22 février 2009

27 février : Conférence de Progreso MARIN

Vendredi 27 février
à 20h00
salle Cuvier
131, route d’Albi
UNE CONFERENCE DE LA LIBRE PENSEE


Progreso MARIN

auteur de « La Mémoire à vif »
évoquera la période de la Retirada,
cette résistance du peuple espagnol
et au-delà la résistance des peuples

Il y a 70 ans, des dizaines de milliers de républicains espagnols, hommes, femmes et enfants, rejoignaient la France du Front Populaire, fuyant la répression des fascistes franquistes. Ils allaient connaître les camps, les séparations forcées, les larmes et la mort, eux qui combattaient pour un monde de justice sociale, de liberté, d’égalité et de fraternité.
Ils voulaient l’Espagne républicaine et laïque.
Leurs enfants préservent leur mémoire et en même temps ces valeurs humaines fondamentales
.

18 février 2009

Le juge Tosti acquitté !

Nous apprenons que la Cour de Cassation réunie à Rome le 17 février 2009 vient d’abandonner toutes les charges contre le juge Tosti qui avait refusé de siéger sous un crucifix et qui avait été, pour cela, condamné à 7 mois de prison.
Cet acquittement est une grande victoire pour tous les laïques, à commencer par nos amis italiens de la Fédération de Libre-Pensée «Giordano Bruno».
La Fédération nationale de la Libre Pensée française se félicite de ce succès, dû notamment à la mobilisation internationale. Ce succès s’inscrit dans le combat pour la Séparation des Eglises et de l’Etat partout dans le monde.
L’abrogation du Concordat de 1929-1984 est une nécessité pour la laïcité en Italie.
Le juge Tosti doit maintenant être rétabli dans ses fonctions et les charges disciplinaires contre lui doivent être abandonnées.
Paris, le 18 février 2009

17 février 2009

Vive la séparation des Eglises et de l’Etat en Bolivie !

La Fédération Nationale de la Libre Pensée française salue la République de Bolivie avec joie et émotion.

Avec joie, parce que le peuple bolivien vient d’approuver la nouvelle Constitution qui lui était proposée par plus de 60% des votants, et ce bien que quatre départements sur onze aient majoritairement voté contre, ce qui ne faisait que traduire leurs velléités séparatistes.
Lorsque le 25 Janvier 2009 le Président Evo Moralés déclara : « Aujourd’hui nait une nouvelle Bolivie qui donne l’égalité des chances à tous les boliviens. L’Etat colonial disparaît », il ne faisait que prendre acte du désir de changement profond du peuple bolivien, le plus pauvre de l’Amérique du Sud mais dont le sous-sol recèle d’immenses richesses pétrolières et minières dont, jusqu’à présent, il ne profitait pas.
Dans un pays qui, comme tous les pays sud- américains, n’a pas connu de décolonisation cette Constitution va lui donner une véritable indépendance politique et économique.
Cela n’a pas été sans mal ni sans violences tant les forces réactionnaires ont mis tout leur poids dans la balance. A tel point que l’Assemblée Constituante dût abandonner Sucre, la capitale constitutionnelle, pour la ville minière d’Oruro où elle put travailler en sécurité sous la protection des jeunes, des paysans et des mineurs.


Avec émotion, parce que cette nouvelle Constitution comporte un certain nombre de dispositions que la Libre Pensée ne peut qu’approuver :

  • interdiction d’installation de bases militaires étrangères,
  • reconnaissance de plusieurs types de propriété y compris la propriété communautaire, dans le même temps qu’il y aura limitation de la grande propriété appelée « latifundia »,
  • interdiction de l’aliénation des ressources naturelles au profit de puissances, entreprises ou personnes étrangères, acte considéré désormais comme un crime.

Avec émotion, parce que cette nouvelle Constitution sépare les Eglises de l’Etat.

