11 mai 2010

Éric Besson annonce de futures formations d'imams à l'université

Le ministre de l'Immigration et de l'Intégration Éric Besson a annoncé, mardi, que des discussions étaient en cours pour mettre en place des formations destinées aux futurs imams dans des universités publiques, ce qui constitue une première en France.
Le ministre se trouvait à l'Institut catholique de Paris qui dispense depuis janvier 2008 un cycle de formation intitulé "Religions, laïcité, interculturalité" et accueille chaque année une vingtaine de futurs imams et aumôniers recevant, par ailleurs, une formation théologique dans des instituts confessionnels. À l'occasion de sa visite, le ministre a annoncé la reconduction de la convention avec l'Institut catholique de Paris pour la prochaine année universitaire 2010-2011.
Il a également déclaré qu'il apportait "son soutien au développement de deux nouvelles formations" du même type dans "des universités de province", souhaitant que "cinquante agents cultuels et culturels" puissent y être "diplômés chaque année à partir de l'an prochain". Interrogé sur la localisation de ces formations, il a dit que les discussions "étaient en cours", mais qu'il serait prématuré d'être plus précis.

"Ne pas enfermer la formation des imams dans la théologie"
La création de formations dans des universités publiques ou la "décentralisation" de celle de la "catho" semble être un souhait largement partagé par les enseignants de l'Institut catholique, par les représentants du culte musulman et également par les élèves qui ont suivi ou suivent actuellement le cursus. Au cours d'une brève table ronde, des élèves ont en effet dit tout le bien qu'ils pensaient de cette initiative, l'un déclarant qu'il avait "compris la laïcité", un autre que ces cours "complétaient sa formation théologique", que "cet enseignement, c'est une lumière". Deux d'entre eux ont dit que l'islam était bien "compatible avec la laïcité", en réponse à une question du ministre qui a paru enchanté de leurs propos. Un futur aumônier pénitencier a estimé que cet enseignement devrait être obligatoire pour tous les futurs cadres cultuels et culturels.
Djelloul Seddiki, directeur de l'Institut de formation de la Mosquée de Paris d'où viennent les élèves du cycle "Religions, laïcité, interculturalité", a dit qu'il était "important de ne pas enfermer la formation des imams dans la théologie". Le cycle de cours est de 214 heures réparties entre la culture générale (histoire, français), le droit au sens large (droit français, droits de l'homme, parité, gestion), la culture religieuse (les religions en France, la laïcité) et l'interculturalité.

08 mai 2010

Pincé, Monseigneur !

Nouveau scandale au sein de l'Église catholique. Accusé d'avoir battu des élèves dans un orphelinat du sud de l'Allemagne, entre 1975 et 1996 (vingt ans !), Mgr Walter Mixa, âgé de 68 ans, a demandé au pape à être démis de ses fonctions épiscopales, ce qui a été accepté sans plus de commentaires.
Egalement aumônier dans l'armée, l'évêque, accusé par d'anciens élèves de l'orphelinat catholique de Schrobenhausen (sud) de violences physiques de 1975 à 1996, alors qu'il était prêtre dans cette commune, a d'abord nié avoir commis tout acte de violence sur des enfants, puis a confessé avoir distribué  "une ou deux gifles il y a 20 ou 30 ans" quand il était prêtre, à une époque où "c'était complètement normal" (sic).
"Avec sa démission, il veut veiller à éviter d'autres préjudices à l'Eglise" et "permettre un renouveau", indique dans un communiqué le secrétariat de l'évêché d'Augsburg.
"J'ai et j'ai toujours eu conscience de mes propres faiblesses" en "40 ans de prêtrise et 14 années de service épiscopal", déclare l'évêque qui réitère sa demande de pardon pour "l'injustice" et la "peine" causés.

Claques, matraque et fric-frac ?...
Certains témoignages sur les châtiments corporels reprochés à Mgr Mixa vont plus loin que la version de la simple claque et l'accusent de coups de bâton.
Les accusations portent aussi sur des détournements de fonds à l'orphelinat, à l'époque où Mgr Mixa était responsable de la fondation de cette institution. On comprend que certains l'aient poussé à avouer et démissionner :
"C'est un soulagement pour l'Eglise catholique en Allemagne, c'était tout de même devenu un lourd fardeau", a réagi Alois Glück, président du comité central des catholiques allemands, qui défend leurs intérêts dans la société.

Sacré palmarès...
Habitué des propos incendiaires et connu pour ses positions conservatrices, Mgr Mixa avait, en février, attribué à "la soi-disant révolution sexuelle" des années 1960-70 un rôle dans le scandale de pédophilie dans l'Eglise.
Celui qui avait établi des parallèles entre l'avortement et l'Holocauste, avait suscité à nouveau la polémique en 2009 en en assénant que les crimes nazis prouvaient que "la pratique de l'athéisme" était inhumaine.
En 2007, il s'était insurgé contre l'augmentation prévue du nombre de crèches, une politique visant, selon lui, à réduire les femmes "à des machines à procréer".
La même année, il s'était attiré les foudres de l'ambassadeur d'Israël à Berlin pour avoir comparé la situation des Palestiniens dans les territoires occupés à celle des Juifs dans les ghettos de Varsovie pendant la seconde guerre mondiale.

