29 avril 2008

Brebis noire et lanterne rouge

La France mauvaise élève pour la connaissance de la Bible

Américains et Polonais sont beaucoup plus familiers des Écritures, selon une enquête internationale.
La France mais aussi l'Espagne apparaissent comme les mauvais élèves dans une enquête sur «La lecture des Écritures dans certains pays», présentée hier au Vatican.
Interrogés pour savoir s'ils avaient lu au moins un passage de la Bible depuis un an, les Français et les Espagnols sont arrivés en dernière position, avec respectivement 21 % et 20 % de réponses positives, loin derrière les Américains (75 %), les Polonais (38 %), les Britanniques (36 %), les Russes (35 %), les Néerlandais (31 %), les Allemands (28 %) et les Italiens (27 %).
Réalisée dans ces neuf pays auprès de non-croyants et de fidèles pratiquants de confession protestante, catholique et orthodoxe, cette enquête a été commanditée par la Fédération biblique catholique internationale, dans la perspective du synode des évêques sur la parole de Dieu qui se tiendra en octobre au Vatican.
Autre point saillant du sondage : moins de 50 % des Français possèdent un exemplaire de la Bible chez eux. En revanche, seuls 7 % des Américains ne possèdent pas de Bible à la maison, et 15 % de Polonais.
L'enquête s'est également penchée sur la connaissance du contenu, en posant des questions de base : Jésus est-il l'auteur de livres de la Bible ? Est-ce que Moïse est un personnage de l'Ancien Testament ? Qui de Luc, Jean, Paul et Pierre a écrit un Évangile ? Ce sont les Polonais qui arrivent en tête avec plus de 20 % de sans-faute, suivis par les États-Unis (avec plus 17 %). Juste derrière, la Grande-Bretagne enregistre 17 % de bonnes réponses et l'Allemagne 15 %. Là encore, la France et l'Espagne ne brillent pas par leurs résultats (11 % et 8 % sans erreur). Pour autant, ce sont les Russes qui arrivent en toute dernière position avec seulement 7 % de bonnes réponses.
L'absence de lecture n'exclut pas la prière
«Attention aux confusions, prévient le père Laurent Villemin, professeur de théologie à l'Institut catholique de Paris, ce n'est pas parce qu'on ne lit pas la Bible qu'on ne la connaît pas, ou bien qu'elle ne joue pas de rôle dans sa vie. Simplement, on y accède par d'autres voies, notamment la catéchèse, la messe, les célébrations, etc. » L'absence de lecture n'exclut pas non plus la prière, comme le souligne l'enquête. En effet, les Français, peu fervents des textes, sont seulement 49 % à dire qu'il ne leur «arrive jamais de prier». Les Néerlandais sont 42 % à l'avouer aussi, les Allemands 38 % et les Britanniques 36 %. Quant aux Américains, 87 % affirment prier et même chaque jour pour 63 % d'entre eux tout comme 85 % de Polonais et d'Italiens, 77 % de Russes et 73 % d'Espagnols.
Au vu de ces résultats, l'enquête indique notamment que la France est le pays qui présente «le plus grand niveau de sécularisation».
Le père Villemin confirme : «La France est le pays le plus touché par la disparition du religieux dans l'espace public, et par ricochet dans l'espace privé.» Pour lui, rien d'étonnant à ce que les Français ressortent comme les plus mauvais élèves du sondage. «Contrairement à beaucoup d'autres pays, le fait religieux n'est pas un fait culturel en France, il est très marginalisé

LE FIGARO du 28/04/2008

07 avril 2008

La faute à Eve

Rencontre
des
libres penseurs
samedi 12 avril à 11h00
salle de la Commanderie
4-6 rue du lieutenant-Colonel Pélissier à Toulouse
« Les valeurs de la Libre Pensée
et
le combat d’émancipation des femmes »

