02 septembre 2007

En défense de Taslima Nasreen

L'Union Internationale Humaniste et Laïque (IHEU) nous communique les informations suivantes :

"L'écrivain en exil Taslima Nasreen a été agressée le 9 août 2007 au Club de la Presse d'Hyderabad (selon notre correspondant Babu Gogineni), où elle présentait la traduction en telugu de son livre Dwikhandita.

Ses assaillants sont membres du groupe extrémiste "Majlis Ittehad-ul-Muslimeen" (MIM), dirigé par trois élus à l'Assemblée législative de l'État.
Elle leur a répondu : « Quoi qu'il arrive, on ne me fera jamais taire ».

Des projectiles ont été lancés et des insultes proférées contre Taslima, mais heureusement elle n'a pas été blessée par ses agresseurs qui n'ont pas réussi à l'approcher de trop près.
Le Dr Innaiha, un militant humaniste, a été blessé au visage par des objets lancés par les contestataires : ils ont lancé tout ce qu'ils ont trouvé à leur portée, y compris des bouquets de fleurs, des sacs à main et d'autres objets. Ils ont même saisi des chaises pour menacer Taslima. On a vu à la télévision Mr M Nagaeswara Rao de l'école de journalisme Eenadu et le Dr Innaiah essayer de calmer les agresseurs.
Le plus consternant, c'est de constater que les agresseurs eux-mêmes sont des représentants élus de l'Assemblée législative de l'État de l'Andhra Pradesh et qu'ils sont membres du parti intégriste musulman du Majlis Ijttehaad-ul-Muslimeen, qu'ils étaient accompagnés par quelques dizaines d'adhérents. Les dirigeants ont été arrêtés et ils comparaîtront devant un juge.
La bande de voyous qui les a soutenus a interrompu la circulation sur une grande partie de la rue à Hyderabad, pour protester contre la venue de Taslima dans la ville ; ils ont exigé qu'elle soit expulsée pour avoir offensé leur religion et que leurs dirigeants soient relâchés.
Beaucoup d'entre eux ont déclaré être prêts à la tuer s'ils en avaient l'occasion.
Le syndicat des journalistes a demandé que les trois élus soient suspendus de leurs mandats de députés à l'assemblée.

Il y a eu un élan de solidarité venant de tous les horizons dans l'ensemble du pays en faveur de Taslima, et pour défendre la liberté d'expression, y compris du Premier ministre de l' Andhra Pradesh et du ministre fédéral à Delhi.

(...) A la suite des menaces de mort, Taslima a dû quitter le Bangladesh il y a 12 ans.
Son livre Dwikhandita avait été initialement interdit par le gouvernement communiste du Bengale occidental et publié ensuite après une décision de justice."

La Fédération Nationale de la Libre Pensée française s'associe à la protestation des associations indiennes membres de l'IHEU et leur transmet l'expression de sa solidarité laïque.

Dépêche RFI :

Taslima Nasreen agressée en public

Des activistes musulmans indiens ont agressé jeudi en public Taslima Nasreen. Cette écrivain bangladaise, qui a déjà écrit plusieurs livres sur l'oppression religieuse des fondamentalistes contre les femmes, vit en exil depuis près de 15 ans. Taslima Nasreen continue de lutter contre les loi islamiques de son pays, malgré les menaces de mort permanentes.
La tête de Taslima Nasreen a été mise à prix pour l'équivalent de 8000 euros en mars dernier, par un groupe religieux indien.
Déjà en 2002, un livre de Taslima Nasreen avait provoqué la colère des islamistes radicaux dans son pays le Bangladesh. Lajja, qui signifie la honte, décrit l'oppression de la majorité musulmane pakistanaise, contre la communauté hindoue.
Et pourtant, le Bangladesh n'est pas un pays fondamentaliste. C'est une démocratie, où les intégristes ne sont pas au pouvoir, mais alliés du gouvernement. « Ce sont les lois religieuses qui leur donne le pouvoir », s'exclame Taslima Nasreen dans un entretien avec Amnesty International.
« Mais le gouvernement ne prend aucune mesure, car cela reviendrait à s'attaquer à l'islam », précise-t-elle. L'écrivain lutte d'ailleurs pour une séparation de l'Eglise et de l'Etat au Bangladesh.
Les premières victimes du droit religieux sont bien sûr les femmes. Les intégristes prononcent des fatwas, des avis religieux, contre celles qui ne respectent pas les préceptes de l'islam.
Une pratique courante, que Taslima Nasreen dénonce, c'est le jet d'acide au visage d'une femme qui refuse les avances d'un homme.
Mais l'écrivain ne lâche pas sa plume. Depuis son exil forcé en 1994, Taslima Nasreen enchaîne les conférences sur les droits des femmes entre l'Europe et les Etats-Unis. Elle souhaitait récemment s'établir en Inde, dans l’Etat du Bengale occidental. Mais le gouvernement lui a refusé la citoyenneté.

par RFI