19 mars 2009

Le préservatif à l'index

Tout pape normalement constitué (mais comment cela serait-il possible, tonnerre de brest ?) aurait profité de ce voyage en Afrique pour faire oublier les scandales qui se succèdent depuis le début de l’année : réhabilitation des évêques intégristes, dont l’évêque révisionniste Williamson avec ses propos négationnistes sur la Shoah, excommunication de la mère d’une fillette brésilienne de 9 ans qui a avorté après avoir été violée et de toute l'équipe médicale, campagne contre le droit de mourir dans la dignité en Italie avec l’affaire de la jeune Eluana...
Le pape était dans la sainte carlingue d’Air Vatican qui le transportait vers le Cameroun, mardi dernier, quelque peu somnolent, quand soudain il redressa la tête, ouvrit les yeux et prononça deux petites phrases qui ont immédiatement fait le tour de la planète : «On ne peut pas régler le problème du sida avec la distribution de préservatifs» fut la première.
Puis, levant un index sentencieux, il ajouta pour éclairer les lanternes qui clignotaient sous les mitres tout autour de lui : «Au contraire, leur utilisation aggrave le problème
Pour mémoire, près de 30 millions de personnes en Afrique subsaharienne sont atteintes du sida. Et 2,5 millions personnes en sont mortes en 2008.
Devant le tollé international que ces deux phrases ont soulevé, le Vatican a rappelé par la voix du père Lombardi qu’on ne voyait pas pourquoi, il y aurait suite à « ce voyage un changement de position de l’Eglise catholique envers le problème du sida.» Histoire d'enfoncer un peu plus le clou.
Pour ceux qui en doutait, Lombardi explique que Benoît XVI, comme précédemment Jean Paul II, n’a fait que rappeler la position officielle de l’Eglise catholique : sois chaste, c’est-à-dire fidèle à l'autre dans le mariage, et si tu es célibataire, abstiens-toi. Tout cela ne concernant, cela va de soi, que les hétéro-sexuels, tout « déviant » étant bon pour les flammes de l’enfer.
En tout cas, il y en a une qui a volé aussitôt au secours de Ratzinger alias Benoît XVI, c’est bien sûr l’inénarrable Christine Boutin : « Ce n’est pas drôle, a-t-elle réagi sur RTL, de mettre le préservatif quand on fait l'amour». La ministre du Logement a ainsi expliqué qu'en matière de préservatif, «chacun fait comme il peut et comme il veut», et qu’il ne fallait pas «attendre du pape qu'il dise qu'il faut mettre le préservatif».
Inénarrable, on vous dit.