Somme toute, le célibat des prêtres est étroitement lié à la place que l’Eglise accorde aux femmes dans cette vallée de larmes : condamnée à l’esclavage domestique ad seculae seculorum.
Par la faute d’Eve, les femmes sont impures. L’homme est souillé à son contact et même à sa seule vue.
La femme est utile à la reproduction de l’espèce et à l’entretien.
Ce que les Allemandes avaient concentré dans la formule des trois K : « Kinder, Küche, Kirche » (les enfants, la cuisine, l’Eglise). On comprendra donc qu’a fortiori, les soldats du Christ ne sauraient se commettre avec ces « untermenschen » (du moins au grand jour).
On en déduira que le célibat des prêtres est un concept sectaire, tout aussi obscurantiste que le voile.
Seuls s’en étonneront ceux qui pensent que la religion chrétienne (et notoirement l’Eglise catholique), bien loin de l’islam rétrograde, évolue avec son temps : aux époques obscurantistes, une Eglise inquisitoriale ; à l’époque civilisée, une Eglise éclairée, porteuse de valeurs essentielles à la société.
Cette place et ce rôle dévolus à la femme dans la société sont le fait des religions, quelles qu’elles soient.
Cela peut simplement apparaître aujourd’hui plus marqué là-bas qu’ici, chez le musulman du Mirail que chez le catholique du quartier Saint-Etienne.
Mais à y bien regarder…
Dans une société ainsi conçue, pourquoi donc les femmes voteraient-elles ? Pourquoi seraient-elles libres de disposer de leur corps comme elles l’entendent ? Pourquoi chercheraient-elles à trouver un travail et donc à suivre des études pour se qualifier ?
Comment des idées aussi saugrenues peuvent-elles même passer par la tête ?
En France et en Europe, le combat d’émancipation des femmes est bien loin d’avoir abouti. Les grandes conquêtes sont toujours fragiles et sans cesse menacées. Tout comme les grandes conquêtes du mouvement ouvrier.

La Fédération de la Libre Pensée de la Haute-Garonne vous convie à la Rencontre des libres penseurs qui aura lieu samedi 12 avril à 11h00, salle de la Commanderie, 4-6 rue du lieutenant-Colonel Pélissier à Toulouse (clic ici pour l'accès au plan).
Notre ami François Gleyses introduira la discussion sur le thème « Les valeurs de la Libre Pensée et le combat d’émancipation des femmes ».

05 avril 2008

Bioéthique : 22, v’là Vingt-Trois !

La Conférence des Evêques de France qui vient de se terminer a planché sur la bioéthique. Mgr Vingt-Trois (photo) a mis cette question au centre des travaux de la CEF et de son communiqué final.

Dans le contexte du débat qui s’est engagé autour de l’affaire Sébire, l’Eglise veut imposer son point de vue.

Mais de quel droit ? Comme en Espagne, comme en Italie, l'Eglise manoeuvre pour s'ingérer dans les affaires publiques. Pour faire bonne mesure et paraître désintéressée, elle prétend incarner la démocratie dans cette vallée de larmes. Démocratie participative, démocratie oecuménique : que toutes les religions se mêlent des affaires publiques !
Ci-après, des extraits d’un entretien (édifiant) avec Mgr Pierre d’Ornellas, président du groupe de travail sur la bioéthique, publié sur le site de la CEF.

