31 mars 2007

saint Poldeux

DEUX ANS après la mort du pape, son procès en canonisation, ouvert par Benoît XVI quarante et un jours après sa mort, bat tous les records de vitesse. Lundi 2 avril, dans la cathédrale de Rome, le jour anniversaire de sa disparition, s'achèvera la première phase de ce procès en canonisation. Du niveau local, l'instruction passera à l'échelon supérieur. Elle arrivera aux mains de la congrégation pour la Cause des saints. À charge pour la « fabrique » des saints du Vatican de faire de Karol Wojtyla le quatre-vingt-septième pape bienheureux ou saint de l'Église catholique.
Il faut faire vite, car selon son ancien secrétaire, le cardinal Stanislaw Dziwisz, un danger plus grave pèserait sur le procès. La chasse aux anciens collaborateurs du régime stalinien dans le clergé polonais serait aussi « une manière de faire obstacle » à sa canonisation. Il a donc demandé à Benoît XVI de presser le mouvement.

C'est donc parti ! On nous annonce en faisant résonner hautbois et musettes que la béatification de Karol Wojtyla alias Jean Poldeux est en bonne voie (impénétrable bien sûr, comme toutes les voies du Seigneur). "Credo quia absurdum" (je crois parce que c'est absurde), disait Pascal ; en ce début de XXIème siècle, il serait comblé : on nage dans l'absurde et l'on pourrait aisément s'y noyer !
Une sorte de Star'Ac des miraculés a dû avoir lieu dans les coulisses feutrées du Vatican. And the winner is ... la Française Soeur Marie-Simon-Pierre, guérie selon l'Église d'une maladie de Parkinson et sélectionnée parmi plusieurs « miraculés ».
Elle avait de sérieux concurrents pourtant, la Marie-Simon-Pierre : Rafal, non pas l'avion mais un jeune Polonais atteint d'un cancer des noeuds lymphatiques, guéri après une audience privée avec Jean-Paul II, le 1er juillet 2004. La Canadienne Angela Baronni, souffrant d'un cancer de la moelle osseuse, qui avait rencontré le pape en 2002, lors des Journées mondiales de la jeunesse à Toronto et guérie peu de temps après. Emil Barbar né avec une paralysie cérébrale : emmené en 1980 par sa mère à Rome où Jean-Paul II leur avait conseillé de se rendre à Lourdes, Émile allait abandonner sa chaise roulante (dont les pneus étaient devenus neufs au passage) quelques semaines après avoir été baigné dans la source du sanctuaire ! Marcel, sérieux concurrent car Français aussi et miraculé aussi après la mort du pape : le lendemain d'une tournée des grands ducs début 2007, il a une tête de bois carabinée ; il répètera pendant deux jours et deux nuits "Jean-Paul deux-Jean-Paul deux", et pfuit, plus rien, plus mal à la tête, mieux qu'Alka-Seltzer ! Et bien d'autres que nous ne pouvons malheureusement pas citer, car les miracles, c'est bien connu, quand on en veut, on en trouve.
La "miraculée" a expliqué :
"Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'étais malade, et que maintenant, je suis guérie. Je vous dis que je suis guérie. Maintenant, c'est à l'Eglise de se prononcer et de reconnaître si c'est un miracle". On lui fait confiance...
Elle aurait été atteinte de la maladie de Parkinson depuis 2001 jusqu'au 2 juin 2005. Ce jour-là, elle dit à la mère supérieure qu'elle veut quitter son poste d'infirmière, à cause de la maladie.
La mère supérieure a alors l'idée du siècle : elle lui demande d'écrire "Jean-Paul II" sur une feuille. Elle obéit et écrit avec beaucoup de difficultés. Mais quand elle retourne dans sa chambrette, il se passe un truc formidable : "Quand je suis rentrée dans ma chambre, j'ai eu envie d'écrire, alors que pour moi, écrire était difficile. J'ai eu l'impression d'entendre une voix qui me disait: Prends ton stylo et écris". Ah ! Les voix ! Que ferait-on sans elles ? Le 3 juin, avant que sonnent les matines, hop, elle saute dans ses sandalettes : "Je me suis sentie complètement transformée, je n'étais plus la même intérieurement. Quelque chose qu'il m'est difficile de vous expliquer avec des mots tellement je ne peux pas dire, intérieurement ce que je ressens vraiment. C'était trop fort, trop grand. Un mystère." Ah ! Le mystère ! Que ferait-on sans le mystère ? Elle a couru de toutes ses jambettes voir ses soeurettes émerveillées, elle a arrêté son traitement et elle a repris le boulot.
Alors il y a, comme toujours, des rabat-joies. Le Dr Thobois par exemple, du service de neurologie du CHU de Lyon, un bien triste sire celui-là qui ne comprend rien ni aux voix, ni aux mystères. Rendez-vous compte, il ose affirmer qu'on "ne guérit pas de la maladie de Parkinson". Selon lui, il n'y a qu'une seule explication possible à la guérison "miraculeuse" de Marie-Simon-Pierre : elle souffrait sans doute d'un seul des deux seuls syndromes curables de la maladie.
"Il existe différents syndromes parkinsoniens", explique le Dr Thobois. "Seuls deux peuvent guérir : ce sont ceux qui sont induits par des médicaments, les neuroleptiques, et ceux qu'on appelle syndromes psychogènes, c'est-à-dire liés à un trouble psychologique".
Dans le premier cas, l'arrêt des médicaments entraîne la mort du syndrome. Dans le second, la disparition du trouble précède celle du syndrome, explique le Dr Thobois. "Il faudrait donc être certain" du type de syndrome dont souffrait soeur Marie-Simon-Pierre pour mieux comprendre la situation.
"La maladie de Parkinson en tant que telle, ou les syndromes parkinsoniens dégénératifs (liés à des dégénérescences de neurones au cerveau), ne sont pas guérissables" ajoute-t-il. "La maladie de Parkinson, c'est un ensemble. On améliore les symptômes, on ne guérit pas et on ne bloque la progression".
Mais la sainte fête aura lieu quand même. La Française a été sélectionnée, parce qu'elle fait partie de la bande des Petites Soeurs des maternités catholiques, adulatrices de Jean-Paul II et de son engagement en faveur de la « défense de la vie », c'est-à-dire de son engagement contre la contraception, l'avortement et le droit de mourir dans la dignité par l'euthanasie. La religieuse a été sélectionnée parce qu'elle est aussi française : « il se peut que la France ait été préférée, parce que c'est un pays auquel on ne s'attend pas », a déclaré sans rire l'ancien secrétaire de Jean-Paul II, le cardinal Stanislaw Dziwisz.
Quand on vous dit que la France est dans le colimateur du Vatican ! Ils veulent qu'elle redevienne "la fille aînée de l'Eglise" pour qu'ils puissent reconquérir ce que la République laïque, une et indivisible leur a fait perdre avec la loi de séparation.

RAISON DE PLUS POUR PARTICIPER AU BANQUET DU VENDREDI DIT "SAINT" LE 6 AVRIL A LA SALLE DES FETES DE LAUNAGUET (19h30) !
Vous pouvez lire le "témoignage" de la bonne soeur lauréate en cliquant sur ce lien :