21 octobre 2007

Vatican : la grande tantouse serait une petite balance...

« On dirait de lui: Ah! oui, la grande tantouse?
Très bien, je sais qui c'est »
(Sartre, Le Mur)
Scandale à l'ombre de Saint Pierre”, titre la presse italienne.
Les autorités vaticanes ont suspendu de sa charge et soumis à une procédure disciplinaire un prélat, Mgr Tommaso Stenico, haut responsable d’un des plus importants portefeuilles pontificaux : la Congrégation pour le Clergé, le "ministère" pontifical dirigé par le cardinal préfet Claudio Hummes, qui supervise, entre autres, la gestion d’environ 400 000 prêtres présents dans tous les diocèses du monde et la formation religieuse des séminaristes et des catéchistes…

"Superviser", pour ne pas dire "fliquer". Car Claudio Hummes est membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, la plus ancienne des congrégations pontificales (1542). Et pour cause, puisqu'il s'agit de la descendante de la "Sainte, Romaine et Universelle Inquisition", de sinistre mémoire. La police du Vatican, en quelque sorte.

Mais revenons à notre brebis galeuse, Mgr Tommaso Stenico. Responsable de la catéchèse au sein de la Congrégation pour le clergé, célébrant la messe matinale sur la chaîne de télévision catholique italienne Telepace, animateur d’un site internet à son nom, Mgr Tommaso Stenico, 60 ans, est entré au service du Saint-Siège en 1980. Il est aussi grand Aumônier de l’Ordre souverain et militaire de Malte et commandeur de l’Ordre des chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Au sein de la Congrégation pour le clergé, en outre, le prélat était membre de la commission chargée de traiter les causes de dispenses de l’obligation du statut clérical pour les prêtres et les diacres.

Qu'est-ce qui lui a valu les foudres pontificales ? Une sorte de "coming out" un peu curieux : le 1er octobre, visage flouté mais devant la bien reconnaissable porte de la Congrégation, il déclare à une chaîne de télévision privée, La7, dans le cadre d'une émission sur les prêtres homosexuels, qu'il "en est" et "actif" qui plus est. Filmé par une caméra cachée alors qu’il accueillait dans son bureau un jeune qui souhaitait avoir une relation homosexuelle, Mgr Tommaso Stenico déclarait « ne pas se sentir en état de péché », mais qu'il devait agir caché à cause de la doctrine de l’Église. Identifié , il a été suspendu de ses fonctions le temps d’une enquête canonique.
Le cardinal Julian Herranz, président de la Commission disciplinaire de la Curie romaine, a affirmé dans un entretien à La Repubblica que le Saint-Siège était « le premier intéressé à faire le ménage chez lui ». Dans le cas de Mgr Stenico, il a souhaité que les autorités compétentes puissent travailler « sereinement, loin de la clameur des médias, car les procès ne doivent pas se faire dans les journaux ». Ainsi, à ses yeux, les enquêteurs pourront faire toute la lumière sur cette histoire et réaliser un procès équitable.
Avec un sérieux tout papal, le cardinal Herranz a évoqué "la tristesse de l’Église lorsqu’un haut prélat était accusé de graves délits ou d’avoir cédé à ses pulsions sexuelles", mais il a insisté sur le fait qu’il s’agissait de cas « exceptionnels », et même « uniques » (sic !) à tel point que la Commission disciplinaire qu’il dirige est « presque sans travail ».

Le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, a souligné samedi la nécessité de se montrer sévère face à "un comportement incompatible avec le ministère sacerdotal et avec la mission du Saint-Siège".

Selon un journaliste de la revue italienne Panorama, Mgr Tommaso Stenico a "rédigé un dossier détaillé" sur les prélats homosexuels au Vatican "avec une liste de noms et de circonstances" mettant en cause des prêtres et des évêques de la Curie. Le prélat aurait également adressé à son supérieur, le cardinal Claudio Hummes, un mémoire qui dénonce "la dégradation morale de la Curie" et qui "pourrait faire trembler" le palais du Vatican.

Aujourd'hui, Mgr Tommaso Stenico se défend donc d’être homosexuel. Il soutient avoir agi en "service commandé" pour "démasquer" ceux qui sont homosexuels au Vatican. Un sacré de bon sang de bon dieu de challenge.

Avec des méthodes dignes de l'Inquisition.