" L’objectif de cette première étape était d’informer les évêques. Pour cela, nous avons d’abord auditionné six personnes des milieux juridique, politique et scientifique et nous avons rassemblé une vingtaine de catholiques qui travaillent dans le domaine bioéthique d’une manière ou d’une autre. Cela nous a aidés à constituer un dossier en vue de cette Assemblée plénière. Ce dossier comprend seize fiches renseignant sur des questions de bioéthique dans leurs aspects scientifique, juridique et éthique, et ce de façon aussi précise que possible. Nous avons également inclus une déclaration de l’Académie pontificale pour la vie sur la production et l’usage scientifique et technique des cellules souches embryonnaires humaines.
Pour introduire nos échanges, j’ai d’abord présenté aux évêques une nouveauté. Celle-ci est mise en œuvre par l’encyclique Evangelium Vitae (« L’Evangile de la vie »). Il s’agit en effet d’un document hors du commun que Jean-Paul II a écrit après avoir consulté les évêques du monde entier et dans lequel il a engagé son autorité de successeur de Pierre. De même que la doctrine sociale de l’Eglise est née à partir de 1891, c’est-à-dire avec l’industrialisation, le corps de doctrine sur la vie s’est développé à partir des années 1970, soit au moment où sont inventés les termes « bioéthique » et « acharnement thérapeutique ». Dans sa réflexion, le Pape s’est appuyé notamment sur l’encyclique Humanae Vitae (1968), sur l’exhortation apostolique Familiaris consortio (1981) et sur une instruction de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur le respect dû à l’embryon (1987). Il a aussi pris appui sur l’article 27 de la constitution pastorale du concile Vatican II Gaudium et Spes.
La deuxième partie de cette introduction a porté sur la manière d’aborder ces questions dans l’espace public. A ce propos, notre groupe de travail a souhaité attirer l’attention des évêques sur quatre points : premièrement, il nous faut établir un dialogue avec tous ceux que ces questions intéressent parce que, tout simplement, le principe de la dignité intangible de la vie humaine est accessible à la raison humaine.
Deuxièmement, le statut de la loi civile : celle-ci ne peut pas contredire des valeurs de la démocratie. Or, si des législateurs autorisent la suppression de la vie, cela veut dire qu’ils ne croient pas en l’homme et en ses ressources devant la souffrance. N’ayant pas confiance, en quelque sorte, en leurs électeurs, ils perdraient eux-mêmes leur confiance. Ainsi, le fondement de la démocratie – la confiance entre les citoyens et leurs représentants – serait mis en danger.
Le troisième point d’attention concerne précisément la souffrance : celle de la stérilité, du handicap, de la vieillesse, de la maladie, comme celle de ceux qui ont vécu les traitements de l’aide médicale à la procréation. Il y a aussi celle des personnes qui sont handicapées ou ont un enfant handicapé. Car ceux-là se sentent parfois jugés, insultés par le discours ambiant. La souffrance, c’est aussi la douleur, la peur, l’angoisse.
Le dernier point, c’est la recherche, la question étant de savoir comment aider les chercheurs à être libres et responsables, à vivre selon la dignité humaine. De fait, la recherche est aujourd’hui le lieu d’une immense tentation : celle de vouloir percer le mystère. Connaître le commencement, ce n’est pas maîtriser l’origine. La vulnérabilité et la limite sont constitutives de la dignité humaine.
Les évêques ont également travaillé en carrefours à partir du dossier. Nous savons d’ores et déjà qu’ils souhaitent que notre groupe de travail approfondisse certains sujets, comme l’articulation entre la loi civile et la loi morale. Ils nous demandent aussi d’être informés de ce que pensent les autres pays européens et les autres religions sur ces questions de bioéthique.
Un véritable débat vous parait-il possible, aujourd’hui en France, sur les questions de bioéthique ?
Cela me semble non seulement possible, mais souhaitable ! Et, bien sûr, ce sera un vrai débat si on laisse parler tout le monde. Pour prendre un exemple, pour le moment, les spécialistes des différentes disciplines n’échangent guère entre eux. C’est ce que nous avons voulu faire entre évêques : prendre le temps de réfléchir ensemble. Car le temps est un don qui permet d’être sérieux et la précipitation est une faute qui laisse infantile. Or les enjeux sont sérieux parce qu’ils engagent la solidarité entre tous et en particulier envers les plus souffrants, et qu’ils promettent de vrais progrès thérapeutiques.
"