13 octobre 2007

Subsidiarité et participation...

...sont les deux mamelles d'un ordre juste.

Patrick Menucci, l'un des mentors de la candidate à l'élection présidentielle Ségolène Royal, a publié un livre au titre court : "Ma Candidate". Tout simplement. Comment le comprendre ce « Ma Candidate » ? « Ma Chose » ? Ça vous a un petit côté Pygmalion pas piqué des hannetons. « Ma Dame » ? On penche alors plus du côté du servant pas forcément courtois. Il y a certainement des deux à la fois dans ce « Ma ».
En tout cas, une chose est sûre : Menucci-Pygmalion a sans doute été d’une importance primordiale dans l’art de la communication de la candidate. Il raconte lui-même à Libération : «Un jour, je dis à Ségolène : "Untel est un con." "Ah bon, un con ?" Elle raccroche. Cinq minutes plus tard, elle me rappelle : "Untel est un con. Tu vois, Patrick, je le répète... Il ne faut plus le dire." ».
Menucci explique que "sa" candidate est le fruit d'un croisement entre le catholicisme social et les valeurs socialistes : « Elle est la synthèse entre le mouvement ouvrier qu’elle a rencontré au PS et le catholicisme social qui est la base de sa personnalité. Cela donne un réformisme tranquille » (Le Monde du 13/10/07).
Pour tout dire, on s'en doutait un peu plus qu’un peu.
Le problème dans ce type de croisement, c'est qu'il existe des incompatibilités majeures entre les souches et que ce qu'il en sort en général se rapproche plutôt de l’aberration. Mais Patrick Menucci ne peut voir cela : « Patrick Menucci confesse (sic !) que finalement il ne comprend pas ce qui se passe avec sa candidate ». A genoux, mécréants ! On est face au Mystère ! « Il ne peut que constater qu’à chaque fois un lien étrange (re-sic !) se noue avec les gens qu’elle approche ». Menucci nous fait son petit Bad Godesberg.
Et comme il reste, à l’instar de Bernadette Soubirou, sans voix devant l’Apparition et le Mystère, le Menucci « ne sait pas dire grand-chose d’autre qu’un ébahissement devant ce charisme qu’aucun dirigeant socialiste n’a eu depuis des décennies ». Il fallait oser l’écrire. Michel Samson du Monde a osé, avec la bénédiction de Menucci.
Lequel espère peut-être figurer un jour dans le calendrier, mais saint Patrick, c’est déjà pris par le patron des brasseurs (d’air ?)…
Il est clair que la campagne présidentielle a suscité des vocations.
Il faut dire que brandir le programme de « l’ordre juste » de la candidate Royal revenait à brandir l’encyclique « Deus caritas est » (Dieu est amour) de Benoît XVI qui fait de l’ordre juste un thème central et confie aux laïcs le soin de prendre en charge l'avènement de cet « ordre juste ». Dans cette encyclique, le pape écrit que " l'ordre juste de la société et de l'Etat est le devoir essentiel du politique ". Le concept d'"ordre juste" trouve sa racine dans la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin, au XIIIe siècle. Pie XII l'avait repris en 1953.
Le concept d'"ordre juste" est repris bien évidemment par le catholicisme social et la droite dans toute son amplitude s'y réfère constamment.
Elle n’est plus seule.
Le vocabulaire devient commun d’un bout à l’autre de l’échiquier politique, et derrière les mots, on trouve les programmes entre lesquels il n'y a même pas l'épaisseur d'une hostie. On vient de voir ce qu’il en était pour le concept « d’ordre juste ».
En plat de résistance et en sucrerie, nous vous offrons les origines de « SUBSIDIARITE » et de « PARTICIPATION ».

LA SUBSIDIARITÉ
« La doctrine de l'Église a élaboré le principe dit de subsidiarité. Selon celui-ci, "une société d'ordre supérieur ne doit pas intervenir dans la vie interne d'une société d'ordre inférieur en lui enlevant ses compétences, mais elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l'aider à coordonner son action avec celle des autres éléments qui composent la société, en vue du bien commun" »
(CA Centesimus Annus (Centenaire de Rerum Novarum); Jean-Paul II, n. 48; cf. QA, nn. 184-186).
« Dieu n'a pas voulu retenir pour Lui seul l'exercice de tous les pouvoirs. Il remet à chaque créature les fonctions qu'elle est capable d'exercer, selon les capacités de sa nature propre. Ce mode de gouvernement doit être imité dans la vie sociale. Le comportement de Dieu dans le gouvernement du monde, qui témoigne de si grands égards pour la liberté humaine, devrait inspirer la sagesse de ceux qui gouvernent les communautés humaines. Ils ont à se comporter en ministres de la providence divine.Le principe de subsidiarité s'oppose à toutes les formes de collectivisme. Il trace les limites de l'intervention de l'État. Il vise à harmoniser les rapports entre les individus et les sociétés. Il tend à instaurer un véritable ordre international. »
(CEC Catéchisme de l'Église Catholique, nn. 1883-1885)

