26 novembre 2007

Le Tsar, le Patriarche et le Pontife

Un Tsar au Vatican
Le 13 mars dernier, Benoît XVI recevait Vladimir Poutine.
"Cette visite est significative des bonnes relations entre la Fédération russe et le Saint-Siège", soulignait alors sur Radio-Vatican Mgr Antonio Mennini, représentant pontifical à Moscou, espérant qu’elle "porte de bons fruits".
L'Eglise orthodoxe russe a souhaité quant à elle que la rencontre entre le président Poutine et Benoît XVI contribue "au renforcement des valeurs morales traditionnelles en Europe et dans le monde", ainsi qu' "au règlement des conflits internationaux et à la normalisation des rapports ecclésiastiques".
"Les rapports entre la Russie et le Vatican ne peuvent pas être séparés des rapports entre l'Eglise catholique romaine et l'Eglise orthodoxe russe, car il est impossible de séparer le Vatican de l'Eglise catholique romaine", a déclaré l'archiprêtre Vsevolod Chaplin, vice-président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Partiarcat de Moscou.
Pour Nicolas Lossky, prêtre de l'Eglise orthodoxe russe à Paris, "Vladimir Poutine en espère aussi une retombée sur son image et sur celle de son pays en Europe occidentale". "Il cherche à ce que la Russie soit très présente en Europe et il pousse l'Eglise orthodoxe dans cette direction".
Les rapports entre le Vatican et l'Eglise orthodoxe russe sont tendus depuis de longues années, le patriarcat de Moscou accusant les catholiques de prosélytisme en Russie, un reproche que ces derniers rejettent avec constance, comme tous les reproches qui peuvent du reste leur être faits.
Mais le Saint-Siège comme le patriarcat de Moscou mettent l'accent sur la solidité de leurs relations directes, qui se sont nettement améliorées depuis quelques années.
"La restitution en 2004 par Jean Paul II de la célèbre icône de Notre-Dame de Kazan a contribué à faire évoluer les choses dans le bon sens", rappelle Mgr Johann Bonny, membre du conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, l'organe du Vatican en charge des relations avec les orthodoxes.
Surtout, l’élection de Benoît XVI et son souci d’unité avec l’orthodoxie ont aplani bien des difficultés.

Le Mont Athos
Le 9 septembre, Vladimir Poutine effectuait une visite qualifiée d'historique au Mont Athos, dans le nord de la Grèce, car c'était la première d'un chef de l'Etat russe dans ce haut lieu de l'orthodoxie, toujours interdit aux femmes.
Le caractère de cette visite était annoncé comme strictement privé. Poutine est arrivé à bord d'un yacht, protégé par un important dispositif de sécurité. Selon l'agence de presse grecque Ana, la direction collégiale de la communauté a réservé au président russe "un accueil grandiose dans la tradition byzantine"
"La Russie a toujours été unie par des liens puissants au Mont Athos, toutes les sources intellectuelles sont liées avec le Mont Athos, toutes les couches sociales nourrissent un grand respect pour le Mont Athos", a déclaré Poutine, ajoutant qu’"en Russie, nous estimions et nous estimons les hommes qui ont choisi ici la vie monacale".

Dans quelques jours, les élections à la Douma...
Le 19 novembre, Poutine, candidat aux législatives du 2 décembre prochain, s’est à nouveau adressé à l'Eglise orthodoxe. Devant 120 dignitaires religieux réunis au Kremlin, il a déclaré : "La stabilité du pays et la poursuite des changements positifs que nous voyons dans notre vie dépendent directement des résultats des élections législatives. Je suis sûr que les chrétiens orthodoxes feront preuve d'un civisme actif".
Le taux de participation constitue un enjeu important alors que Russie unie, le parti de Poutine, présente ces élections comme un plébiscite en faveur de Vladimir Poutine et qu'un mouvement l'appelant à rester au pouvoir, sous une forme ou une autre, se forme dans le pays.
Vladimir Poutine ne peut théoriquement se présenter à la présidentielle en mars 2008 après deux mandats consécutifs, mais il a assuré qu'il "resterait influent". Il pourrait devenir premier ministre, chef de la majorité parlementaire, certains n'excluant pas qu'il se représente en profitant de failles dans la loi électorale...