La Bolivie sera donc le premier Etat d’Amérique du Sud à adopter constitutionnellement la Laïcité, puisque le Mexique fait partie de l’Amérique du Nord. La Bolivie ouvre le chemin à tous les peuples d’Amérique latine.
Il faut peser à son juste poids ce que cette décision représente de conviction et de détermination.
Il faut se convaincre du poids de cette mesure dans un continent dominé depuis 1492 par l’Eglise catholique.
Il faut considérer la valeur exemplaire de ce vote populaire, car ce n’est pas une Assemblée qui a pris une décision mais un peuple tout entier qui en s’exprimant démocratiquement a selon la vieille formule décidé : « l’Eglise chez elle et l’Etat chez lui ».

Difficilement, les autres Etat sud-américains tentent d’aller vers la Laïcité, cherchent du soutien, luttent contre les forces de la réaction, publient des manifestes, des ouvrages. La Bolivie, elle, a décidé.
Cela n’a pas empêché l’ancien Président de droite de déclarer que cette Constitution était : « un morceau de papier qui vaut autant que du papier hygiénique usagé ». C’est dire les résistances rencontrées par les constituants. C’est dire leur détermination.

C’est aussi à juste titre que le Président Moralés pouvait dire à l’issue du scrutin : « C’est une grande joie pour moi et pour tout le mouvement indigène, ouvrier, paysan et populaire. »

Cette grande joie et cette grande émotion, la Fédération Nationale de la Libre Pensée de France les partage puisqu’elle voit la réalisation d’un de ses idéaux dans un pays si loin par la distance mais si proche par le coeur.

Que le Président Moralés et le peuple bolivien sachent que les Libres Penseurs de France partagent leur allégresse et que la Fédération de la Libre Pensée sera toujours à leur côté dans le combat pour l’instauration de la Laïcité et sa défense.

Paris, le 16 février 2009

16 février 2009

Etat de droit contre obscurantisme religieux

L'AFFAIRE ELUANA ENGLARO

La Cour de cassation italienne a levé le dernier obstacle juridique à l'arrêt de l'alimentation artificielle d'une femme de 37 ans dans le coma depuis 1992 en Lombardie.
Une décision condamnée d'avance par l'Eglise catholique pour laquelle l'interruption de l'alimentation et de l'hydratation artificielles est dans tous les cas "un assassinat".
La cour d'appel avait accordé le 9 juillet une autorisation d'arrêt d'alimentation et hydratation artificielle de la jeune femme.
Le parquet de Milan avait alors déposé un recours qui vient d'être rejeté par la plus haute juridiction, le jugeant irrecevable.

"On envoie une jeune fille à la mort"
Cette décision est "un fait gravissime sur les plans éthique et moral car on envoie une jeune fille à la mort", a réagi sur Radio Vatican le président de l'académie pontificale pour la vie, Mgr Rino Fisichella. Il a immédiatement réclamé une loi qui empêche "toute euthanasie active ou passive en Italie".
Mardi encore, le "ministre de la Santé" du Vatican, le cardinal Javier Lopez Barragan, avait considéré qu'un arrêt des soins à Eluana serait "une monstruosité inhumaine et un assassinat".
Quant à la Lombardie, présidée par le catholique conservateur Roberto Formigoni, elle a refusé d'indiquer à la famille d'Eluana un établissement acceptant d'appliquer la décision de justice.

