29 décembre 2006

Education nationale ou Instruction publique ?

UNE CONFERENCE DE MICHEL ELIARD
















Lepeletier ou Condorcet ?

Faut-il opposer instruction et éducation ?
Cela nous renvoie aux débats sur la réorganisation de l’école des premières années de la Révolution française.
Pas moins de 25 projets ont été présentés.
Les plus célèbres sont les deux nommés.
On les a souvent opposés au moyen de ces deux objectifs : « instruction et éducation » alors que ces deux révolutionnaires les ont réunis, quoique de manière différente.
Tous deux d’origine noble, l’un marquis (Condorcet), l’autre comte (Lepeletier), ils se sont rangés du côté du peuple et ont combattu pour que la République instruise tous les enfants et les éduque pour en faire des citoyens.
Tous les deux ont été présidents de l’Assemblée nationale, Lepeletier de la Constituante en 1790, Condorcet de la Législative en 1792.
Lepeletier était montagnard, Condorcet était proche de la Gironde ; Lepeletier mourra assassiné pour avoir voté la mort du roi, Condorcet mourra sur la guillotine dans le tumulte de la Terreur.
La différence essentielle réside dans le fait que pour Condorcet l’instruction est à la base de l’éducation et constitue son seul fondement, alors que pour Lepeletier c’est par l’éducation qu’il faut commencer.
Condorcet a d’abord écrit les "Cinq Mémoires sur l’instruction publique" qui vont servir de base au rapport qu’il présente en 1792 à la Législative, Rapport et projet de décret sur la réorganisation de l’enseignement public.
Voici un résumé des propositions de Condorcet, 5 points essentiels :
a- Une instruction égale, universelle et complète.
b- Une instruction égale pour les filles et les garçons.
c- Une instruction égale sur tout le territoire national : une école pour tout groupement de 400 habitants.
d- Une instruction permanente à tous les âges.
e- Une école républicaine et laïque
La grande préoccupation de Condorcet était d’armer l’individu par les savoirs fondamentaux pour lui permettre de se soustraire à la dépendance, de s’émanciper, de séparer rigoureusement savoirs et opinions et en particulier les croyances religieuses, de créer les conditions d’une République de citoyens.

L’Ecole de Condorcet est une institution publique gratuite et laïque (pas d’obligation) avec des instituteurs payés par l’Etat, des manuels, des programmes nationaux et répartie de manière égale sur tout le territoire national, égale pour les enfants des deux sexes. Elle reste cependant hiérarchisée et non égalitariste.