Poutine a remis "la chasuble du Christ"
L'Eglise orthodoxe russe, dirigée par le patriarche Alexis II, a beaucoup fait pour asseoir l'autorité de Vladimir Poutine, rappelant la tradition russe selon laquelle le tsar tient son pouvoir de Dieu.
Poutine, ancien agent du KGB, a entrepris en échange, depuis son arrivée au Kremlin en 2000, de redonner à l'Eglise orthodoxe russe l'influence perdue sous le régime soviétique.
Il s'affiche souvent priant dans des lieux saints de Russie ou de simples églises.

Vladimir Poutine a profité de la cérémonie lundi pour remettre devant les caméras à Alexis II une partie de "la chasuble du Christ", "une des reliques les plus importantes pour les orthodoxes", en faisant un signe de croix.
Cette relique, conservée dans le musée du Kremlin, sera désormais exposée dans la cathédrale du Christ Sauveur. Poutine a ainsi expliqué ce geste :
"L'Eglise orthodoxe a joué un rôle important pour le développement de l'Etat, de la culture, de la morale. Nous apprécions hautement son aspiration à faire revivre les idéaux et les valeurs qui ont été des repères spirituels pendant des siècles".

Un "conseil civil pour la moralité"
Le patriarche Alexis II a pour sa part souligné qu'il était "important de guérir les blessures spirituelles à la suite de la politique d'athéisme" de l'époque soviétique, quand l'immense majorité des édifices religieux ont été fermés.
Il a proposé de créer un "conseil civil pour la moralité" pour surveiller les émissions de télévision et de radio qui sont souvent "vicieuses et moralement irresponsables".
Le patriarche a également demandé que soient établis des sursis pour les jeunes appelés qui font des études religieuses, rappelant que "plus de 300.000 prêtres" avaient été fusillés pendant les années de la répression et que l'Eglise souffrait toujours d'un problème de cadres.

Les liens de plus en plus étroits entre l'Eglise et le pouvoir ne sont pas du goût de tout le monde. Une centaine de défenseurs des droits de l'Homme et plusieurs scientifiques russes ont appelé cet été à mettre fin à "la cléricalisation de la société russe", dénonçant "une nouvelle idéologie nationale et religieuse empreinte d'une négation de la démocratie, de xénophobie et du culte du pouvoir".


Avec les dépêches AFP

L'église orthodoxe est devenue une véritable force politique, au service d'une nouvelle idéologie nationale.