« De même qu'à l'intérieur de chaque communauté politique, les rapports des pouvoirs publics avec les citoyens, les familles et les corps intermédiaires doivent être régis et équilibrés par le principe de subsidiarité, ainsi est-il juste que le même principe régisse les rapports de l'autorité publique universelle avec les autorités publiques de chaque nation. Le rôle de cette autorité universelle est d'examiner et de résoudre les problèmes que pose le bien commun universel en matière économique, sociale, politique ou culturelle. C'est la complexité, l'ampleur et l'urgence de ces problèmes qui ne permettent pas aux gouvernants de chaque communauté politique de les résoudre à souhait. Il n'appartient donc pas à cette autorité universelle de limiter ni de réclamer pour elle les actes qui sont propres aux pouvoirs publics des autres communautés politiques. Elle doit au contraire tâcher de susciter sur toute la terre un état de choses dans lequel non seulement les pouvoirs publics de chaque nation, mais aussi les individus et les corps intermédiaires, puissent avec une plus grande sécurité accomplir leurs tâches, observer leurs devoirs et exercer leurs droits. »
(Pacem in Terris, nn. 140-141)

« Qu'il soit entendu avant toute chose que le monde économique résulte de l'initiative personnelle des particuliers, qu'ils agissent individuellement ou associés de manières diverses à la poursuite d'intérêts communs. »
(Mater et Magistra, n. 51)
« Mais il faut toujours rappeler ce principe : la présence de l'État dans le domaine économique, si vaste et pénétrante qu'elle soit, n'a pas pour but de réduire de plus en plus la sphère de liberté de l'initiative personnelle des particuliers, tout au contraire elle a pour objet d'assurer à ce champ d'action la plus vaste ampleur possible, grâce à la protection effective, pour tous et pour chacun, des droits essentiels de la personne humaine. Et il faut retenir parmi ceux-ci le droit qui appartient à chaque personne humaine d'être et demeurer normalement première responsable de son entretien et de celui de sa famille. Cela comporte que, dans tout système économique, soit permis et facilité le libre exercice des activités productrices. »
(Mater et Magistra, n. 55)

« A ce sujet, Rerum Novarum montre la voie des justes réformes susceptibles de redonner au travail sa dignité d'activité libre de l'homme. Ces réformes supposent que la société et l'État prennent leurs responsabilités surtout pour défendre le travailleur contre le cauchemar du chômage. Cela s'est réalisé historiquement de deux manières convergentes : soit par des politiques économiques destinées à assurer une croissance équilibrée et une situation de plein emploi ; soit par les assurances contre le chômage et par des politiques de recyclage professionnel appropriées pour faciliter le passage des travailleurs de secteurs en crise vers d'autres secteurs en développement....L'État doit contribuer à la réalisation de ces objectifs directement et indirectement. Indirectement et suivant le principe de subsidiarité, en créant les conditions favorables au libre exercice de l'activité économique, qui conduit à une offre abondante de possibilités de travail et de sources de richesse. Directement et suivant le principe de solidarité, en imposant, pour la défense des plus faibles, certaines limites à l'autonomie des parties qui décident des conditions du travail, et en assurant dans chaque cas un minimum vital au travailleur sans emploi. »
(Centesimus Annus, n. 15)


LA PARTICIPATION
« La double aspiration vers l'égalité et la participation cherche à promouvoir un type de société démocratique. Divers modèles sont proposés, certains sont expérimentés ; aucun ne donne complète satisfaction et la recherche reste ouverte entre les tendances idéologiques et pragmatiques. Le chrétien a le devoir de participer à cette recherche et à l'organisation comme à la vie de la société politique. Être social, l'homme construit son destin dans une série de groupements particuliers qui appellent, comme leur achèvement et comme une condition nécessaire de leur développement, une société plus vaste, de caractère universel, la société politique. Toute activité particulière doit se replacer dans cette société élargie et prend, par là même, la dimension du bien commun. »
(Octogesima Adveniens, n. 24)

« Il est pleinement conforme à la nature de l'homme que l'on trouve des structures politico-juridiques qui offrent sans cesse davantage à tous les citoyens, sans aucune discrimination, la possibilité effective de prendre librement et activement part tant à l'établissement des fondements juridiques de la communauté politique qu'à la gestion des affaires publiques, à la détermination du champ d'action et des buts des différents organes, et à l'élection des gouvernants....Les gouvernants se garderont de faire obstacle aux associations familiales, sociales et culturelles, aux corps et institutions intermédiaires, ou d'empêcher leurs activités légitimes et efficaces ; qu'ils aiment plutôt les favoriser, dans l'ordre. Quant aux citoyens, individuellement ou en groupe, qu'ils évitent de conférer aux pouvoirs publics une trop grande puissance ; qu'ils ne s'adressent pas à eux d'une manière intempestive pour réclamer des secours et des avantages excessifs, au risque d'amoindrir la responsabilité des personnes, des familles et des groupes sociaux. »
(Gaudium et Spes, n. 75)