C'est "la confirmation que nous vivons dans un Etat de droit"
Le père de la jeune femme demande depuis des années que sa fille, dans un coma végétatif depuis un accident de voiture en 1992 et hospitalisée dans une institution religieuse, cesse d'être maintenue en vie artificiellement. Il assure qu'elle ne l'aurait pas voulu.
La décision de la cour de cassation "est la confirmation que nous vivons dans un Etat de droit", s'est-il félicité.
Suite à cette décision de la Cour de cassation, Eluana n'était plus alimentée depuis le vendredi 6 février. Elle est finalement décédée le lundi 9, dans une clinique d'Udine (nord-est), alors que son sort faisait l'objet d'une véritable tempête politique .
"Eluana n'est pas morte de mort naturelle, elle a été assassinée, elle a été tuée alors que les sénateurs étaient en train de discuter sur la constitutionnalité du projet de loi du gouvernement" qui visait à interdire l'arrêt de l'alimentation de la jeune femme, a déclaré Silvio Berlusconi.
"Je suis serein car j'ai fait ce qui était juste", a ajouté le chef du gouvernement dans une interview au quotidien Libero. Jusqu'à la dernière minute, le gouvernement italien a fait des pieds et des mains pour empêcher l'interruption de l'alimentation artificielle. En vain. L'adoption en urgence vendredi d'un décret-loi pour empêcher l'arrêt de l'alimentation d'Eluana a été rejetée par le chef de l'État Giorgio Napolitano. Et le Sénat, réuni pour adopter en urgence un projet de loi qui aurait contraint ses médecins à recommencer à la nourrir, n'a pas eu le temps de légiférer.
Le mardi 10 février, toute la droite parlementaire, l'Église catholique en tête, le Vatican et tous les adversaires de l'euthanasie ont donc accusé en choeur la famille d'Eluana, la justice et le président de la République d'avoir tué la jeune femme.
"Que le Seigneur l'accueille et pardonne à ceux qui l'ont conduite là", a proclamé le "ministre de la Santé" du Vatican, le cardinal Javier Lozano Barragan.
Le pape Benoît XVI, quant à lui, avait condamné il y a quelques jours encore l'euthanasie "solution indigne de l'homme".
L'opposition de gauche et les mouvements laïques qui avaient multiplié les manifestations de soutien à la famille Englaro ont annoncé qu'ils suspendaient mardi toute manifestation publique "en signe de respect pour la mort d'Eluana".
Mais la chef du groupe parlementaire du Parti démocrate (PD) au Sénat, Anna Finocchiaro, est montée au créneau, dénonçant "une rage aveugle et irresponsable" de la droite qui, selon elle, a tenté à travers l'affaire Eluana de mener une "politique dévastatrice (qui avait pour but) la réduction des pouvoirs du chef de l'État, des décrets d'urgence sans freins et la réduction du débat parlementaire à un simulacre".
À l'annonce du décès de la jeune femme, les sénateurs des deux camps ont toutefois observé une minute de silence à la mémoire d'Eluana, avant de s'insulter, en venant quasiment aux mains.
Plus tard dans la nuit, majorité et opposition ont malgré tout réussi à se mettre d'accord sur la nécessité d'aboutir dans les deux semaines à un vote sur une loi régissant la fin de vie.
Encore des séances de pugilat en perspective...
D'après Le Point et L'Express