Un reportage ARTE INFO du 25/11/2007 :
Voir le reportage

















11 novembre 2007

11 novembre 2007 : l'hommage rendu à Jaurès

Merci au nom de la Fédération de la LP d’être venus pour cette première manifestation pacifiste du 11 novembre à Toulouse, devant la demeure de Jean Jaurès, du temps où il était maire adjoint, enseignant et député socialiste. Nous prenons ainsi notre place dans cette tradition militante de la Libre Pensée qui fait que chaque 11 novembre, notamment devant les monuments aux morts comme celui de Gentioux, nous organisons des rassemblements pacifistes.
Le 11 novembre, Jean Jaurès : il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre et le lien, et le symbole .
D’un côté, la date qui marque la fin de la Première Grande Boucherie Mondiale, de l’autre le nom de celui qui illustre le combat pour la paix au nom de l’internationalisme socialiste jusqu’à son assassinat, à la veille du déclenchement du conflit, le 31 juillet 1914 au Café du Croissant à Paris.
Quelques mois auparavant, au printemps 1914, les élections législatives ont donné une majorité à la gauche, composée des différents courants socialistes français, divisés, mais confrontés à une droite en déroute. Le 27 février, il y avait eu une grande Manifestation contre la guerre à Paris, à l'appel de l'UD de la Seine de la CGT. On est en pleine affaire Caillaux . Joseph Caillaux, un radical, (qui sera de ceux qui voteront les pleins pouvoirs à Pétain en 1940) cède son fauteuil à René Viviani du Parti Républicain Socialiste, parti opposé à la SFIO, ce qu’on appelle « les socialistes indépendants », les Kouchner d’alors.
Le 28 juin, c’est l’attentat de Sarajevo. Les nuages s’accumulent, l’orage gronde.
Jean Jaurès reste encore confiant dans les capacités de la classe ouvrière. Au congrès extraordinaire de la SFIO, le 14 juillet, il brandit l’arme de la « grève générale simultanément et internationalement organisée ».
11 jours plus tard, le 25 juillet, le ton est plus pessimiste. Dans un discours, Jaurès parle du péril des « massacres à venir ».
Le 27 juillet, à l'appel de l'Union des syndicats de la Seine de la CGT, il y a une nouvelle manifestation contre la guerre. Jaurès croit encore pouvoir faire pression sur le gouvernement que le groupe socialiste SFIO soutient. Le 29 et le 30, il est à Bruxelles, où se réunit l’Internationale socialiste.
Le 30 juillet, il y a encore des manifestations ouvrières dans de nombreuses villes françaises, des affrontements avec les forces de l’ordre. Jaurès appelle les prolétaires allemands et français à renforcer la pression. Et dans le même temps, à son retour, il demande et obtient des responsables de la CGT un report au 9 août de la manifestation qui était prévue pour le 2.
Il tient à préserver encore le gouvernement... …qui n’en a cure : René Viviani le reçoit certes, mais lui cache une partie importante de ses informations. Jean Jaurès est abusé.
Le 31 juillet, il apprend que l’Allemagne a décrété « l’état de péril de guerre avancé » et que le gouvernement français s’apprête à son tour à sauter le pas.
Nous nous retrouvons au soir du 31 juillet.
Il prépare un article pour dénoncer les responsables de la situation dramatique qui s’annonce, et notamment les « ministres à tête légère ».
Quand surgit de derrière les rideaux la main armée de Raoul Villain.
Le lendemain de l'assassinat, l'ordre de mobilisation générale est proclamé : la Boucherie mondiale commence.
Le 4 août, lors des obsèques de Jean Jaurès, Léon Jouhaux annonce « le ralliement de la CGT à l'Union sacrée ».
Le groupe parlementaire socialiste vote à l'unanimité les crédits de guerre et l'état de siège restreignant les libertés. Leurs camarades allemands feront de même au Bundestag, à l’exception illustre de Karl Liebknecht qui votera contre.
Le 26 août, les socialistes Jules Guesde et Marcel Sembat entrent dans le gouvernement Viviani « d' Union sacrée ».

Pour paraphraser Lénine évoquant Marx, il arrive aujourd'hui à Jaurès ce qui est arrivé plus d'une fois dans l'histoire aux penseurs révolutionnaires et aux chefs des classes opprimées en lutte pour leur affranchissement. Lénine explique : "Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d'oppresseurs les récompensent par d'incessantes persécutions ; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d'en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d'entourer leur nom d'une certaine auréole afin de "consoler" les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l'avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire. On met au premier plan, on exalte ce qui est ou paraît être acceptable pour l’ordre établi. "
Et en effet, tout le monde aujourd’hui cite Jaurès à tout bout de champ, à tort et à travers, tout le monde aujourd’hui s’en réclame, y compris les va-t-en guerre de la « Liberté immuable ». C’est l’assassiner une deuxième fois.
Je voudrais donc profiter de cet hommage pour vous lire quelques extraits de deux textes de Jaurès, et ainsi contribuer tant que faire se peut à lui redonner la place qui est la sienne :
contre l’ordre établi du sabre et du goupillon, avec la classe ouvrière, avec les peuples, avec le socialisme internationaliste, avec nous.