02 mai 2010

Les héritiers de Barrès

(nouvelobs.com)
Pétain ? Un héros. De Gaulle ? Un déserteur. Les SS : l’équivalent de nos CRS avant de devenir une armée d’élite. L’occupation allemande ? Un prêté pour un rendu. L’émission des “Infiltrés” produite par CAPA et diffusée mardi 28 avril sur France 2 a mis au jour l’antisémitisme et l’endoctrinement de jeunes élèves dans une école traditionaliste catholique hors-contrat de la région de Bordeaux.
La réaction de l’Archevêché…
Au lendemain de la diffusion, l’archevêché de Bordeaux a fait savoir dans un communiqué qu’il condamnait les propos tenus par des professeurs et des parents d’élèves : “Certaines séquences rapportent des propos intolérables, scandaleux et que nous dénonçons comme inacceptables, même si les conditions dans lesquelles le tournage s’est effectué posent de réelles questions de déontologie”. “Les parents de l’école privée Saint-Projet expriment leur condamnation de tout antisémitisme. Leurs déclarations devront être suivies de mesures fermes et appropriées”, est-il encore indiqué.
...et celle de SOS Racisme
SOS racisme a également réagi ce mercredi, s’inquiétant dans un communiqué de “l’enseignement extrémiste et haineux que semblent recevoir les enfants fréquentant (cette école)”. L’association de lutte contre la haine raciale et la discrimination va plus loin, et en appelle à “la responsabilité des pouvoirs publics pour enquêter sur les pratiques en cours dans cet établissement afin d’établir si les éléments apparaissant dans le reportage relèvent de faits isolés ou, au contraire, du cœur de l’enseignement dispensé”.
Aussi SOS racisme demande-t-elle au Procureur de la République d’ouvrir une procédure judiciaire afin de faire toute la lumière sur les éléments révélés au cours de cette enquête.
Initialement consacré au groupuscule d’extrême-droite Dies Irae, le projet de documentaire A la droite du père s’est élargi à l’école catholique traditionaliste relevant de l’Institut du Bon Pasteur (dont le supérieur général est l’abbé Philippe Laguérie, ancien curé de Saint-Nicolas du Chardonnet). L’archevêché se défend aujourd’hui d’entretenir des liens avec “le groupe politique incriminé”.
Antisémitisme avéré
Le journaliste infiltré a pourtant gagné son ticket d’entrée dans l’école Saint-Projet en se présentant comme un sympathisant de Dies Irae proposant son aide à l’abbé qui dirige l’école. En moins de cinq minutes, le voici à mis l’épreuve en tant que surveillant. Allant de surprises en surprises, l’infiltré tombe d’abord sur un échange entre professeurs et parents d’élèves sur le retrait d’Algérie, qui ne laisse aucun doute quant à l’antisémitisme ambiant. “On ne leur fera plus le coup de l’exode”, ricane notamment l’un des protagonistes. Pourquoi s’étonner alors que les élèves testent la nouvelle recrue en entonnant des chants nazis et plaisantant sur leur future “voyage de noces à Auschwitz” en salle de permanence. lire la suite...
Le son de cloche est bien différent lorsqu’un journaliste identifié comme tel vient interviewer le fondateur de l’école, Thomas Rivière. Ce dernier récuse les accusations de révisionnisme et se réfugie derrière les 40 ans d’enseignement de son professeur d’histoire dans le public. L’école, qui accueille 85 élèves de 3 à 15 ans, enseignerait l’Histoire sans parti pris : “Pour nous la lecture de l’Histoire n’étant pas idéologique, il n’y a pas lieu de faire un focus disproportionné dans le temps, et de prendre par exemple un trimestre entier pour parler de l’holocauste, déclare Thomas Rivière.
Une plainte contre France 2 et contre Capa
Vérification en caméra cachée : si le professeur en question aborde bien la Seconde guerre mondiale avec ses élèves de troisième, il ne mentionne par la déportation, justifie les choix de Pétain, présente De Gaulle comme un “déserteur”.
De nombreux catholiques traditionalistes français n’ont pas goûté ce coup de projecteur sur l’école. Certains reprochent aux Infiltrés de mettre tous les catholiques dans le même sac, d’autres, plus agressifs, ont violemment réagi sur le Web, et porté l’affaire devant la justice
Selon le site riposte-catholique, le fondateur du groupe Dies Irae avait adressé à France 2 une mise en demeure pour obtenir de ne pas apparaitre dans le documentaire, des parents d’élèves de l’école où l’équipe a tourné ont porté plainte contre France 2 et Capa.
Charlotte Clidi avec Afp

Europe Ecologie + RPS : la voix de la réction anti-républicaine

Les régionalistes "veulent déverrouiller le système jacobin"

Par Clara Bamberger, publié le 28/04/2010 (L’EXPRESS)

Le porte-parole des élus régionalistes, François Alfonsi, revient sur le succès électoral remporté par la fédération Régions et Peuples Solidaires (RPS) lors des dernières régionales. Passée de cinq élus en 2004 à quinze actuellement et alliée à Europe Ecologie, ce groupement unit des partis régionalistes et autonomistes, à l'image du Parti occitan et du Parti de la nation corse.