01 février 2009

La Bible de Lincoln et la Croisade de Lee Gordon

Chacun a pu voir que la cérémonie d'investiture d'un président des Etats-Unis est totalement encadrée par le clergé. Bénédicités, sermons et surtout la Bible sur laquelle le président élu prête serment.
Barack Obama a choisi la Bible de Lincoln.
Ce qui a terriblement ému l'ensemble des commentateurs : pensez donc, la Bible du grand homme, celui qui aboli l'esclavage !
Au lieu de prêter serment sur la Bible, on pourrait prêter serment sur la Constitution du pays, quoiqu'on en pense par ailleurs. On en comprendrait la logique : on prête serment sur ce qui fonde la société que l'on est amené à diriger. Ce qui signifie, tout compte fait, qu'avec la Bible, le sens profond est le même : la Bible représente les fondements de la société que le nouveau président va diriger et qu'il s'engage par conséquent à défendre.
Tout un programme, donc.
Et bien dans la Bible de Lincoln et d'Obama, comme dans toute autre Bible, on peut lire entre autres horreurs obscurantistes celles-ci, qui ont fondé la société esclavagiste :
Exode 21:1 : Yahweh à Moise : "Voici les lois que tu leur donneras.
2 Lorsque tu acquerras un esclave hébreu, son service durera six années, la septième année il s'en ira, libre, sans rien payer.
3 S'il est venu seul, il repartira seul ; s'il était marié, sa femme partira avec lui.
4 Mais si c'est son maître qui lui a donné une femme, et que celle-ci lui a donné des fils ou des filles, la femme et ses enfants resteront la propriété du maître, et lui s'en ira seul.
5 Mais si le serviteur déclare: "J'aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas être libéré",
6 son maître le conduira alors devant Dieu; puis l'ayant amené près du vantail ou montant de la porte, son maître lui percera l'oreille avec un poinçon et l'esclave sera pour toujours à son service."
7 Lorsqu'un homme aura vendu sa fille comme servante, elle ne devra pas s'en aller comme s'en vont les esclaves.
8 Si elle déplaît à son maître au point de ne pas la réserver pour lui, il la fera racheter."
Ex 21:20 : "Si quelqu'un frappe du bâton son esclave ou sa servante au point qu'ils succombent sous sa main, il subira la vengeance.
21 mais survivent-ils un jour ou deux, il ne devra pas être puni: car ils sont sa propriété." Le meurtre d'un esclave est moins grave que de travailler le jour du sabbat, de ne pas être vierge le soir de ses noces, de commettre l'adultère, d'avoir une relation homosexuelle...
Proverbes 29:19 : "On ne corrige pas un esclave avec des mots,
même s'il comprend, il n'obéit pas." On discipline esclaves, femmes et enfants comme les bêtes, avec le fouet. Si vous êtes dur de la comprenette, rendez-vous chez l'Ecclésiaste :
Eccl. 33:25 : "A l'âne le fourrage, le bâton, les fardeaux,
à l'esclave le pain, le châtiment, le travail.
26 Fais travailler ton esclave, tu trouveras le repos ; laisse-lui les mains libres, il cherchera la liberté.
27 Le joug et la bride font plier la nuque,
au mauvais serviteur la torture et la question."
On en remet une louche dans l'Epître à Tite 2:9 : "Que les esclaves soient soumis en tout à leurs maîtres, cherchant à leur donner satisfaction, évitant de les contredire,
10 ne commettant aucune indélicatesse, se montrant au contraire d'une parfaite fidélité : ainsi feront-ils honneur en tout à la doctrine de Dieu notre Sauveur."
Et on enfonce le clou dans la Première épître de saint Pierre 2:18 :
"Vous les domestiques, soyez soumis à vos maîtres avec une profonde crainte, non seulement à ceux qui sont bons et indulgents, mais aussi à ceux qui sont difficiles.
19 Car c'est une grâce que de supporter, par égard pour Dieu, des peines que l'on souffre injustement.
20 Quelle gloire en effet à supporter les coups, si vous avez commis une faute ? Mais si ayant bien agi, vous supportez la souffrance, c'est une grâce auprès de Dieu. "

Alors, on peut se dire qu'à défaut de jurer sur la Constitution et quitte à jurer sur un roman, autant jurer sur un bon roman. Une suggestion, certes tardive pour Obama - mais après tout il a juré une deuxième fois suite au cafouillage lors de la cérémonie - pourquoi ne pas jurer une troisième fois ? Par exemple, sur la Croisade de Lee Gordon du grand Chester Himes, dont c'est le centenaire cette année.
On peut avoir un rêve, non ?
Comme a dit un jour Martin Luther King...

Lundi 9 février à 18h30, place du Salin...

...l’hommage au philosophe italien VANINI
et aux précurseurs des Lumières, victimes de l’obscurantisme religieux