L'Alliance des peuples
L'Humanité du 7 juillet 1905.
D'une guerre européenne peut jaillir la révolu­tion, et les classes dirigeantes feront bien d'y songer mais il en peut sortir aussi, pour une longue période, des crises de contre-révolution, de réaction furieuse, de nationalisme exaspéré, de dictature étouffante, de militarisme monstrueux, une longue chaîne de violences rétrogrades et de haines basses, de repré­sailles et de servitudes.
Et nous, nous ne voulons pas jouer à ce jeu de hasard barbare, nous ne vou­lons pas exposer, sur ce coup de dé sanglant, la certi­tude d'émancipation progressive des prolétaires, la certitude de juste autonomie que réserve à tous les peuples, à tous les fragments de peuples, au-dessus des partages et des démembrements, la pleine victoire de la démocratie socialiste européenne.
C'est pourquoi, nous socialistes français, sans qu'aucune personne humaine puisse nous accuser d'abaisser le droit, nous répudions à fond, aujour­d'hui et à jamais, et quelles que puissent être les conjectures de la fortune changeante, toute pensée de revanche militaire contre l'Allemagne, toute guerre de revanche. Car cette guerre irait contre la démo­cratie, elle irait contre le prolétariat, elle irait donc contre le droit des nations, qui ne sera pleinement garanti que par le prolétariat et la démocratie...
Le monde apaisé sera plus riche de diversités et de couleurs que le monde tumultueux et brutal. C'est la guerre qui est uniformité, monotonie, refoulement: "L'arc de paix" avec toutes ses nuances est plus varié que le violent contraste de la nuée sombre et de l'éclair dans le déchaînement de l'orage.
Quand Nietzsche fait appel pour diversifier le monde et pour relever l'homme à une aristocratie nouvelle, il oublie de se demander sur quelle base économique s'appuierait, dans le monde transformé, cette aristocratie de privilège et de proie. Mais enfin ce n est pas dans l'enceinte de nationalités exclusives et jalouses qu'il prévoit le large développement des individualités humaines. Il affirme sans cesse que l'homme nouveau doit être avant tout "un bon Européen", que l'Europe va vers l'unité, et qu'il faut qu'elle y aille.
Mais comment Nietzsche lui-même pourrait-il nier que c'est l'action du prolétariat socialiste qui est dès maintenant, et qui sera de plus en plus la force décisive d'unification de l'Europe et du monde ?
Pour cette grande œuvre de révolution sociale et morale, le prolétariat allemand et le prolétariat français peuvent beaucoup par leur union, par leur action commune. Notre devoir est haut et clair : toujours propager l'idée, toujours espérer, toujours lutter jusqu'à la définitive victoire de la démocratie socia­liste internationale, créatrice de justice et de paix. "

La paix et le socialisme
l’Humanité, 9 juillet 1905
Il nous reste encore une oeuvre immense d’éducation et d’organisation à accomplir. Mais, malgré tout, dès maintenant, il est permis d’espérer, il est permis d’agir. Ni optimisme aveugle ni pessimisme paralysant. Il y a un commencement d’organisation ouvrière et socialiste, il y a un commencement de conscience internationale.
Dès maintenant, si nous le voulons bien, nous pouvons réagir contre les fatalités de guerre que contient le régime capitaliste.
Marx, quand il parle des premières lois anglaises qui ont réglementé la durée du travail, dit que c’est le premier réflexe conscient de la classe ouvrière contre l’oppression du capital. La guerre est, comme l’exploitation directe du travail ouvrier, une des formes du capitalisme, et le prolétariat peut engager une lutte systématique et efficace contre la guerre, comme il a entrepris une lutte systématique et efficace contre l’exploitation de la force ouvrière.
Pas plus qu’il n’y a une loi d’airain du salaire qu’aucune action prolétarienne ne pourrait assouplir, pas plus qu’il n’y a un mètre d’airain de la journée ouvrière qu’aucune action prolétarienne ne pourrait réduire, il n’y a une loi d’airain de la guerre qu’aucune action prolétarienne ne pourrait fléchir.
Le monde présent est ambigu et mêlé. Il n’y a en lui aucune fatalité, aucune certitude. Ni le prolétariat n’est assez fort pour qu’il y ait certitude de paix, ni il n’est assez faible pour qu’il y ait fatalité de guerre. Dans cette indécision des choses et cet équilibre instable des forces, l’action humaine peut beaucoup. La formidable part d’inconnu n’est pas redoutable seulement pour nous, socialistes. Elle l’est aussi pour ceux qui déchaîneraient témérairement des guerres dont nul aujourd’hui ne peut prévoir les conséquences politiques et sociales et les contrecoups Donc, nous pouvons agir dès aujourd’hui, à quelque degré, sur la marche des événements, et comme nul ne peut déterminer d’avance le degré d’efficacité de notre action, nous devons donner tout notre effort comme si elle était en effet assurée du succès.

