03 mars 2007

« Il faut écraser l’Infâme ! »

samedi 10 mars
hommage
à Calas et Voltaire
à 10h30
place saint Georges
square Jean Calas

En ce début de XXI° siècle, 245 ans après le supplice et l’exécution de Jean Calas le 10 mars 1762, la Libre Pensée de Haute-Garonne lui rendra hommage ainsi qu'à Voltaire, son illustre avocat, et à toutes les victimes de l’intolérance religieuse par-delà les siècles et les frontières.
Voltaire, qui a obtenu la réhabilitation de Calas en 1765, s’adressait dans son combat à ses contemporains mais aussi, tout à fait explicitement, à la postérité.
Le combat de Voltaire pour la réhabilitation de Jean Calas ne peut pas être limité au seul combat contre l’injustice.
Avec cette affaire, sa célèbre formule « il faut écraser l’Infâme » a pris chair et sang et le combat de la Raison contre l’obscurantisme et le fanatisme religieux pour obtenir la réhabilitation de Calas a pris de facto toute sa dimension historique.

Voltaire écrit dans son Traité sur la Tolérance (1763) :
« La nature dit à tous les hommes: Je vous ai tous fait naître faibles et ignorants, pour végéter quelques minutes sur la terre, et pour l’engraisser de vos cadavres. Puisque vous êtes faibles, secourez-vous; puisque vous êtes ignorants, éclairez-vous et supportez-vous. »
C’est en quelque sorte un début de définition de la laïcité.
En effet, contrairement à ce que continuent à penser et à véhiculer par exemple les partisans de la laïcité ouverte ou de la laïcité plurielle, la laïcité ce n’est pas les catholiques + les protestants + les juifs + les orthodoxes + les musulmans + les bouddhistes + les taoïstes, etc.
Certainement pas.
Dans notre société, on peut vivre sa spiritualité de trois façons : en étant croyant (en un ou plusieurs dieux), en étant agnostique ou même, figurez-vous, en étant athée.
On oublie très souvent ces deux dernières options qui sont pourtant loin d’être minoritaires.
On ne peut donc pas résumer la laïcité comme étant une « délimitation harmonieuse entre la sphère publique et le domaine religieux, laissant à chacun sa liberté de culte ».
Non. La laïcité c’est autre chose.
Croyants, agnostiques et athées doivent vivre ensemble comme étant mêmes citoyens d’une République laïque, une et indivisible.
Et cette vie commune doit assurer à chacun d’eux la liberté de conscience qui exclut toute contrainte religieuse, qui exclut toute contrainte idéologique.
La liberté de conscience relève du domaine privé.
Cette vie commune doit assurer à chacun d’eux l’égalité de droit quelle que soit l’option spirituelle du citoyen, égalité de droit incompatible avec la valorisation privilégiée d’une croyance.

Et c’est en cela que la loi de 1905 dite de séparation des Eglises et de l’Etat est un des principaux éléments fondateurs, un des piliers de la République laïque, une et indivisible, garante de l’égalité des droits pour chaque citoyen de Dunkerque à Collioure en passant par Limoges et bien sûr par Toulouse.

Selon certains - le ministre actuel de l’Intérieur par exemple, mais aussi le maire de Paris - l’émergence de l’islam impliquerait des modifications concernant l’application de la loi de 1905.
Mais si la loi de 1905 impose effectivement de « garantir le libre exercice du culte », elle précise par contre très clairement dès son article 2 que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».

Financer la construction de mosquées à l’aide des fonds publics revient de fait à subventionner la religion concernée et implique donc de faire de même pour les autres religions qui ne se limitent pas après tout aux seules religions du Livre.
Disons les choses autrement : au nom de cette nouvelle donne, M. Sarkozy et quelques autres voudraient que le concordat de Napoléon, statut actuellement d’exception en Alsace-Moselle, soit généralisé à tout le territoire.
Bref que l’exception devienne la règle.
Mais le concordat, c’est l’exact opposé de la laïcité, principe d’unification des citoyens au sein de l’Etat et seule véritable garante de la lutte contre tous les intégrismes.

La laïcité est une condition nécessaire et incontournable de la démocratie politique.

Voltaire écrit encore dans le Traité sur la Tolérance :
« Attendons tout du temps (…) et de l’esprit de raison qui commence à répandre partout sa lumière ».
Il n’imaginait peut-être pas que 245 ans plus tard l’esprit de raison serait toujours en butte aux obscurantismes de tout poil.
L'affaire Calas est bien plus qu’une affaire.
Tout le génie de Voltaire est de l’avoir compris et d'avoir traduit dans les faits le combat de la Raison contre l’obscurantisme religieux et tous les cléricalismes.
Voilà le sens profond de ce rassemblement que la Libre Pensée organise chaque 10 mars square Jean Calas (place saint Georges).

« Il faut écraser l’Infâme ! »