Le samedi 9 février 1619, à Toulouse, un jeune homme italien du nom de Pompeo Usciglio est attaché sur des claies puis traîné par trois chevaux de sa prison jusqu’au lieu de son supplice, place du Salin, avec un arrêt expiatoire sur le parvis de la cathédrale Saint-Étienne où on le fait mettre à genoux, un cierge à la main, pour « demander pardon à Dieu, au Roy et à la Justice ».
Il doit mourir parce qu’il est convaincu par ses juges de crime de « lèse-majesté divine » : « théisme, blasphèmes, impiétés et autres crimes». On l’a revêtu d’une simple chemise et on l’a affublé d’une pancarte sur laquelle ont été peints en grands caractères ces quelques mots : «Athéiste et Blasphémateur du Nom de Dieu». On lui a passé autour du cou la «hard», la corde qui permettait au bourreau d’étrangler le condamné.
L’un des juges décrit le jeune Italien : «… un homme d’assez bonne façon, un peu maigre, le poil châtain, le nez long et courbé. Les yeux brillants et aucunement hagards, grand de taille».
Le cortège arrivé place du Salin, on l’assoit et on l’enchaîne à un poteau devant une foule d’un millier de personnes. Il se refuse à tirer la langue «par laquelle il avait proféré des paroles exécrables» et que le bourreau doit trancher ; on le fait de force et le hurlement qui retentit alors hantera longtemps la mémoire toulousaine : «On n’a jamais entendu un cri plus effroyable ; vous l’auriez pris pour le mugissement d’un bœuf» .
Il est enfin étranglé et brûlé. Ses cendres sont dispersées au vent.
Cet homme s’appelle en réalité Giulio CesareVanini, jeune philosophe italien, réfugié clandestinement à Toulouse pour échapper aux foudres de la Sorbonne.
Né dans le Royaume de Naples en 1585, formé à Naples et à l'Université de Padoue, Vanini évolua au fil de ses travaux philosophiques et scientifiques vers l'athéisme.
Fuyant l'Italie et les autorités catholiques, reniant tour à tour le catholicisme et le protestantisme (il était moine), Vanini se rend à Londres, Venise, Lyon, Gênes et Paris, ville dans laquelle il connut une période de liberté intellectuelle. Mais condamné par la Sorbonne pour l’un de ses écrits, il décida de se réfugier à Toulouse, qui était pourtant connue pour son intolérance. Il y fut pris dans un véritable piège.
Les ouvrages que Vanini a laissés développent une conception matérialiste niant la création du monde, présentant une théorie originale du dynamisme des processus naturels et dénonçant la religion comme une imposture politique. Ces thèses très audacieuses ont fait de lui au XVII° siècle «le prince des libertins».

Lundi 9 février, la Libre Pensée de Haute-Garonne lui rendra hommage ainsi qu'aux penseurs précurseurs des Lumières persécutés par l'obscurantisme religieux, comme Giordano Bruno, Michel Servet et Etienne Dolet qui ont tous les trois séjourné à Toulouse.

Big mic-mac au Vatican

Les propos tenus, mercredi 28 janvier, par le pape Benoît XVI pour calmer le jeu suite à sa levée des excommunications des quatre évêques intégristes, dont Mgr Williamson (photo), celui pour qui l'Holocauste n'a pas existé, n'ont en définitive rien calmé du tout :
  • Jeudi 29 janvier, le Conseil central des juifs en Allemagne a rompu tout contact avec l'Eglise catholique, reprochant au pape de "prendre sous son aile" un négationniste.

  • Le grand rabbinat d'Israël a annulé une rencontre prévue en mars au Vatican.

  • En Suisse, 200 prêtres et théologiens ont écrit à leurs évêques pour s'inquiéter de la réhabilitation des intégristes, qui s'inscrit selon eux dans une série de "décisions fortement régressives".

  • En France, une cinquantaine d'intellectuels catholiques ont lancé une pétition dans La Vie demandant "une condamnation claire des propos de Mgr Williamson" par le pape.

Au Vatican, où certains s'interrogent sur l'opportunité d'annoncer la levée des excommunications au moment même où étaient diffusés les propos négationnistes, règne, selon un observateur romain, un climat "de tensions et d'agressivité. Le pape et son entourage n'ont pas pris la mesure du problème ; ils se sont arrêtés aux enjeux théologiques, sans voir les conséquences politiques ou sociétales d'une telle décision".
Les propos d'un prêtre italien de la Fraternité, estimant, jeudi 29 janvier, que "les chambres à gaz ont existé au moins pour désinfecter" sans pouvoir dire "si elles ont causé des morts" démontrent à qui veut bien l'entendre que Williamson n'est pas une exception et que Benoît XVI n'est certainement pas l'ingénu qu'il feint d'être. Les évêques français, concernés tout particulièrement car c'est en France que se trouve la plus importante fraction de Lefebvristes, se rendront à Rome la semaine prochaine.