En 2007, 11 000 soldats français sont déployés en dehors des frontières et 13 d’entre eux ont été à ce jour tués en Afghanistan. 470 soldats américains ont été tués dans ce même pays, auxquels il faut ajouter les 3859 soldats morts en Irak.
Selon l’étude de la revue « The Lancet », on compte plus de 1 100 000 Irakiens morts depuis la première Guerre du golfe.
13 soldats français tués cela peut paraître dérisoire au milieu de ces dizaines de milliers de cercueils et de familles endeuillées. Mais outre qu’un mort, c’est toujours un mort de trop, toutes les déclarations martiales de Sarkozy et de Kouchner indiquent une amplification du déploiement des troupes dans un avenir proche. Après les menaces de Kouchner contre l’Iran, c’est le président de la République qui aux Etats-Unis explique au Congrès : "Je vous le dis solennellement aujourd'hui : la France restera engagée en Afghanistan aussi longtemps qu'il le faudra, car ce qui est en cause dans ce pays, c'est l'avenir de nos valeurs et celui de l'Alliance atlantique." "Pour moi, l'échec [en Afghanistan] n'est pas une option. Le terrorisme ne gagnera pas parce que les démocraties ne sont pas faibles, parce que nous n'avons pas peur de cette barbarie. L'Amérique peut compter sur la France."
Bush se réjouit : « J'ai un partenaire pour la paix, quelqu'un qui est disposé à prendre des positions dures, pour parvenir à la paix ».

Oui, comme Jaurès nous pensons qu’il est possible d’agir sur la marche des événements, aux côtés des Américains qui manifestent de plus en plus nombreux contre la guerre, aux côtés des peuples de tous les continents qui aspirent à vivre dans la paix et la liberté.
Voilà le sens profond de la campagne lancée lors de notre Congrès de 2006, je veux parler de la lettre ouverte au Premier ministre pour la réhabilitation des Fusillés de 14-18. Nous vous invitons à la contresigner, à la faire connaître tout autour de vous.
En mai 2008, sur le plateau de Craonne, pour célébrer l’anniversaire des premières fraternisations, la Libre Pensée envisage d'organiser une grande manifestation.

Nous voulons regrouper une force, dans l’union la plus large avec tous ceux qui voudront agir avec la Libre Pensée, pour exiger, encore et toujours :
Justice pour les Fusillés,
Réhabilitation des Fusillés pour l’exemple !
Guerre à la guerre !
Vive la Sociale !
Salut et Fraternité à la mémoire de Jean Jaurès !

MESSAGE DE L’ASSOCIATION DE SAINT-MARTIN D’ESTREAUX...

... aux militants pacifistes rassemblés le 11 novembre avec la Libre Pensée
L’Association laïque des Amis des monuments pacifistes de Saint-Martin d’Estreaux et du département de la Loire salue votre rassemblement qui se tient en une période aussi chargée de conflits existants et de menaces de conflits nouveaux. La planète est désormais le théâtre de guerres incessantes produites par la volonté de main-mise sur les sources d’énergie par l’impérialisme américain et attisées par les rivalités entre religions différentes, voire à l’intérieur d’une même tradition religieuse.