Lepeletier considère comme acquis les principes adoptés par le Comité d’instruction publique qui a travaillé en 1792-93 sur la base du rapport Condorcet, mais il considère qu’il y manque l’essentiel, à savoir l’éducation et qu’il faut commencer par là.
Pour ce faire et pour aboutir à une société égalitaire qui était sa grande préoccupation et à un pays régénéré, il a proposé que tous les enfants sans exception, riches ou pauvres, soient retirés à leur famille et internés dans des Maisons d’éducation de 5 à 12 ans.
La description de la vie dans ces établissements est assez spartiate :
- Mêmes vêtements, même nourriture, même régime ceci pour égaliser.
- Coucher à la dure, règles de discipline très austères, éducation physique prioritaire.
- Travail manuel pour tous sur les routes, dans les champs, à la production dans des ateliers.
- Education différente entre garçons et filles.
- Aide aux vieillards et handicapés ;
- Un conseil de 52 pères, chacun résidant là une semaine par an pour assurer la surveillance.
«Ainsi se formera une race renouvelée, forte, laborieuse, réglée, disciplinée et qu’une barrière impénétrable aura séparée du contact impur des préjugés de notre espèce vieillie »
C’est l’éducation d’Etat avec ses fêtes civiques les jours de repos qui enrôlent autour de la nation.
Cela ferait peut-être un peu de bien à notre école d’aujourd’hui. Liliane Lurçat a raison de mettre l’accent, dans la réédition de son livre "La destruction de l’enseignement élémentaire et ses penseurs", sur le fait que si on veut restaurer un véritable apprentissage du savoir à l’école primaire, il faut une discipline comme condition à la socialisation.
L’opposition entre les deux plans ne se situe pas au niveau où on la situe habituellement. Ils ne traitent pas de la même chose.
Marx a critiqué l’éducation du peuple par l’Etat dans la "Critique du programme de Gotha" de Lassalle :
« Une éducation par le peuple par l’Etat est chose absolument condamnable. Déterminer par une loi générale les ressources des écoles primaires, les aptitudes exigées du personnel enseignant, les disciplines enseignées, etc., et, comme cela se passe aux Etats-Unis, surveiller à l’aide d’inspecteurs d’Etat, l’exécution de ces prescriptions légales, c’est absolument autre chose que de faire de l’Etat l’éducateur du peuple ! Bien plus, il faut proscrire de l’école au même titre toute influence du gouvernement et de l’Eglise. Bien mieux, dans l’empire prusso-allemand… c’est au contraire l’Etat qui a besoin d’être éduqué d’une rude manière par le peuple ».
Aucun de ces plans ne fut appliqué réellement.
Quand le plan de Condorcet fut présenté à l’assemblée le 21 avril 1792, Louis XI est venu déclarer la guerre à l’Autriche.
Le plan Lepeletier a été présenté par Robespierre en 1793. Mais la révolution n’eut ni le temps ni les moyens de réorganiser complètement l’Ecole et d’édifier un système complet d’instruction publique.
Est-ce à dire que rien n’a été fait si l’on en croit certains historiens comme FURET et OZOUF qui affirment : "malgré ses professions de foi, la Révolution n’a rien fait pour transformer l’école élémentaire ?"
Ce n’est pas l’avis de Jaurès qui rétorquait le 3 mars 1904 au député Lerolle, au moment d’un débat sur la séparation, que la Révolution n’avait pas pu accomplir tout son programme scolaire parce qu’elle devait faire face à la conjuration des noblesses européennes, mais qu’elle avait déraciné les congrégations ;
La révolution avait fait des professions de foi, très républicaines et jeté les bases de ce que les républiques ultérieures reprendront et édifieront. En particulier :
Le 30 mai 1793, la Convention décrète que chaque localité ayant entre 400 et 1500 habitants devra posséder au moins une école (Condorcet).
Le droit à l’instruction devient constitutionnel dans l’article 22 de la nouvelle Déclaration des droits et placé en tête de la constitution du 24 juin 1793.
La loi du 19 décembre 1793 établit l’obligation et la gratuité, salarie les instituteurs (fin de l’écolage) et fixe les programmes : lecture, l’écriture, l’arithmétique, la morale .
La constitution de 1795 confirme et pourvoit au logement des instituteurs.

Les démolisseurs :

La question qui se pose est celle-ci :
sommes-nous en face d’un processus de réformes s’efforçant d’adapter l’école au monde moderne, mais pour lesquelles il manquerait des moyens ? Ou bien sommes-nous en face d’une démolition délibérée et pourquoi ?
Nous sommes face à d’énormes mystifications.
Un exemple :
Les taux de réussite au baccalauréat.
Quel paradoxe ! Les conditions d’enseignement se dégradent et il y aurait de plus en plus de lycéens capables d’entrer à l’université ?
Mais on parle moins de l’autre face de la médaille : il y a de plus en plus de bacheliers qui entrent à l’université avec un minimum de connaissances et de plus en plus d’élèves qui entrent dans l’enseignement secondaire sans savoir lire et écrire correctement.

J’ai publié en 1984 "L’école en miettes ?". Cet ouvrage n’a eu aucun succès dans le milieu universitaire. En revanche des militants y ont trouvé des arguments pour résister. On m’a reproché une vision catastrophiste, parce que l’analyse mettait en évidence des tendances encore non réalisées mais assez clairement tracées et inquiétantes pour l’avenir de l’enseignement public. Je ne pensais pas, à ce moment-là, que ce processus destructeur se développerait aussi vite.
J’écrivais en particulier en résumant le programme des « réformateurs » :
« L’Ecole publique devrait cesser d’être la même pour tous, délivrant des diplômes nationaux, pour éclater en autant d’établissements autonomes avec leurs projets pédagogiques propres, cherchant progressivement leurs sources de financement local, s’ouvrant aux réalités de leur région, de leur quartier, au nom d’un prétendu respect des différences qui masque un objectif inavoué de renforcement de la ségrégation sociale.
Si de tels objectifs se réalisaient le résultat serait, à coup sûr, une Ecole en miettes. »
Il y avait peu de livres qui allaient dans le même sens.
Aujourd’hui il y en a des centaines.

