01 février 2009

Lundi 9 février à 18h30, place du Salin...

...l’hommage au philosophe italien VANINI
et aux précurseurs des Lumières, victimes de l’obscurantisme religieux

Le samedi 9 février 1619, à Toulouse, un jeune homme italien du nom de Pompeo Usciglio est attaché sur des claies puis traîné par trois chevaux de sa prison jusqu’au lieu de son supplice, place du Salin, avec un arrêt expiatoire sur le parvis de la cathédrale Saint-Étienne où on le fait mettre à genoux, un cierge à la main, pour « demander pardon à Dieu, au Roy et à la Justice ».
Il doit mourir parce qu’il est convaincu par ses juges de crime de « lèse-majesté divine » : « théisme, blasphèmes, impiétés et autres crimes». On l’a revêtu d’une simple chemise et on l’a affublé d’une pancarte sur laquelle ont été peints en grands caractères ces quelques mots : «Athéiste et Blasphémateur du Nom de Dieu». On lui a passé autour du cou la «hard», la corde qui permettait au bourreau d’étrangler le condamné.
L’un des juges décrit le jeune Italien : «… un homme d’assez bonne façon, un peu maigre, le poil châtain, le nez long et courbé. Les yeux brillants et aucunement hagards, grand de taille».
Le cortège arrivé place du Salin, on l’assoit et on l’enchaîne à un poteau devant une foule d’un millier de personnes. Il se refuse à tirer la langue «par laquelle il avait proféré des paroles exécrables» et que le bourreau doit trancher ; on le fait de force et le hurlement qui retentit alors hantera longtemps la mémoire toulousaine : «On n’a jamais entendu un cri plus effroyable ; vous l’auriez pris pour le mugissement d’un bœuf» .
Il est enfin étranglé et brûlé. Ses cendres sont dispersées au vent.
Cet homme s’appelle en réalité Giulio CesareVanini, jeune philosophe italien, réfugié clandestinement à Toulouse pour échapper aux foudres de la Sorbonne.
Né dans le Royaume de Naples en 1585, formé à Naples et à l'Université de Padoue, Vanini évolua au fil de ses travaux philosophiques et scientifiques vers l'athéisme.
Fuyant l'Italie et les autorités catholiques, reniant tour à tour le catholicisme et le protestantisme (il était moine), Vanini se rend à Londres, Venise, Lyon, Gênes et Paris, ville dans laquelle il connut une période de liberté intellectuelle. Mais condamné par la Sorbonne pour l’un de ses écrits, il décida de se réfugier à Toulouse, qui était pourtant connue pour son intolérance. Il y fut pris dans un véritable piège.
Les ouvrages que Vanini a laissés développent une conception matérialiste niant la création du monde, présentant une théorie originale du dynamisme des processus naturels et dénonçant la religion comme une imposture politique. Ces thèses très audacieuses ont fait de lui au XVII° siècle «le prince des libertins».

Lundi 9 février, la Libre Pensée de Haute-Garonne lui rendra hommage ainsi qu'aux penseurs précurseurs des Lumières persécutés par l'obscurantisme religieux, comme Giordano Bruno, Michel Servet et Etienne Dolet qui ont tous les trois séjourné à Toulouse.