Plus que jamais s’impose la vigilance des pacifistes internationalistes qui agissent en quelque sorte comme des guetteurs avertissant l’opinion de ce qui compromet la paix. C’est pour cela qu’ont lieu les rassemblements comme le vôtre et tous ceux qui se tiennent au même moment.

Cette année 2007 marque le quatre vingt dixième anniversaire des mutineries du Chemin des Dames où les fusillés pour l’exemple ont été particulièrement nombreux. La Libre Pensée, vous le savez, a décidé de tout mettre en œuvre pour obtenir leur réhabilitation. C’est un combat qu’elle a initié depuis des années et qui a pris une nouvelle dimension avec la déclaration commune et la démarche conjointe de quatre organisations, la Ligue des droits de l’homme, l’ARAC, l’Union pacifiste et la Libre Pensée. Ensemble, elles ont décidé de s’adresser aux autorités de ce pays pour qu’il soit mis fin à un déni de justice toujours aussi scandaleux qu’à l’origine et même davantage car s’y ajoute le retard à rétablir le droit en réhabilitant la mémoire des victimes de la « rage du militarisme » selon les termes de la délibération d’un conseil municipal en 1922 .

La guerre de 14-18 est en quelque sorte la guerre inaugurale de la période historique dans laquelle nous sommes engagés et en quelque manière de plus en plus englués. Bien entendu les peuples, durant cette période, ne sont pas restés passifs, loin de là, et ils ont par leur mobilisation jeté les bases d’un autre monde possible, un monde de paix, un monde d’humanisme, un monde où la civilisation puisse s’épanouir en utilisant au profit du développement général les conquêtes technologiques.
Bon rassemblement,

Guerre à la guerre
Fraternité entre tous les peuples

Réhabilitation des fusillés pour l'exemple !

Lettre ouverte au premier ministre pour la réhabilitation des fusillés pour l'exemple de l'armée française durant la guerre de 14-18

Monsieur le Premier Ministre

Les libres penseurs réunis en congrès de la Fédération Nationale de la Libre Pensée à Lamoura les 24-25-26 août 2006 ont pris connaissance avec un vif intérêt du fait que le gouvernement britannique allait demander par voie législative la réhabilitation des 306 soldats fusillés pour désertion, mutinerie ou refus de combattre (Le Monde du 18 août 2006) pendant la guerre de 1914 -18.
Le ministre de la défense Des Browne a déclaré à cette occasion : « Bien que cela appartienne à l'Histoire, j'ai conscience de ce que ressentent aujourd'hui les familles de ces hommes ».
La Libre Pensée qui s'honore d'avoir lancé il y a plusieurs années une lettre ouverte interrogeant le président de la République sur ce qu'il comptait faire pour que justice soit rendue aux fusillés pour l'exemple, ne peut que souscrire aux propos du ministre britannique. Il est temps, il est grand temps que cette démarche de réhabilitation soit menée à bien.


De multiples travaux d'historiens français ou étrangers ont été effectués sur le sujet : les uns émanent d'universitaires renommés, d'autres de chercheurs indépendants, et même d'un officier de très haut grade. Tous ont, depuis des années, écrit des livres, organisé des colloques, alimenté des sites internet pour faire la lumière sur ces faits tragiques et d'une criante injustice.

Tous mettent en évidence le déni de justice dont furent victimes les fusillés.

La Fédération Nationale de la Libre Pensée, dont le positionnement pacifiste internationaliste est connu, a évidemment une conviction précise à propos de la guerre de 14-18 mais il n'est pas nécessaire que l'on partage cette conviction pour exiger avec elle la réhabilitation des fusillés pour l'exemple.
Afin de gagner sur cette juste cause, nous nous adressons à l'opinion publique démocratique pour qu'elle soutienne cette démarche.
Nous invitons toutes les associations et personnalités qui se reconnaissent dans cette volonté de justice à nous rejoindre dans cette action.
« La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera » écrivait Emile Zola dans sa célèbre lettre J'accuse à propos du terrible déni de justice subi par le capitaine Dreyfus, il y a plus d'un siècle. Ce qui était vrai pour Dreyfus l'est tout autant pour les fusillés de la première guerre mondiale.
En conséquence, le congrès de la FNLP vous demande solennellement, Monsieur le Premier ministre, de déposer un projet de loi décidant la réhabilitation de tous les fusillés pour l'exemple.