A. La démolition est programmée depuis longtemps. En voici les preuves :
1- La société éducative a été programmée aux USA et reprise par les ministres de l’Education Nationale européens dès après 1968 .
La Commission de Bruxelles n’a pas inventé la fameuse « société éducative » et «l’enseignement tout au long de la vie». Il y a une trentaine d’années j’avais trouvé une communication faite à un Colloque à Naples qui s’appelait "L’idée d’une société éducative" (1972). On y lisait :
« L’enseignement scolaire aux Etats-Unis est très inefficient et les énormes ressources dont il dispose (et qui augmentent an par an) ont besoin d ‘être orientées, à présent, en d ‘autres directions...
Il est évident que la culture ne peut pas continuer à être confinée à l’intérieur des salles de classe et que l’étudiant continue à s’instruire après avoir quitté l’école. On acquiert des connaissances dans un grand nombre de milieux- à la maison, dans les groupes de même condition sociale, dans 1’église, à l’atelier, dans la communauté…
Dans la société éducative de l’avenir (bien distincte de la société du présent, instruite dans les salles de classe), l’école ne figurera probablement que comme l’une des nombreuses institutions responsables de l’éducation et du bien-être des jeunes et des vieux également ».
Ce texte est inspiré d’un rapport de La Rand corporation(Rand= Recherch and development), fondée par l’US Air Force en 1945 et dépendant de Douglas Aircraft Company pour la recherche spatiale. Elle est devenue indépendante en 1948 et s’est occupée de toute une série de domaines dont la jeunesse, l’éducation, la santé. Son budget annuel actuel : 160 millions de dollars ! Il est intéressant de savoir que parmi ses administrateurs il y a eu Franck Carlucci, président du groupe Carlyle, Condoleeza Rice et Donald Rumsfeld.
Voilà pour l’inspiration étatsunienne de la politique européenne en matière scolaire.
J’ai constaté en Californie que ce programme était en marche avec le Home schooling. Un nombre croissant d’enfants ne se rendent plus à l’école. Ils apprennent à la maison, par ordinateur ou avec des parents du quartier qui échangent leurs connaissances. On assiste à une espèce de retour au troc et à une forme d’enfermement des enfants dans le quartier ou dans le communautarisme.

2- Les organisations internationales - OCDE, Banque mondiale, Omc, UE - ont systématisé sa mise en place contre l’instruction publique
Vous connaissez sûrement cette extraordinaire proposition des technocrates de l’Union européenne :
« Pour rapprocher l’offre de formation du niveau local, il faudra aussi réorganiser et redéployer les ressources existantes afin de créer des centres appropriés d’acquisition des connaissances dans les lieux de la vie quotidienne où se réunissent les citoyens -non seulement les établissements scolaires, mais aussi les cercles municipaux, les centres commerciaux, les bibliothèques et musées, les lieux de culte, les parcs et les places publiques, les gares ferroviaires ou routières, les centres médicaux et complexes de loisirs ainsi que les cantines des lieux de travail ».
Nul doute qu’en faisant la queue le samedi soir au cinéma, qu’en attendant son tour chez le médecin ou son train, qu’entre deux prières, “l’apprenant” fera son plein de connaissances !
Cette idée intéressante pour contribuer à l’équilibre budgétaire est l’application du traité de Maastricht. Ce sont deux professeurs d’université qui le disent dans un livre intitulé "La république n’éduquera plus : la fin du mythe Ferry". D’après eux la forme scolaire actuelle est obsolète et il faut rapprocher l’école de l’entreprise, abandonner la séparation de l’enseignement public et de l’enseignement privé. Et ils osent affirmer que la décision de décréter l’obligation scolaire en 1882 était une erreur. Autrement dit, il aurait fallu laisser les parents libres d’envoyer ou non leurs enfants à l’école comme l’avait fait, selon eux, Condorcet. Il y a là une véritable imposture, car si Condorcet, l’auteur du "Rapport sur l’instruction publique" en pleine révolution de 1789, n’a pas proposé l’obligation scolaire c’est qu’il pensait qu’il suffisait de construire des écoles partout pour que tous les enfants soient scolarisés. Il ne pouvait prévoir que les nouveaux rapports sociaux issus de la révolution bourgeoise en décideraient autrement.


