08 octobre 2006

CONFERENCE

MARDI 26 OCTOBRE
à 20h30
salle Duranti-Osète
6, rue du Lieut.-Col. Pélissier
à Toulouse
conférence

de François GODICHEAU
Historien, spécialiste de la guerre d'Espagne

autour de son dernier livre
LA GUERRE D'ESPAGNE
De la démocratie à la dictature
paru chez Gallimard (sept. 2006)

François Godicheau, ancien élève de l'Ecole normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud et pensionnaire de la Casa de Velazquez, agrégé d'histoire et docteur de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, est maître de conférences à l'institut d'études ibéro-américaines de l'université de Bordeaux III. Il a publié Les Mots de la guerre d'Espagne (Presse universitaire du Mirail, 2003), La Guerre d'Espagne, République et révolution en Catalogne (Odile Jacob, 2004), La Guerra civil en 250 palabras (Alianza, 2005) et a codirigé, avec Julio Arostegui, l'édition de La Guerra civil. Mito y memoria (Marcial Pons, 2006).

Mot de l'éditeur
Depuis l’instauration de la République, en 1931, les conflits entre possédants et prolétaires, catholiques et anticléricaux, nationalistes et régionalistes se sont exacerbés. Du côté des paysans les plus misérables et des ouvriers l'esprit révolutionnaire domine. Les anarchistes, majoritaires parmi les organisations syndicales, et les socialistes les plus résolus radicalisent leurs discours et encouragent les actions violentes: grèves générales, invasions des terres par les paysans, violences anticléricales… Leurs adversaires, hostiles aux réformes, se regroupent. Des organisations d’extrême droite comme la Phalange se créent, sur le modèle du fascisme, pour imposer un régime totalitaire et «sauver» le pays d’une révolution socialiste. Mais le danger réel viendra de l’armée.
Le 16 février 1936, le Front populaire, qui rassemble républicains, socialistes, marxistes et communistes, remporte les élections. Dès le lendemain, des généraux préparent, sans grand secret, le renversement de la République. Le 17 juillet, les conjurés se soulèvent sous les ordres du général Franco. Le coup d’État est un échec dans les principales villes du pays (Barcelone, Madrid, Valence, Bilbao…) mais, en privant l’État de ses moyens de coercition, il déclenche la révolution: villes et campagnes se couvrent de comités révolutionnaires, formés de syndicalistes, d’ouvriers et de paysans.
Après une rapide avancée, les troupes de Franco échouent devant Madrid, défendu par les Républicains et les Brigadistes internationaux aux cris de No pasarán! («ils ne passeront pas»). Le front se stabilise, le pays est désormais coupé en deux. Mais la guerre est aussi dans chaque village, opposant partisans et adversaires de la révolution, une guerre sociale et politique, synonyme, des deux côtés, de terreur et d’exécutions sommaires.
Dès le début du conflit, Hitler et Mussolini soutiennent militairement Franco qui, après avoir unifié de force tous les partis pour mener la «croisade» contre les «rouges», jette les premières bases de son régime. Le camp républicain, divisé politiquement et moins bien armé – malgré l’aide de l’URSS et le renfort des brigades internationales –, perd peu à peu du terrain. Le 1er avril 1939, Franco est maître du pays. La répression qui suit est violente: 300 000 prisonniers, des dizaines de milliers d’exécutions, des milliers de morts de faim, de froid ou sous la torture, et plus d’un million de réfugiés passés en France. Souvent considérée comme la préfiguration de la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Espagne fut avant tout un conflit national, une véritable convulsion de toute la société espagnole qui, soixante-dix ans après, en porte encore les stigmates.