être aux alentours du ministère, pendant qu'Onfray, sans appétit et le coeur battant, attendait que son téléphone sonne pour l'inviter à un petit-déjeuner - peut-être même un dîner ! - à deux. Avec qui vous savez.
Une bien-bien belle époque, décidément.
Et La Croix de nous rappeler qu'il y avait eu des signes annonciateurs :
"Déjà, l’entretien accordé par Nicolas Sarkozy, alors candidat, à l’hebdomadaire Famille chrétienne, où il affirmait notamment que le christianisme « participe de manière essentielle à l’identité nationale », avait été lu ici [au Vatican] avec intérêt. Et au lendemain de son élection, le cardinal Jean-Louis Tauran se réjouissait, dans le quotidien catholique Avvenire, de la « position extraordinairement ouverte de M. Sarkozy sur le thème des religions ».
Le cardinal français, qui fut responsable de la diplomatie vaticane pendant l’essentiel du pontificat de Jean-Paul II, avait rappelé le livre écrit par l’actuel président français « La République, les religions, l’espérance », où ce dernier évoquait la possibilité de réformer la loi de 1905, pilier de la laïcité française « rompant ainsi avec un tabou de la politique française ». Une perspective à laquelle le candidat Sarkozy a ensuite déclaré renoncer, dans son entretien à La Croix .
Une autre preuve de la satisfaction de Rome après le choix des Français a été donnée mercredi par le cardinal Tarcisio Bertone : tranchant avec la prudence diplomatique de mise dans la Curie romaine, le secrétaire d’État se félicitait des voyages de Nicolas Sarkozy en Europe et des changements de la position de la France par rapport aux racines chrétiennes de l’Europe : « Nicolas Sarkozy s’est déplacé un peu partout en Europe, et je vois que la France aussi est en train de changer ses orientations et ses positions sur ce thème » disait le bras droit du pape".
Visiblement soulagé, le bras droit nous donne in petto sa conception de la laïcité qui ne surprendra personne :
"C’est une bonne chose, car une saine [NDLP : ou "sainte" ?] laïcité peut aussi être parfaitement compatible avec la reconnaissance de ses racines, de ses origines chrétiennes et de sa propre identité chrétienne."
La laïcité peut donc avoir une identité chrétienne ! CQFD. Il ne nous manque plus qu'un ministère de l'identité chrétienne, et le Vatican sera comblé.
La Croix tempère tout de même l'enthousiasme de ses lecteurs qui doivent, à ce point de l'article, approcher du septième ciel :
"Cependant, la réponse de Nicolas Sarkozy à Benoît XVI ne semble pas faire mention des racines chrétiennes, mais évoque plus largement la spiritualité en Europe. D’ailleurs, au Saint-Siège même, cette mention ne figure plus au rang des urgences. Certes, le pape y reste attaché. Mais, dans le contexte actuel, Rome est beaucoup plus inquiète sur le point de savoir si, dans le futur traité simplifié discuté vendredi 22 juin par les dirigeants européens, sera conservé ou non l’article 52 de l’ancien projet, reconnaissant le principe d’un dialogue institutionnalisé entre Églises et instances européennes."
Mais il y a un lot de consolation pour le lecteur un tantinet désappointé :
"En attendant, il est probable que le nouveau chef de l’État français se rende rapidement en visite officielle au Vatican. S’il est encore trop tôt pour en connaître la date, le souhait de Paris est de consacrer autant que possible ce déplacement au seul Saint-Siège, sans le lier à une visite aux autorités italiennes comme le font beaucoup d’autres chefs d’État."
Ce sera avant la venue de Benoît XVI en France pour le 150° anniversaire des apparitions de Lourdes à l'automne 2008.
La loi de 1905 ? Quelle loi de 1905 ?