Les parlementaires

On lit dans le journal Le Monde du 20 avril 2005 :
« Le rapport d’une mission parlementaire considère que l’approche par disciplines est sclérosante ». Le journal indique que ce rapport a été adopté avec l’accord des députés UMP, UDF et PS. Il préconise de ne plus raisonner en terme de transmission des connaissances. L’essentiel c’est « l’apprentissage des technologies de l’information et de la communication non pas dans une optique de connaissance des techniques usuelles à des fins utilitaristes professionnelles, mais comme un moyen de développer l’aptitude à rechercher, valider, trier l’information ».
En gros, utiliser Internet !

On ne nous parle aujourd’hui que de modernisation de l’Ecole, d’adaptation au monde moderne. Ce mensonge ne résiste pas à un examen sérieux qui nous amène à dire que ce qui a été patiemment construit est livré aux démolisseurs .En voici quelques indices[1] :
Lorsque le ministère de l’EN a procédé, en 2002, à une évaluation des élèves de 5ème (2ème année de collège) on a eu ceci : en calcul on a posé une question simple :
"Pierre a choisi un nombre, il le divise par 5, il trouve 8 et il lui reste 3".
4 élèves sur 10 n’ont pas su trouver que 43 est égal à 5 fois 8 plus 3.
6 sur 10 n’ont pas su diviser 3978 par 13.
Les connaissances en français et en orthographe de la moyenne des élèves sont d’un niveau médiocre, à tous les niveaux et si on regarde le niveau à l’entrée à l’université on constate que 1 bachelier sur 3 (grosso modo) ne sait pas écrire correctement en français.
Comment expliquer cela alors que nous savons que la grande majorité des instituteurs et des professeurs font bien leur travail ?

Il y a donc depuis des dizaines d’années, à l’échelle internationale, une politique organisée de déscolarisation. Les recommandations de ces institutions sont traduites par les gouvernements nationaux en réformes régressives qui parviennent à s’imposer grâce à la collaboration des syndicats majoritaires des enseignants et qui, par leur multiplication, organisent le désordre pédagogique. Et il faut y ajouter le rôle des théoriciens de la pédagogie.
En particulier l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, ont organisé l’illettrisme (Foucambert).
La lecturisation : une illustration concernant la fameuse méthode globale : l’enfant n’apprend pas à lire en construisant les mots et les phrases à partir des lettres. Il devine à partir des signes, des images. Un instituteur va jusqu’à dire : si vous montrez une chaussure à un élève et qu’il vous dit « godasse », c’est qu’il a compris ! (cf. Liliane Lurçat, La destruction de l’enseignement élémentaire et ses penseurs. Contre Foucambert, Charmeux, etc) .
Il existe dans les universités françaises et sans doute ici aussi, un secteur qui s’est beaucoup développé, c’est celui des Sciences de l’éducation. On y fait des recherches sur l’école qui ont un intérêt scientifique sans doute, mais l’idéologie qui domine dans ces disciplines, c’est en résumé : 1- On peut étaler les apprentissages fondamentaux tout au long de l’enseignement élémentaire.
2- Ce n’est plus la transmission des savoirs qui est l’essentiel : il faut mettre l’élève dans une situation d’auto-apprentissage.
3- Les enseignants doivent lutter contre l’ennui des élèves, communiquer avec eux, plutôt que de s’acharner à leur inculquer les mathématiques par exemple.
4- L’école devient alors un « lieu de vie » au lieu d’être un lieu d’apprentissage. L’enseignement doit s’y dérouler dans un climat de plaisir, de jeu. Il faut faire appel à la spontanéité de l’élève et non l’obliger à apprendre. Il faut donc supprimer la discipline.
Or, que l’enfant éprouve du plaisir à apprendre quelque chose est indéniable, mais l’idée qu’il y aurait un mouvement spontané de la plupart des élèves à se mettre en situation d’apprentissage sans discipline est une idée fausse, démagogique et funeste.
5- La formation des enseignants doit s’adapter à ce nouveau fonctionnement de l’école. Ainsi un professeur de mathématiques de l’université de Lille, formateur à l’IUFM de Lille raconte qu’on explique aux stagiaires qu’ils ont moins besoin d’apprendre des mathématiques que d’apprendre à les enseigner.
Et le recteur de l’Académie explique cyniquement : « Il ne s’agit plus de transmettre des connaissances, il s’agit de faire réussir les élèves ». C’est absurde mais c’est une réalité : il faut faire réussir les élèves coûte que coûte, c’est-à-dire même s’ils ne savent rien.
En 1991, le mathématicien Laurent Schwartz avait écrit dans Le Monde de l’éducation :« Si le développement des IUFM se poursuit comme il a commencé, il mènera l’enseignement secondaire à un désastre sans précédent dans son histoire ».
C’est fait ! La nouvelle formation des enseignants est venue aggraver ce que les contre-réformes ont produit depuis un demi-siècle.
Alors comment arrive-t-on à 80% de réussite au baccalauréat ?
- D’abord on additionne tous les bacs : généraux, technologiques et professionnels.
- On introduit dans la notation une part de contrôle continu et on manipule les coefficients. Par exemple, dans les bacs technologiques, on attribue un coefficient 6 aux dossiers collectifs, plus élevé que pour les matières générales.
Comme on a commencé plus bas, au brevet des collèges, il faut continuer cette politique de baisse de niveau : 200 points pour le contrôle continu, 120 pour l’examen. Pour l’orthographe, on ne compte pas les fautes, on donne des points à ce qui est correct.
On organise l’ignorance et ça permet de dire qu’on ne peut pas enseigner à des millions d’élèves, qu'il faut faire autre chose. Mais est-ce que les enfants d’aujourd’hui seraient plus bêtes que ceux d’hier ? Bien sûr que non !
Est-ce qu’il serait impossible d’instruire correctement tous les élèves d’un pays développé ? Si c’est cela, alors il faut expliquer comment la République a fait à la fin du 19ème siècle.
Condorcet écrivait dans "L’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain" :
« Nous ferons voir que, par un choix heureux, et des connaissances elles-mêmes et des méthodes de les enseigner, on peut instruire la masse entière d’un peuple, de tout ce que chaque homme a besoin de savoir pour ne point dépendre aveuglément de ceux à qui il est obligé de confier le soin de ses affaires ou l’exercice de ses droits ».