Grande-Bretagne : les 306 fusillés pour l'exemple réhabilités
un article du Monde paru le 18 août 2006 (Marc Roche)
Gertrude Harris, 93 ans, savoure sa victoire après l’annonce de la réhabilitation, à titre posthume, de son père. "Mon calvaire est terminé. Je suis heureuse que la réputation de courage de mon paternel ait été enfin rétablie", a déclaré la fille du soldat Harry Farr, fusillé, à l’âge de 25 ans, pour lâcheté sur le front de la Somme (France) en octobre 1916. Mort pour l’exemple, en état de choc après deux ans dans les tranchées, le soldat Farr faisait partie des 306 militaires exécutés pour désertion, mutinerie ou refus de combattre pendant la première guerre mondiale après être passés en cour martiale.
Le ministre de la défense, Des Browne, avait annoncé, le 16 juillet, un pardon global, par voie législative, au lieu d’examiner, après quatre-vingt-dix ans, les cas individuels. Au départ, le ministère de la défense avait ignoré les demandes répétées de réhabilitation introduites par Gertrude Harris qui entendait restaurer la mémoire de son père. Epaulée par sa fille Janet, la dame a bataillé âprement pour obtenir gain de cause malgré les rejets successifs de sa demande par des gouvernements de droite comme de gauche.

RECONNAISSANCE JURIDIQUE
Les pressions des organisations d’anciens combattants très puissantes outre-Manche et du lobby militaire, le mythe de l’héroïsme des tommies morts au champ d’honneur, l’importance des commémorations de la guerre 1914-1918, ainsi que l’hostilité de la presse conservatrice et de la famille royale étaient autant d’obstacles à la révision des procès.
En France, il aura fallu attendre novembre 1998 pour qu’un premier ministre socialiste, Lionel Jospin, réclame la réhabilitation des 49 mutins fusillés lors de la sanglante offensive du général Nivelle au printemps 1917.


L’Elysée avait jugé cette initiative "inopportune".

Au Royaume-Uni, les esprits ont évolué plus rapidement. Même le Daily Telegraph, quotidien proche des cercles militaires, applaudit cette reconnaissance juridique : "Il ne s’agissait pas de déserteurs agissant avec préméditation et de manière rationnelle, mais de combattants rendus fous par la souffrance. Cette décision reflète un changement bienvenu dans notre attitude vis-à-vis de la vie et de la mort sur le champ de bataille."
Cette décision ne fait toutefois pas l’unanimité comme l’atteste l’hostilité de l’historien militaire Correlli Barnett envers cette réintégration dans la mémoire nationale, "prise en fonction de considérations morales d’aujourd’hui qui ne tiennent pas compte des circonstances sociales et militaires de l’époque".

03 novembre 2007

Bruit de bottes : Kouchner s'en va-t-en guerre...

dimanche 11 novembre
à 10h00
20, rue des Puits Clos à Toulouse,

Hommage
à
Jean Jaurès !

On se souvient des mots du "French soldier", le transfuge nouveau ministre des Affaires étrangères, quand il annonça que «le monde devait se préparer au pire […], à la guerre» avec l’Iran, si les sanctions ne suffisaient pas à convaincre Téhéran de suspendre son programme nucléaire.
«Le ministre n’a fait que dire tout haut ce que tout le monde sait et ses propos ont le mérite d’éveiller les consciences et de lancer le débat pour éviter de se trouver face à une telle hypothèse», a-t-on alors expliqué au Quai d'Orsay devant le scandale qu'il avait soulevé.
«Je ne suis pas un va-t-en-guerre, et tout doit être fait pour éviter la guerre», s'est ensuite repris Kouchner, précisant qu'il fallait «travailler avec nos amis européens à des sanctions crédibles».
Comme le blocus de l'Irak qui fit tant de dégâts parmi la population civile ?