Saint Pierre et ses brebis galeuses
Un article de Caroline Fourest paru dans LE MONDE 30.01.09
L'un des quatre évêques intégristes réintégrés par Benoît XVI, Mgr Williamson, est ouvertement négationniste. Qui peut feindre la surprise ? Il ne s'agit pas d'une première. Mais de l'énième main tendue à l'extrême droite anti-Vatican II, intolérante et antisémite, sous prétexte de retrouver l'"unité de l'Eglise". Cette "unité" est rarement invoquée pour réhabiliter les théologiens de la libération excommuniés, ou même pour adoucir l'amertume des catholiques de gauche placardisés. Entre la tentation moderniste et la tentation intégriste, le nouveau pape préfère combattre la première et courir après la seconde. La Fraternité Saint Pie X n'a jamais caché son enthousiasme : "C'est un pape traditionaliste !" Le compliment est exagéré mais mérité.

Benoît XVI aura fait plus de concessions en quatre ans que Jean Paul II en vingt-sept. Réhabilitation de la messe en latin, que l'on peut désormais célébrer comme "rite propre", messes tournées vers l'Orient et non plus vers les fidèles, réhabilitation de la prière pour la conversion des Juifs, réaffirmation du dogme au détriment de l'oecuménisme... Vatican II, ce "concile inspiré par le diable", selon l'expression lefebvriste consacrée, est en lambeaux. Presque tous les voeux de ses détracteurs ont été exaucés. Il ne restait plus qu'une exigence pour sceller la réconciliation : la remise en cause de l'excommunication des quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre. Voilà qui est fait.
Bernard Fellay, l'un des quatre évêques réintégrés, étant le successeur de Lefebvre, sa Fraternité entre dans le giron de l'Eglise. Or elle compte bien d'autres brebis galeuses que Richard Williamson. Bernard Tissier de Mallerais, également réintégré, a fait partie du comité d'honneur de l'Union des nations de l'Europe chrétienne, au côté de membres du Front national. L'organisation avait l'habitude de se rendre à Auschwitz pour célébrer le "plus grand génocide de tous les temps". Non pas celui des Juifs, bien sûr. Mais celui des foetus avortés.
L'Eglise parisienne de la Fraternité, Saint-Nicolas-du-Chardonnet organise volontiers des offices à la mémoire d'écrivains négationnistes comme Maurice Bardèche. Son ancien curé, Philippe Laguérie, grand admirateur du milicien Paul Touvier, fait partie des toutes premières brebis traditionalistes réintégrées par Benoît XVI, grâce à un Institut dit du "Bon pasteur" taillé sur mesure. D'où il a pu baptiser un enfant de Dieudonné à la demande de son parrain, Jean-Marie Le Pen. Persuadé que les Juifs exercent une forme de "dictature" à travers la "banque et les médias", le bon pasteur est hostile à toute forme de dialogue avec le judaïsme : "On ne flirte pas avec cette secte !"
Ces discours extrémistes n'ont rien d'exceptionnel parmi les nouveaux soldats du pape. Les catholiques traditionalistes rejettent souvent l'oecuménisme de Vatican II par nostalgie pour l'antijudaïsme chrétien, ce bon vieux temps où l'on pouvait prier pour l'âme du juif déïcide. Leurs militants français s'inscrivent donc logiquement dans la plus pure tradition maurrassienne. Certes, d'autres catholiques ouvertement d'extrême droite, comme Bernard Antony, de Chrétienté-solidarité (élu FN), ou don Gérard Calvet, du monastère du Barroux, se sont ralliés à l'Eglise du temps de Jean Paul II.
Mais à l'époque, quand le monastère du Barroux se remettait à prier pour le "Juif perfide", cela faisait désordre et le Vatican intervenait. Aujourd'hui, la prière pour la conversion des juifs est parfaitement tolérée. Sa formulation a été atténuée mais son esprit restauré.
Les rabbins italiens qui ont osé protester contre cette prière se sont vus sèchement éconduits par le Cardinal Kasper, pourtant chargé du dialogue interreligieux : "De notre point de vue, elle est tout à fait correcte sur le plan théologique. C'est simplement difficile pour les Juifs de l'accepter."
Le ton du "dialogue" est donné.