B- Alors pourquoi cet immense gâchis ?
Tous ces projets destructeurs de la civilisation se sont accélérés avec la construction de l’Union européenne dont l’une des préoccupations essentielles est de faire baisser le coût du travail en s’attaquant aux diplômes. Le memorandum sur l’éducation de la Commission européenne écrit :
"l’éducation formelle (...) débouche sur l’obtention de diplômes et de qualifications reconnus", "l’éducation non formelle (...) n’aboutit pas à l’obtention de certificats officiels et bien sûr, encore moins la formation informelle..."

L’explication se situe au niveau de l’économie, du fonctionnement du capital aujourd’hui avec ses conséquences au niveau de l’emploi.
Il s’agit donc de marginaliser les formations débouchant sur des qualifications reconnues dans les conventions collectives au profit de vagues compétences décelées à l’occasion du travail selon le bon vouloir de l’employeur.
Le mémorandum donne quelques exemples de compétences :
"les compétences sociales : confiance en soi, indépendance et aptitude à prendre des risques jouent un rôle croissant (..) Les compétences relatives à l’esprit d’entreprise se traduisent à la fois par la capacité de l’individu à se dépasser au plan professionnel et par son aptitude à diversifier les activités d’une entreprise." Malheur aux salariés qui n’auront pas l’esprit d’entreprise !
Pierre Naville, un des principaux fondateurs de la sociologie de l’éducation et du travail disait : «sans l’éducation et le travail, une société périrait en une génération ».
Nous n’en sommes peut-être pas tout à fait là, mais partout dans le monde le droit à l’instruction et au travail sont brutalement remis en question, ce qui menace directement tous les acquis de la civilisation.
L’explication de tout cela se résume dans l’objectif d’abaisser le coût du travail, la valeur de la force de travail, pour être plus précis en abaissant les niveaux de formation, en liquidant les diplômes, en détruisant les programmes. Peut-on empêcher cela ?
Oui, en sachant résister
Oui, en eegardant ce que l’histoire nous enseigne : Révolution française, 1848, la Commune de Paris, le combat pour la 3ème république.
C'est indéniable : sauver ce qui reste de l’instruction publique et la reconstruire exige un nouveau soulèvement populaire !
[1] Source : Fanny CAPEL, Qui a eu cette idée folle un jour de casser l’école ? Ramsay, 2004, p.41.