17 février 2009

Vive la séparation des Eglises et de l’Etat en Bolivie !

La Fédération Nationale de la Libre Pensée française salue la République de Bolivie avec joie et émotion.

Avec joie, parce que le peuple bolivien vient d’approuver la nouvelle Constitution qui lui était proposée par plus de 60% des votants, et ce bien que quatre départements sur onze aient majoritairement voté contre, ce qui ne faisait que traduire leurs velléités séparatistes.
Lorsque le 25 Janvier 2009 le Président Evo Moralés déclara : « Aujourd’hui nait une nouvelle Bolivie qui donne l’égalité des chances à tous les boliviens. L’Etat colonial disparaît », il ne faisait que prendre acte du désir de changement profond du peuple bolivien, le plus pauvre de l’Amérique du Sud mais dont le sous-sol recèle d’immenses richesses pétrolières et minières dont, jusqu’à présent, il ne profitait pas.
Dans un pays qui, comme tous les pays sud- américains, n’a pas connu de décolonisation cette Constitution va lui donner une véritable indépendance politique et économique.
Cela n’a pas été sans mal ni sans violences tant les forces réactionnaires ont mis tout leur poids dans la balance. A tel point que l’Assemblée Constituante dût abandonner Sucre, la capitale constitutionnelle, pour la ville minière d’Oruro où elle put travailler en sécurité sous la protection des jeunes, des paysans et des mineurs.


Avec émotion, parce que cette nouvelle Constitution comporte un certain nombre de dispositions que la Libre Pensée ne peut qu’approuver :

  • interdiction d’installation de bases militaires étrangères,
  • reconnaissance de plusieurs types de propriété y compris la propriété communautaire, dans le même temps qu’il y aura limitation de la grande propriété appelée « latifundia »,
  • interdiction de l’aliénation des ressources naturelles au profit de puissances, entreprises ou personnes étrangères, acte considéré désormais comme un crime.

Avec émotion, parce que cette nouvelle Constitution sépare les Eglises de l’Etat.

La Bolivie sera donc le premier Etat d’Amérique du Sud à adopter constitutionnellement la Laïcité, puisque le Mexique fait partie de l’Amérique du Nord. La Bolivie ouvre le chemin à tous les peuples d’Amérique latine.
Il faut peser à son juste poids ce que cette décision représente de conviction et de détermination.
Il faut se convaincre du poids de cette mesure dans un continent dominé depuis 1492 par l’Eglise catholique.
Il faut considérer la valeur exemplaire de ce vote populaire, car ce n’est pas une Assemblée qui a pris une décision mais un peuple tout entier qui en s’exprimant démocratiquement a selon la vieille formule décidé : « l’Eglise chez elle et l’Etat chez lui ».

Difficilement, les autres Etat sud-américains tentent d’aller vers la Laïcité, cherchent du soutien, luttent contre les forces de la réaction, publient des manifestes, des ouvrages. La Bolivie, elle, a décidé.
Cela n’a pas empêché l’ancien Président de droite de déclarer que cette Constitution était : « un morceau de papier qui vaut autant que du papier hygiénique usagé ». C’est dire les résistances rencontrées par les constituants. C’est dire leur détermination.

C’est aussi à juste titre que le Président Moralés pouvait dire à l’issue du scrutin : « C’est une grande joie pour moi et pour tout le mouvement indigène, ouvrier, paysan et populaire. »

Cette grande joie et cette grande émotion, la Fédération Nationale de la Libre Pensée de France les partage puisqu’elle voit la réalisation d’un de ses idéaux dans un pays si loin par la distance mais si proche par le coeur.

Que le Président Moralés et le peuple bolivien sachent que les Libres Penseurs de France partagent leur allégresse et que la Fédération de la Libre Pensée sera toujours à leur côté dans le combat pour l’instauration de la Laïcité et sa défense.

Paris, le 16 février 2009