26 mai 2007

la laïcité est bien une valeur universelle : la preuve par Izmir

Le 13 mai dernier à Izmir, cité portuaire sur les bords de la mer Egée - l'antique Smyrne - et 3ème ville de la Turquie, près de 2 millions de manifestants se sont rassemblés pour le maintien du régime laïque en vigueur.
Cette manifestation était la troisième après celles organisées en avril à Istanbul et Ankara.
Sous un soleil éclatant, nombre de manifestants portaient des banderoles antigouvernementales ainsi que des drapeaux turcs, rouge et blanc, et des portraits de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne et laïque dans les années 1920. Dans le cortège long de plus de 2 kilomètres, mais aussi aux fenêtres et aux balcons, sur les bus et sur les bateaux accostés dans la baie d’Izmir.
Les puissantes mobilisations qui se succèdent depuis un mois s’opposent à l’élection à la présidence de la République du candidat du Parti de la Justice et du Développement (AKP), Abdullah Gül, qui a finalement dû renoncer.
Des élections législatives anticipées ont été convoquées pour le 22 juillet et le Parlement a adopté un amendement constitutionnel visant à faire élire le Président de la République au suffrage universel direct. Un pas de plus vers une bonapartisation du régime – ce que nous connaissons bien en France depuis 1965 et l’instauration du « coup d’Etat permanent » par le général de Gaulle.
Les manifestants ont appelé les dirigeants des partis laïques divisés à s’unir contre le gouvernement Erdogan, qui cherche à imposer les valeurs religieuses au pays. On pouvait lire sur des pancartes « Non à la loi islamique, non aux coups d’Etat militaires : une Turquie démocratique » en protestation contre l’initiative de l’armée d’intervenir lors des élections présidentielles pour préserver la laïcité.
Le gouvernement Erdogan rejette l’accusation selon laquelle il aurait une « feuille de route » pour imposer la loi islamique aux Turcs. Il répond à cela qu’il a fait bien plus que beaucoup d’autres gouvernements pour appliquer des réformes à l’occidentale qui témoignent de ses efforts pour rejoindre l’Union Européenne et qu’il a travaillé en étroite collaboration avec le Fonds Monétaire International sur les réformes économiques.


Certains manifestants d’Izmir brandissaient des banderoles qui dénonçait l’Union Européenne et les Etats-Unis ; l’une parce qu’elle interfère dans les affaires intérieures de la Turquie, l’autre parce que ses forces d’occupation mettent un pays voisin à feu et à sang : l’Irak.