13ème soldat français tué en Afghanistan
Le 21 septembre dernier, la France a pu enregistrer le 13e soldat mort au combat en Afghanistan.
Mais rien n'arrêtera le mentor du French soldier, Nicolas Sarkozy, qui a affirmé sa détermination "à poursuivre la lutte contre le terrorisme".
On croirait entendre du Bush.
Environ 1.100 militaires français sont actuellement présents en Afghanistan, dans Kaboul et sa région.
Une centaine de militaires effectuent des missions d'instruction pour l'Armée nationale afghane (ANA). Le nombre de ces instructeurs, qui forment les forces régulières et les forces spéciales afghanes, doit être porté à environ 200 d'ici décembre.
Six avions de chasse Mirage, engagés dans les opérations aériennes et jusqu'à présent basés à Douchanbé, la capitale tadjike, doivent être redéployés à Kandahar, qui abrite la grande base de l'Otan du sud afghan.
La France a retiré début 2007 - sous Chirac - les unités des forces spéciales déployées en Afghanistan depuis 2003 dans le cadre de l'opération "Liberté immuable" (lancée par les Etats-Unis après le 11 septembre 2001 ).
Apparemment, sous Sarkozy, on change le fusil d'épaule et on va vers un déploiement majeur des forces militaires françaises.

D'autres soldats français bientôt dans le sud de l'Afghanistan...
Hervé Morin, ministre de la Défense, a annoncé lors du sommet de l'Otan à Noordwijk (Pays-Bas) que des troupes françaises allaient être envoyées en 2008 dans la province d'Oruzgan, dans le sud de l'Afghanistan, là où les combats contre les talibans sont parmi les plus durs, pour «former les soldats de l'armée afghane».
Il a ajouté que «le signal que donnerait un pays en réduisant ses forces serait un signe extrêmement négatif pour la totalité des pays engagés en Afghanistan».

En Afrique aussi...
Au Darfour : des militaires français feront partie des quelque 26.000 casques bleus et soldats de l'Union africaine qui vont être envoyés au Darfour "pour protéger les civils".
Interrogé sur RTL, Bernard Kouchner a déclaré droit dans ses rangers : "Il y a un phénomène très nouveau, très important, c'est que les Africains veulent s'occuper des affaires des Africains".

Au Tchad et en Centrafrique : le 25 septembre dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité la résolution 1778 qui autorise le déploiement d’une présence "multidimensionnelle" dans l’Est du Tchad et le Nord Est de la République Centrafricaine dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations Unies qui autorise l’usage de la force.
Le site du ministère de la Défense indique notamment :
"L’opération européenne EUFOR Tchad / RCA, à laquelle la France participera sera la 5ème opération menée par l’UE.
L’Action commune, adoptée par le Conseil de l’UE le 15 octobre 2007, a officiellement désigné le général irlandais Patrick Nash commandant de l’opération et le général français Jean-Philippe Ganascia commandant de la force.

L’OHQ, état-major de niveau stratégique, situé au Mont Valérien en France a été choisi et activé par l’UE. Le processus de planification européenne suit son cours, sous la conduite du général Nash."

En Côte d'Ivoire...
La force Licorne compte environ 2400 hommes. Elle peut être soutenue par un bâtiment de la marine nationale positionné dans le Golfe de Guinée avec à son bord une force d'appoint.
La principale mission de la force Licorne est "de soutenir l’ONUCI" : la force française constitue une force de réaction rapide "de troisième rang" susceptible d'agir au profit de la force onusienne, "celle-ci intervenant en soutien de l'action des forces armées ivoiriennes".
L'ONUCI dispose d'environ 8000 hommes dont 200 français.


Le capitalisme porte en lui la guerre
comme la nuée porte l'orage.
Jean JAURES

dimanche 11 novembre
à 10h00
20, rue des Puits Clos
à Toulouse,


Hommage
à
Jean Jaurès !