Le nombre d'élus régionaux issus de votre fédération a certes progressé. Mais ne bénéficiez-vous pas davantage du succès d'Europe Ecologie que d'un véritable regain des idées autonomistes dans l'opinion ?

Il est clair que la réussite d'Europe Ecologie aux élections régionales nous a permis d'enregistrer nos propres succès. Mais nous revendiquons notre part de responsabilité dans les bons scores obtenus par les listes écologistes.

Sur les territoires où notre fédération est implantée, Europe Ecologie a obtenu de très bons scores au second tour: 26% en Corse, 20% en Savoie, 18% en Bretagne. Une véritable sensibilité autonomiste s'y est donc exprimée. Et celle-ci a contribué à faire d'Europe Ecologie la troisième force politique du pays.

Pourquoi avoir fait le choix d'associer votre fédération à ce parti précisément ?

Parce que les défenseurs de l'écologie politique partagent notre conviction profonde: un monde durable et solidaire suppose la promotion de la diversité culturelle et linguistique. Notre alliance avec Europe Ecologie ne se situe pas qu'à l'échelon français. En Europe, cela fait trois mandatures que les autonomistes de progrès, regroupés au sein de l'Alliance libre européenne siègent en bonne harmonie avec les Verts. Nos visions se recoupent: nous demandons à l'Europe de défendre ce qui fait sa richesse, à savoir sa diversité, à la fois naturelle et culturelle.
Votre fédération se revendique autonomiste. La décentralisation n'irait-elle pas assez loin ?

La décentralisation n'est pas simplement insuffisante; elle est de nature perverse. Le fait est qu'aujourd'hui, le premier personnage d'une région n'est pas le président élu, mais toujours le préfet nommé.
Deuxième réalité: le pouvoir des régions françaises est essentiellement symbolique, lorsqu'on songe qu'elles ne gèrent que 3% du budget public global, hors Sécurité sociale. En Allemagne, on atteint les 50%. En France, ces collectivités restent essentiellement gestionnaires. Elles n'ont pas de pouvoir décisionnel véritable.

Vous appelez donc à un changement total de modèle...

Tout à fait. Seule l'émergence d'un fédéralisme différencié, adapté aux besoins spécifiques de chaque territoire, permettra à la population de jouir d'une véritable autonomie pour organiser sa vie commune. Et notamment pour sauver la diversité linguistique française, menacée de disparition, à plus ou moins long terme. La République jacobine française met en péril son patrimoine culturel et linguistique..

La réforme des collectivités territoriales ne va-t-elle pas dans le sens d'un renforcement du pouvoir régional ?

Absolument pas. Ce projet est condamnable à plus d'un titre. Non seulement le mode de scrutin retenu est inacceptable, mais il ne remet pas en cause les fondements de l'organisation de l'Etat français. Il faudrait procéder à un redécoupage des régions non plus sur une base bureaucratique, mais identitaire. Par ailleurs, le gouvernement raisonne à l'envers. Sa réforme va dans le sens d'une départementalisation des régions, alors que celles-ci devraient définitivement affirmer leur assise.

Quelles revendications vos élus vont-ils défendre ?

Nous allons demander une vaste révision de la délimitation administrative des régions. Celle-ci impliquera: la création d'une région Savoie, le retour de la Loire-Atlantique en Bretagne , l'instauration de collectivités à statut particulier - prévues par la Constitution - pour le Pays basque nord et la Catalogne nord. Enfin, nous agirons de concert pour que soit enfin mise en place une politique de reconnaissance officielle des langues régionales et minorisées.

Depuis sa révision de 2008, la Constitution stipule déjà que "les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France". N'est-ce pas suffisant?

Cette inscription n'est qu'une vaste hypocrisie si elle ne s'accompagne pas de leur reconnaissance en tant que langues officielles. Ce n'est pas un détail. Lorsque nous votons des mesures de soutien à la traduction dans toutes les langues européennes des grands auteurs, le breton se retrouve de fait exclu. Car il ne s'agit pas d'une langue reconnue comme officielle en France. Très concrètement, il est actuellement impossible de traduire "Hamlet" en breton avec une subvention européenne.

C'est pourquoi la reconnaissance officielle des langues régionales constitue un point de départ pour leur redonner un avenir. Car de la même façon qu'il est criminel de faire disparaître une espèce, il est criminel de faire mourir en silence une langue et une culture.