31 décembre 2006

Vendredi 9 février : premier hommage à Giulio Cesare VANINI

Programme du vendredi 9 février :
18h30 :
rassemblement place du Salin

20h30 :

Conférence
de Didier FOUCAULT
salle Duranti-Osète,
6, rue du Lieutenant-Colonel Pélissier (clic ici pour accès au plan)
Professeur agrégé, docteur en histoire et maître de conférences à l'Université de Toulouse-Le Mirail, Didier Foucault est l'auteur de "Un philosophe libertin dans l'Europe baroque - GIULIO CESARE VANINI (1585-1619)" (éd. Honoré Champion - 2003).

Dans les Annales manuscrites de l’Hôtel de Ville de Toulouse, à l'année 1619, on trouve l'information suivante :
« (...) le samedi neuvième du mois de février (…) fut donné arrêt au rapport de M. de Catel, conseiller au parlement, par lequel il [Vanini] fut condamné à être traîné sur une claie, droit à l’Eglise Saint-Etienne, où il serait dépouillé en chemise, tenant un flambeau ardent en main, la hart [ la corde avec laquelle on étranglait les criminels.] au col, et, tout à genoux devant la grande porte de la dite église, demanderait pardon à Dieu, au roi, à la justice, et de là (…) serait conduit à la place du Salin où, assis sur un poteau, la langue lui serait coupée, puis serait étranglé, son corps brûlé et réduit en cendres ; ce qui fut exécuté le même jour. »
Guillaume de Catel, le conseiller dont il est question dans ce texte, est considéré comme le premier historien de la ville de Toulouse pour son "Histoire des Comtes de Toulouse".
Mais ce que l'on sait moins, c'est que Catel est le principal persécuteur de Vanini. Quand on lit sa dédicace au Duc de Montmorency,dans son "Histoire des Comtes de Toulouse", on saisit vite avec quel triste sire nous avons affaire :
"Monseigneur,
M'étant laissé porter de donner au public l'Histoire des Comtes de Toulouse, dont la mémoire était comme perdue dans le cours de trois ou quatre siècles entiers, j'ai cru vous la devoir offrir, à cause de l'intérêt que vous avez en cet ouvrage. Vos célèbres Majeurs ayant assisté généreusement le Roi Louis en la Croisade qu'il fit pour purger cette Province de l'Hérésie des Albigeois, et même le sujet de ce Livre n'étant autre que de ce qui est advenu dans le Languedoc (...)".
A l'époque, le Duc de Montmorency, Duc pair et Amiral de France, Gouverneur et Lieutenant général du Roi au pays de Languedoc, est fort bien en cour. Ce n'est pas encore le conspirateur qui sera décapité à Toulouse neuf ans plus tard, en 1632, pour crime de lèse-majesté après avoir comploté contre Richelieu.

En 1619, Catel parvient donc à convaincre le Parlement de Toulouse de la culpabilité de Vanini et met tout en oeuvre pour obtenir sa mise à mort dans les souffrances que l'on sait. Le décret de condamnation précise que le conseiller perçut seize écus pour ce travail. Mais bien sûr, là n'est pas l'essentiel pour le conseiller Catel. A 59 ans (il mourra à 66 ans), la renommée frappe à son huis et quatre ans après l'affaire, il s'enhardit bien humblement, dans sa dédicace au prince, à revendiquer somme toute une certaine forme de parenté avec les illustres aïeux du Duc de Montmorency, grands pourfendeurs d'hérétiques devant l'Eternel. A défaut d'être une parenté par le sang qui coule dans nos veines, Monseigneur, n'est-ce pas une parenté par le sang que nous avons sur les mains, moi le conseiller Catel, et vous les Montmorency ?

Trois ans après avoir écrit cette dédicace et publié son "Histoire des Comtes de Toulouse", le conseiller Catel meurt, persona grata de la Cité.
Aujourd'hui encore le buste de Catel trône parmi les Illustres au Capitole de Toulouse. A quel titre ? Celui de premier historien de la ville de Toulouse ? Mais la place revient plutôt à Nicolas Bertrand qui un siècle plus tôt publia une histoire des Toulousains, "Les gestes des Toulousains et d'autres nations de l'environ".
Au titre de principal persécuteur de Giulio Cesare Vanini alors ? Il faut bien le croire, car sur le socle de son buste, haut perché dans le passage menant à la salle des Illustres proprement dite, est gravée une inscription en latin précisant que Guillaume Catel est célèbre pour son rapport et tous les jugements qui permirent de traîner dans les flammes de la damnation Vanini, l'impie athée - « Guilelmus Catel, .... vel hoc uno memorandus quod, eo relatore, omnesque judices suam in sententiam trahente Licilius Vanini, impius atheus, flammis damnatus fuerit ».
Le buste du conseiller Catel n'a pas sa place parmi les Illustres de la ville de Toulouse.
La fédération de la Haute-Garonne de la Libre Pensée demande que ce buste soit retiré.

Elle lance également une campagne pour que place du Salin, là où Giulio Cesare Vanini fut torturé et brûlé, soit érigé un monument en hommage à Vanini et à tous ceux, pionniers de la Raison et des Lumières, qui furent persécutés pour leurs idées philosophiques et scientifiques, victimes de l'obscurantisme religieux.